Chapitre 36 : Dylan

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Dylan ne partageait pas l'optimisme de Raven. Pas du tout. Pour lui, trop de choses survenaient en même temps pour que tout puisse bien se goupiller. Il espérait que le texan avait raison. Que tout se passerait bien et qu'il pourrait passer du bon temps avec ses amis.

Il se sentait un peu coupable envers Raven parce qu'il n'avait pu s'empêcher d'écouter sa conversation avec Sean. Ça ne lui ressemblait pas d'écouter aux portes mais il avait été intrigué par le peu qu'il avait perçu en arrivant.

Les mots de Raven résonnaient dans sa tête. Il n'avait pas parlé à Sean comme il parlait d'ordinaire. Son attitude avait été différente. Le contenu de ses mots était le même que ce qu'il avait pu dire à Dylan mais sa façon de le dire était différente. Il tournait ça de façon plus relâchée, moins sérieuse avec un humour qui faisait passer la pilule.

Il ne devait même pas se rendre compte qu'il avait l'art et la manière de parler aux gens. D'instinct, il savait quelle attitude adopter. Il avait su que Darren avait besoin qu'on le prenne dans ses bras, il était resté silencieux à côté de lui sans rien dire quand Dylan avait pleuré, il enrobait son message d'humour quand son meilleur ami s'angoissait... Raven savait réconforter et rassurer les gens. Il y avait quelque chose chez lui, sûrement son expérience personnelle, son passé, qui lui permettait de sentir ce dont les gens avaient besoin d'entendre et la façon dont ils avaient besoin de l'entendre.

Dylan était impressionné par la simplicité avec laquelle Raven avait exposé la situation à Sean. Ça ne devait pas être facile pour lui en ayant des parents religieux qui refusaient l'homosexualité. Il devait se croire en plein cauchemar et, pourtant, Dylan ne doutait pas que, lorsque Raven avait raccroché, Sean se sentait mieux et moins inquiet.

Raven repartit chez lui en fin d'après-midi et, soudain, la maison lui parut vide. Il se réfugia dans sa chambre et regarda les étoiles au plafond. Un temps viendrait où il faudrait qu'il les enlève. Il n'aurait pas le choix. Il détestait cette idée mais que pouvait-il faire d'autre ? Elles commençaient à mourir et il ne pourrait pas continuer à le savoir au-dessus de son lit une fois qu'elles ne brilleraient plus.

La routine du lycée reprit dès le lendemain. Jillian l'approcha dès leur premier cours pour lui rappeler qu'il fallait qu'il s'intéresse au Talents Show que le conseil avait accepté de la laisser organiser. Il n'avait aucune envie d'avoir affaire avec elle. Il aurait préféré l'éviter et la laisser se débrouiller toute seule avec son fichu show. Il détestait ce genre de spectacle. Si celui de Noël était déjà un supplice, le show qu'elle s'entêtait à organiser tous les ans était encore pire. Le seul événement à peu près supportable était celui de la fin d'année qui ne consistait qu'en quelques stands dont personne n'avait rien à faire.

- Il faut qu'on pousse les gens à s'inscrire sinon on va avoir les mêmes participants que l'année dernière et personne d'autre.

- Tu peux très bien faire ça toute seule, Jillian. Je veux bien t'aider pour la mise en place de la salle polyvalente mais tu es censée t'occuper du reste.

- Il ne reste plus qu'une semaine et demie et personne ne veut s'inscrire. Si tu...

- Tu as voulu organiser cet événement alors prends tes responsabilités. Je ne peux pas toujours couvrir pour toi.

Il voulut la dépasser pour aller dans sa classe mais elle l'en empêcha.

- Tu es le président des élèves, Dylan. Tu ne peux pas juste tout me déléguer. Je doute que tu veuilles réellement que le Talents Show soit un échec et que tout le monde pense que tu as bâclé le travail.

- Tu es la seule personne qui veuille qu'il ait lieu. Si tu comptes me mettre son organisation dans les mains, ce serait mal avisé de ta part puisque je ne rêve que de l'annuler. Alors soit tu fais ce que tu as à faire, soit j'annule tout.

La Couleur de nos MensongesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant