Chapitre 6

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Elle
Juin 2016...

Il était 11h passé de plusieurs minutes lorsque la sonnerie de mon téléphone retentit sur le lavabo de la salle de bain.
J'étais sous la douche. Je me dépêchai de sortir et manquai presque de glisser sur le sol complètement trempé. Je décrochai à la dernière sonnerie.
A l'autre bout du fils : Quentin, le « fameux bras droit » de Nina.
Il me semble que c'était l'homme que j'avais croisé au magasin lorsque j'avais déposé mon cv et ma lettre. Un type grand, brun assez carré aux allures de sportif d'une vingtaine d'années. 24 ans peut-être.
Je me souvenais parfaitement de lui.
Notre échange dura à peine une minute et je raccrochai presque aussitôt.

Thomas avait eu raison, j'avais retrouvé du travail plus vite que je ne l'aurai pensé. Nos relations ne s'étaient pas améliorées, au contraire, son regard paraissait toujours vide, aussi vide que le mien... après plusieurs années la flamme s'était dissipée. Visiblement j'étais la seule à refuser de me cacher derrière des mensonges.
Il avait toujours fait preuve d'une gentillesse et d'une bienveillance envers moi qui dépassait tout ce que l'on pouvait imaginer.
Mais nous ne partagions plus rien. Uniquement des relations intimes. Quelque part c'était probablement ce qui le rattachait encore à moi un instant.
Plus le temps passait et plus je me demandais comment je parviendrai à vivre de cette façon mes prochaines années, aux côtés d'un Homme que je n'aimais plus depuis des mois.
Thomas connaissait tout de moi, il m'avait connue jeune adolescente et faisait parti de la famille. Je n'avais presque jamais rien pu lui cacher, il me connaissait par cœur. J'étais un véritable livre ouvert à ses yeux.

L'été s'annonçait chaud et mon premier jour de boulot me le confirma.
J'arrivai à 9h40 et découvrit les employés devant le magasin.
Je m'avançai vers eux, le stress menaçant de me paralyser lorsque les regards se tournaient vers moi.
Nina se leva d'un banc et me fit la bise.
- Bonjour Lou, comment tu vas ?
- Ça va  merci.
Nina me présenta à trois autres personnes.
Puis un homme interrompit les présentations. Je me retournai vers la voix que je connaissais déjà.
- Salut Lou, moi c'est Quentin.
Il me regarda de la tête au pied et me fit un immense sourire, il plongea son regard dans le mien, ce qui me fit perdre pied l'instant d'une minute.
Mon cœur se stoppa, mon sang arrêta de circuler et j'eus la sensation que mes jambes allaient se dérober. Je fus prise d'une décharge électrique.
Il détourna rapidement son regard et se gratta les cheveux.
- Bonjour Quentin.
- Tu vas rentrer avec moi, dit-il. Je vais faire ton badge et te donner ta tenue.
Des bouffées de chaleurs me montèrent dans tout le corps lorsque je franchit la porte du magasin, j'avais de nouveau la sensation que nous étions dans un four.
- Ca va ? Pas trop stressée ? Demanda-t-il en me prêtant presque plus attention. C'était exactement ce qu'il fallait. La couleur rouge écarlate de mes joues avait du me trahir.

Il était entrain de fouiller des tiroirs, finit par s'asseoir au bureau devant un ordinateur et à tapoter quelques mots sur le clavier.
- J'imagine que tu fais du S? Je dois te donner une tenue. Dit-il en me scrutant de la tête au pieds.
- Oui c'est ça.
Il retourna chercher quelque chose dans une armoire et trouva un tee shirt bleu portant l'enseigne du magasin.
Il imprima une feuille et découpa un petit morceau de papier sur lequel figurait mon prénom ainsi que la fonction « vendeuse ».
- Tu peux aller te changer, enfile ton maillot et après nous verrons si la dimension de l'étiquette pour ton badge convient.
Quelques minutes plus tard, Quentin semblait ne pas parvenir à mettre convenablement l'étiquette et il décida d'abandonner en rigolant.
- Ok, essaies de la mettre, plie la un peu. Je veux juste que l'on voit bien ton prénom et la mention « vendeuse ».
Nos regards se croisèrent de nouveau et je fus gênée. Il se racla la gorge.
- Je vais ensuite te montrer le magasin, le fonctionnement pour que tu ne sois pas trop perdue.
Sa voix était calme, viril et j'avais véritablement du mal à me concentrer. Quentin dégageait une prestance incomparable à tous les autres hommes que j'avais déjà côtoyés.
Je respirai profondément.
« Reste calme, respire... RESPIRE! »

A l'encre de nos sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant