Elle...Plusieurs mois plus tôt....
Mars2016 :
Le vent soufflait sur la côte. Je marchais le long d'une plage déserte,une paire d'écouteurs dans les oreilles, des lunettes de soleil sur le nez.J'avais la sensation de respirer, à plusieurs centaines de kilomètres de chez moi.
Tout paraissait tellement plus simple ici, tellement plus doux.
A 20 ans, je ne savais toujours pas ce que je voulais réellement faire de ma vie. J'avais l'unique désir de devenir infirmière. Mon séjour ici en était la cause. Je m'apprêtais à passer le concours.
J'avais pris la décision quelques mois auparavant de m'inscrire dans plusieurs écoles pour y passer les tests d'entrée afin de mettre toutes les chances de mon côté.
Je ne savais pas encore qu'après des mois de préparation, j'étais à deux doigts de vouloir tout arrêter.
Je ne savais plus où j'en étais et ce que je faisais. J'étais constamment prise d'une mélancolie. J'avais tout, et pourtant, je n'avais rien. Rien de tout ce que je désirais vraiment.
La musique était entrain de m'emporter dans un autre monde. Le coucher du soleil rendait le paysage magique et l'horizon semblait ne jamais pouvoir prendre fin.
Quelqu'un me tapota l'épaule alors que je venais de m'asseoir sur le sable.
Je retirai mes écouteurs et tournai la tête.
-Lou ?
Thomas se tenait à côté de moi, il me prit la main en s'asseyant.
-Oui ? Demandai-je en tournant de nouveau mon regard vers la mer.
- Tu comptes bientôt rentrer ? Tes grands parents attendent pour manger.
-Bientôt oui.
Thomas tourna mon visage vers lui et plongea son regard dans le miens.
- Tu as encore pleuré ?
Je ne répondis pas et tentai de repousser sa main.
-Laisse moi.
-Lou... on doit parler ! Tu ne peux pas...Tu ne peux plus faire comme si je n'existais pas ! Que tu le veuilles ou non, on surmontera tout ça ensemble, main dans la main et qu'importe...qu'importe si tu mets des mois ou même des années à aller mieux,je serai là. Je serai toujours là.
Thomas tentait de me rattraper en continuant à hurler dans mon dos.
-Alors c'est ça ? Tu vas te présenter demain à un examen pour devenir infirmière alors que toi même tu ne vas pas bien !
Je me retournai aussitôt pour lui faire face.
- La jeune femme que j'ai connue il y a quelques années n'est pas celle qu'il me fait face aujourd'hui. Elle ne buvait pas, ne rentrait pas ivre morte en pleine nuit. La jeune femme que j'aimais, ne m'appelait pas en sortant du boulot car elle venait de se faire griller à 150 sur la nationale avec MA VOITURE ! Je ne pourrai pas sauver éternellement tes conneries. Je sais que ce travail te permet de payer tes études mais on ne peut pas continuer comme ça.Tu veux quoi ? Tu as déjà tout Lou ! TOUT !
Sa voix se brisa et des larmes coulaient désormais sur son visage.
-Dis-moi que tu es encore amoureuse de moi. Dis-le moi, droit dans les yeux.
-Je...
- Si tu es un peu attaché à moi, alors tu dois arrêter ce boulot. Tu dois arrêter de continuer à vouloir bosser en tant que serveuse dans un complexe qui est complètement entrain de te faire. Je sais que l'été t'a fait devenir une fille que tu n'étais pas jusque là.
Il avança vers moi et replaça les mèches blondes qui s'emmêlaient sur mon visage.
- Tu peux trouver mieux ailleurs... Lou... s'il te plaît. Si tu m'aimes un minimum, tu dois accepter. Pour toi, pour moi... pour nous.
Je regardais ma main gauche sur laquelle ma bague de fiançailles brillait sous les éclats du soleil.
Thomas m'avait fait sa demande un an auparavant durant nos vacances en Sicile.
Je pris une profonde respiration.
- Si je reste ? Ai-je demandé .
- Tu sais bien que nous deux... ce sera voué à l'échec. Je ne pourrai pas constamment recoller les morceaux. C'est tout aussi fatiguant pour toi que pour moi. La psychologue nous a dit de faire des concessions chacun de notre côté tu te souviens ?
Cela faisait désormais plusieurs mois que nous avions entamé une thérapie de couple sur les conseils de ma famille... A 20 ans, je trouvais ça lamentable et triste.
Il était désormais seul à tenter de sauver ce qui restait de notre histoire. J'avais rendu les armes depuis longtemps maintenant.
Nous étions entrain de nous déchirer après quatre années de relation. Nous avions grandi et nos chemins se séparaient à chaque seconde qui passait.
Je m'avançai vers lui et essuyai ses larmes.
- Ok. Dis-je.
- Mais encore ?
- Je vais arrêter ce boulot et je vais chercher ailleurs. Je te le promets.
- Tu devrais postuler dans le magasin de sport à côté de chez nous...visiblement ils recrutent pour la saison.
Je vis dans son regard, l'importance qu'allait avoir ma réponse.
- Si tu veux...
-Non, tu dois me le promettre.
Je soufflai et lui tendis un sourire.
- Je le ferai.
L'adolescente de 17 ans dont il était tombé fou amoureux changeait et prenait un tout autre chemin que ce que lui désirait.
J'avais soif de passion, de frisson, d'adrénaline. Je désirais ma liberté. Celle que je n'avais jamais eue.
A 20 ans, je me sentais prisonnière, incapable de pouvoir faire des choix car personne ne parvenait à les respecter... jusque là.
J'étais« une petite fille » que le monde tentait de couver de tout alors que j'avais le besoin de prendre mon envol.
Mes actes, mes paroles étaient constamment analysés et je n'avais jamais eu le droit au moindre petit écart.
Ils avaient tracé ma vie sur du papier à musique. La mélodie devait-être parfaite.
Les gens se marient, font des enfants et achètent une maison. Quel programme palpitant.
C'était exactement ce que je ne voulais pas. Cette routine, c'était tout sauf la fille que j'étais.
Je voulais faire le tour du monde, admirer un jour les chutes du Niagara au Canada, me baigner dans l'eau turquoise des Caraïbes, admirer le Christ Rédempteur à Rio de Janeiro, parcourir la muraille de Chine. Une volonté que j'aurais aimée réaliser avec une âme aussi instable que la mienne. Incapable de se projeter et ayant pour seul but :profiter.
Tout est éphémère et ma relation avec Thomas l'était.
J'avais beaucoup l'attachement pour lui, mais après du recul, ce n'avait jamais été de l'amour et cette vérité me torturait l'esprit.
Nous nous accrochions à des souvenirs, pour se rappeler qu'il y avait peut-être encore quelque chose à sauver. Nous savions pourtant l'un comme l'autre, qu'il n'y avait plus rien. Il fallait que j'admette que je n'avais plus l'ombre d'un sentiment amoureux pour celui qui aurait pu me donner sa vie.
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A l'encre de nos sentiments
Storie d'amoreInspiré d'une histoire vraie. Bonne lecture à tous !