Chapitre 2 : Dylan

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Dylan roula des yeux en regardant son petit frère et ses amis. Tous les trois le regardaient dans l'expectative d'un scoop, de la confirmation des rumeurs qui circulaient. Il n'était pas certain d'avoir envie d'amener de l'eau à leur moulin. Ils étaient déjà bien assez distraits comme ça pour ne pas leur confirmer que, oui, il y aurait bel et bien un nouveau qui allait arriver le lundi suivant.

- Oh, allez, Dylan ! Tu peux bien nous le dire, non ? insista Harmon en lui faisant des yeux de cocker. Promis, on ne le répétera à personne !

Dylan ne répondit pas, considérant ce qu'il avait sur son plateau. Il se fit une note mentale pour se souvenir de regarder d'un peu plus près à ce qu'on servait à la cafétéria. Il doutait fortement qu'un steak haché doive avoir cette couleur brunâtre de terre fraîchement battue. Et la purée n'était certainement pas censée être aussi liquide.

- Je suis ton frère, tu peux bien me le dire, à moi ! ajouta Darren avec son petit sourire insolent.

- Je ne sais pas lequel est le pire. T'avoir pour frère ou cette bouillie infâme, rétorqua simplement Dylan en repoussant son plateau.

Darren marmonna une insulte en donnant un vif coup de fourchette dans son steak. À côté de lui, Harmon se mit à rire et à lui tapoter l'épaule. Le plus sérieux du trio, Steven, demeura silencieux, se contentant d'observer leurs interactions sans exprimer la moindre réaction. La plupart du temps, il ne se préoccupait pas de ce qu'il se passait. Il écoutait, répondait très rarement. Il voguait toujours autour d'eux parce qu'ils étaient amis depuis l'enfance mais il ne s'impliquait pas réellement. Du moins, pas en apparence. Dylan savait parfaitement que Steven était encore plus vigilant que lui lorsqu'il s'agissait de Darren et Harmon.

Dylan soupira et se leva pour aller jeter son plateau. Il gagna sa salle de classe après être passé par son casier. Dans les couloirs, il ignora les regards que ses camarades lui jetaient. Il y était habitué. Depuis qu'il avait pris la position de président des élèves, quelque chose avait changé dans son statut social. Il savait que ça avait beaucoup avoir avec les punitions qu'il gérait, avec ce système qu'il avait instauré depuis qu'il était en position.

Parfois, il se demandait pourquoi il faisait tout ça. Pourquoi se donnait-il autant de mal pour des ingrats, des paresseux qui ne savaient pas ce qu'ils comptaient faire de leur vie, qui ne pensaient qu'à faire la fête et s'amuser ? Sûrement parce que son petit frère faisait partie d'eux. Son idiot et irresponsable petit frère qui avait le don de lui donner des cheveux blancs.

Il tira sa chaise et se laissa tomber dessus. Il sortit son portable pour tenter de cesser de penser à ce poids constant sur ses épaules. Encore trois heures de cours et il serait libre de rentrer chez lui. Il doutait que Darren ne rentre avec lui. Il l'avait vaguement entendu parler de l'arcade avec Harmon. Il allait encore devoir le forcer à faire ses devoirs cette nuit...

Le seul sujet qui résonna dans les couloirs du lycée était le nouveau. Dylan savait déjà tout ce qu'il y avait à savoir sur le texan. Il avait discuté de son cas avec le principal lorsque celui-ci lui avait demandé de s'en occuper durant le premier jour. En plus de toutes ses responsabilités d'origine, il allait devoir s'occuper d'un petit cancre qui finirait très vite par lui tomber entre les mains et qui regretterait fermement le Texas lorsque ça arriverait. Mais, comme tous, il finirait par rentrer dans le rang. Dylan avait vite compris qu'il fallait peu de choses pour que la nature de mouton des adolescents se mette en route et que le lycée tourne comme une machine bien huilée avec des résultats record.

La classe commença à se remplir et il continua de jouer sur son téléphone. Candy Crush était étrangement addictif. Il regrettait le jour où il s'était lancé dans le jeu après en avoir entendu parler dans les couloirs. La jeune Mademoiselle Minder ne releva même pas la présence du portable dans les mains de Dylan. Elle avait vite compris que même s'il n'était pas attentif, il ne raterait aucune question. Il avait cet incroyable pouvoir d'être multitâche. Sans compter sa capacité à enregistrer presque tout ce qu'il entendait. Souvent, écouter le cours distraitement lui suffisait pour en retenir deux bons tiers. De vagues révisions terminaient le travail.

La Couleur de nos MensongesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant