Chapitre 10 : Dylan

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Le week-end arriva enfin. Pendant deux jours, pas de cours, rien du tout. À part les devoirs, il aurait juste à gérer son frère. Il alla récupérer ses livres dans son casier, les fourra dans son sac qu'il jeta sur son épaule. Il avait plus que hâte de rentrer chez lui.

Darren passa à côté de lui, discutant avec ses amis. Il n'allait pas rentrer tôt, Dylan était prêt à le parier. Il ne dit rien, le laissant partir sans rien dire. Il se contenta de sortir du lycée à son tour. Il rentra chez lui, trouva une maison vide. Il profita du silence pour tenter de mettre de l'ordre dans son crâne.

Ses inquiétudes ne le quittaient pas. Depuis qu'il avait été chez Raven, depuis qu'il avait lu ce post-it, une image terrible s'était dessinée et il ne parvenait pas à la chasser. Il ne savait pas quoi faire, ne savait même pas s'il avait raison. Il avait l'esprit d'analyse et une logique à toute épreuve. Il détestait ça, détestait ce que son cerveau lui disait, sa façon d'assembler les pièces du puzzle.

Raven clamait s'être battu avec quelqu'un. C'était possible. Avec Raven Herron, tout était possible. Mais Dylan doutait de la sincérité de ses dires. Il avait lu le post-it de sa mère, l'avait vu jeter le sachet à la poubelle sans y toucher. Il y avait une cassure dans la relation qu'il entretenait avec ses parents. Ce qui signifiait pas que son père...

Dylan secoua la tête. Il ne devait plus penser à ça. Depuis le jeudi, il ne s'était rien passé. Raven était même arrivé à l'heure en cours. Il ne faisait que dormir ou flirter mais, au moins, il était là. Il allait finir par devoir intervenir mais, pour le moment, tout se passait bien et c'était le principal.

Il se força à faire un brin de ménage amplement nécessaire, lança la lessive, prépara le dîner. Il le mangea seul. Darren ne rentra que tard le soir, sobre, par chance, la chemise tâchée par ce qui ressemblait à de la sauce.

- Va te coucher, se contenta-t-il de dire.

Darren lui jeta un regard orageux avant de monter dans sa chambre. Il claqua la porte et la musique ne tarda pas à pulser contre les fins murs. Depuis quand son frère se montrait-il si froid et distant avec lui ? Ils ne parlaient plus, ne riaient plus ensemble. Son frère semblait lui en vouloir pour quelque chose.

Avec un soupir, Dylan monta dans sa chambre et s'allongea sur son lit. Il fixa le plafond, les étoiles scintillantes dans le noir qui formaient plusieurs constellations, celles qu'il avait toujours préférées soit par leur nom, soit par leur signification. Il se souvenait du jour où son père et lui avaient passé deux heures à les coller au plafond, tentant de recréer le ciel nocturne au mieux de leurs capacités. Il avait à peine sept ans et il ne comprenait rien à l'astronomie. Tout ce qui comptait tenait dans ces longues heures passées avec son père, allongés dans l'herbe, observant les étoiles durant l'été.

Il n'avait jamais enlevé ces étoiles fluorescentes. Il ne comptait pas les enlever. C'était l'une des seules choses qui lui restaient de son père. Il n'y avait plus de photos, plus de lettres, plus de vidéos. Il n'y avait plus que cette poignée d'étoiles usées par le temps qui avaient cessé de représenter quoi que ce fut si ce n'était des souvenirs qui refusaient de s'effacer.

Il se redressa lorsque la musique de son frère cessa de pulser et que le silence se fit. Silence qui persista durant tout le week-end. Darren et lui n'échangèrent pas plus d'une dizaine de mots sur les deux jours. Leur mère ne fut pas très présente, s'excusant mille fois lorsqu'elle rentra le samedi soir, l'air encore plus fatiguée que la veille.

Cela faisait déjà quelques temps que Dylan songeait à prendre un job étudiant. Sa mère se tuait à la tâche pour s'assurer qu'ils ne manquaient de rien. C'était dur de la voir rentrer si tard et partir si tôt, les rides chaque fois plus marquées.

La Couleur de nos MensongesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant