Chapitre 8

50 1 0
                                    

Elle

J'avais commis une seconde erreur hier soir dans le dos de Thomas.
Je n'avais pas pu résister à l'envie de répondre à Quentin.
J'avais beau avoir toute la volonté du monde à chasser cet Homme de mes pensées, a chaque fois... il revenait. Ce n'était pas une seconde, une minute ou deux... non. C'était constamment.
J'ignorais ce qui pouvait autant me plaire chez lui, non pas son statut de « responsable », mais sa prestance, ce qu'il pouvait dégager.

La veille, j'avais fouillé entièrement son Facebook et avait découvert, qu'il avait le goût des sorties en boîtes de nuit et des soirées entre amis...
Je m'étais même abonnée à sa page de dessins que je trouvais tous plus beaux les uns que les autres. Chacune de ses œuvres représentaient des modèles de femmes nues.
Cela faisait aussi plus de trois jours que j'évitais tout contact physique avec Thomas.
Je tentais du mieux que je pouvais de fuir chaque échange physique avec lui prétextant toujours un mal de ventre ou une fatigue écrasante.
J'espérais au fond qu'il parviendrait à se détacher de moi.

Lorsque je sortis du vestiaire à 11h30 pour aller manger, Quentin me rejoignit aussitôt.
- Tu vas manger où ?
Il me regarda et me fit un sourire que je qualifierais de parfait.
- Je vais me chercher un sandwich continua t-il. On pourrait manger ensemble si tu en as l'envie.
J'acceptai sa proposition avec plaisir.

Nous étions dans le rayon bio du magasin lorsque Quentin commença à se moquer de moi.
- Ok... T'es pas sérieuse là ?
- Pardon ?
- Tu ne peux pas manger un sandwich comme moi ? Tu es obligé de manger bio ?
- Oui et alors ? Au moins je ne mange pas n'importe quoi à l'inverse de toi !
Je tendis mon doigts vers ses bras remplis de gâteaux « Pim's » saveur cerise.
- J'ai plus rien dans mon frigo.
- Tu ne sais pas te faire des pâtes ? Tu finiras obèse à cette allure !
- Lou ? Tu m'as regardé ? J'ai vraiment le physique à devenir obèse ?
- Comment vont tes chevilles ? Tu n'as pas besoin de jouer de ton corps sportif. Ça fonctionne pas avec moi.
Il me fit un sourire moqueur et mon cœur se mit à accélérer.

Lorsque nous nous retrouvâmes dans la voiture, Quentin alluma la musique et se tourna vers moi.
- Tu as donc un copain ? Lâcha t-il ente deux gorgées de coca cola.
- Oui.
Un silence régna dans l'habitacle.
- J'ai quelqu'un mais ça ne va plus très bien depuis plusieurs mois.
- Il a pourtant l'air de t'aimer comme un dingue.
- C'est le cas, et je l'apprécie mais je le considère plus comme un ami désormais. Tu as fouillé mon Facebook ? lui demandai-je.
- Pourquoi ? Tu n'as pas fouillé le mien ?
- C'est si important ?
- Peut-être que oui.
- Je suis en CDD, on doit rester sérieux.
- Je n'ai rien insinué du tout.
- Quentin... j'ai vu la tête que tu viens de faire en me demandant si j'avais un petit ami.
- Je n'ai rien fait du tout.
Il augmenta le son de la musique et je n'osai plus répondre.
Sa dernière phrase avait été tranchante et je ne savais plus à cet instant comment me comporter.
- Prête pour le week end ? Demanda t-il après de longues secondes.
- Oui j'ai hâte d'être en repos demain soir.
- Tu comptes faire quoi ?
- Je ne sais pas... rien probablement comme la majeure partie de mes week end.
- Tu ne sors jamais ?
- Non mais je sais que toi si.
- Il y a une chose que j'apprécie chez toi.
- Laquelle ?
- L'idée de savoir que tu ne me connais pas. Que tu n'as probablement jamais entendu parler de moi et que tu sois arrivée un peu de nulle part.
Il me fit un sourire et mon cœur menaça de nouveau de lâcher.
- Ce serait cool que tu viennes un soir... reprit-il. Que tu sortes dans la boîte pour laquelle je travaille.
- Tu es barman ?
- Non non, je crée juste les événements, je me charge de faire la promotion des soirées à thèmes via les réseaux sociaux.
- J'ai du mal à t'imaginer être responsable le jour et fêtard la nuit.
- Je n'ai que 28 ans... dit-il en haussant les sourcils vers le haut.
- Je sais mais tu pourrais avoir des enfants... être marié... avoir une maison...
- Tout ça Lou, c'est vraiment tout sauf, ce que je recherche actuellement.
Je préférai ne plus répondre. Il reprit la parole.
- Je sais que la vie que tu me décris n'est pas celle que je souhaite à 28 ans. Je ne veux pas d'enfant, de maison ou de mariage. Pas pour le moment. Tu sais, je ne suis pas vraiment stable. J'adore sortir. Je suis un éternel fêtard. Bien évidemment qu'un jour j'espère avoir une famille mais ce n'est pas ma priorité. Je veux découvrir le monde... un peu comme toi.
Il me fit un clin d'œil et une bouffée de chaleur s'engouffra dans sa voiture.
- Et toi ? Tu l'imagines comment ta vie ?
- Pas ici, c'est une de mes certitudes. Avec des enfants peut-être et en ce qui concerne le mariage je ne sais pas.
- Tu dois avoir tes raisons ?
- Mes parents sont divorcés et malheureusement comme beaucoup je n'ai pas eu la chance d'avoir mes deux parents à mes côtés. Mon papa habite très loin. Il est parti quand j'avais huit ans et ma mère nous a élevées ma sœur et moi avec mon beau père. Je viens d'une famille recomposée avec beaucoup d'enfants. J'ai toujours été très solitaire donc je n'ai jamais bien vécu le fait de vivre en communauté.
- Vous étiez combien ?
- Avec les enfants de mon beau père, ma sœur et l'enfant qu'ils ont eu ensemble, ma mère et lui, nous étions sept. Nous n'avons jamais manqué de rien, bien au contraire, nous avons toujours eu tout ce dont nous avions besoin et ils ont fait de nombreux sacrifices pour nous.
Je suis partie assez tôt de chez moi pour pouvoir trouver une certaine tranquillité ...
- Et alors ? Tu l'as eue ?
- Non. En réalité... j'ai jamais été aussi malheureuse que depuis le temps où j'ai pris mon envol...
- Ça ne marche pas vraiment avec Thomas ?
- Non... ce n'est pas nouveau. Il refuse de me laisser partir donc c'est d'autant plus compliqué.
- Je vois... dit-il. Et tes parents ils en pensent quoi ?
- Justement, Le souci est là. Ma mère finance une partie de mes études... Thomas fait partie intégrante de la famille. Mes proches prendraient très mal la rupture...
- Je vois... tu restes par engagement financier au détriment de ton bonheur.
- Oui et non... j'ai peur de faire du mal autour de moi et de me retrouver définitivement seule. C'est lâche j'en suis consciente. Mais plus le temps passe et plus je me pose des questions. J'ai toujours travaillé, je cherche un job étudiant pour la rentrée en parallèle de mes études.
- Tu penses quitter Thomas ? Réponds-moi sérieusement.
Sa question me déstabilisa.
- J'ai fait la tentative une fois, il m'avait enfermée chez nous en jurant qu'il ferait des efforts... il pleurait et menaçait de...
- De quoi ?
- Rien...
- Faire des efforts sur quoi ?
- Thomas est un homme... et il a ...
- Il a quoi ?
- J'ai pas toujours la sensation d'être une femme, mais un objet. Voilà tout.
- Lou, ça veut dire quoi ça ?
- J'ai pas envie de te faire de dessins.
Les larmes me montèrent aux yeux.
- On a fait une thérapie, il m'avait promis qu il se ferait soigner. Malheureusement le naturel revient toujours et...
- Et donc ?
- Stop. Je n'ai pas envie de te parler de ma vie privée et intime. Il y a plus sympa comme sujet que mon couple.
- Actuellement ? Non. Et a vrai dire, ce n'était pas ton couple qui m'intéressait jusque là, c'était toi.

Il regardea l'heure sur sa montre après une hésitation et démarra le contact de sa voiture.
Je venais sans me rendre compte de me livrer à lui alors que je ne le connaissais que depuis quelques jours et il avait pris le temps de m'écouter.

Il y avait une alchimie entre nous. C'était indéniable.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : May 28, 2018 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

A l'encre de nos sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant