War Of Natifs

Chapitre 12 ~Regard~

Assise sur le lavabo, les mots que j'avais utilisés me reviennent peu à peu en mémoire. Je n'aurai pas dû dire toutes ses abominations, ils n'y sont pour rien après tout. Si j'ai pris la décision de mentir, c'était en partie pour protéger Julian, il m'avait sauvé la vie et le dénoncer après un tel acte me semblait immoral. Blâmer les garçons pour une faute que j'ai commise est cruel de ma part surtout qu'ils ont fait de leur mieux pour m'aider. Mais si il arrivait malheur à Lison, je ne m'en remettrai jamais, elle est tout pour moi. J'ai été égoïste, j'étais consciente que mon acte aurait des répercussions néfastes sur ma vie ainsi que sur celle de Lison... pourrait-elle me le pardonner ?

« Cesse de te tourmenter, si tes paroles affectent autant Julian, c'est que ton avis compte énormément pour lui, il y attache une attention particulière. » Dit finalement une voix rauque interrompant le cours de mes pensées.

Absorbée par ses dernières, je n'avais pas remarqué Florian adossé contre le mur de la salle de bain. Un frisson de terreur me parcours de la tête aux pieds. J'ignore pourquoi, mais il émane quelque chose de démoniaque qui me fait froid dans le dos.

« On appelle ça l'aura, les vampires l'utilisent pour effrayer leurs proies afin qu'elles ne crient pas. Certains vampires aiment l'utiliser pour traquer leurs victimes, ils se nourrissent de la peur qu'ils provoquent chez elles. » Ajoute Florian un sourire en coin.

« Ce qui veut dire que c'est un acte délibéré de ta part, essayer de me faire peur. » Je souffle en observant ses yeux sombres.

« Essayer ? J'y arrive plutôt bien, tu ne penses pas ? » Il me dit en faisant un pas menaçant vers moi.

Nerveuse, je serre mes cuisses l'une contre l'autre tandis que Florian promène son regard sur mon corps meurtris. Entre mes hématomes sur les jambes et ma cheville, je dois être effrayante. Mais cela ne semble pas le gêner. Son tee-shirt noir plutôt moulant dissimule sans aucun doute des abdominaux biens développés. Je secoue ma tête en essayant de contrôler mes pensées.

« Au fait, je peux lire dans tes pensées, en revanche je ne peux pas intervenir contrairement à Julian. Lui peut communiquer aisément pas télépathie, moi je suis témoin, témoin de tes fantasmes sur mon torse par exemple. » Dit Florian, un sourire narquois illumine son visage habituellement sans émotion.

Je soupire lasse. « C'est dommage, j'ai l'impression que vous possédez tous le même don, ça devient ennuyant. »

« Hum, à la différence que moi, mes morsures ne peuvent pas te sauver. » S'exclame le vampire en riant, dévoilant ses canines aiguisées.

Je rigole nerveusement, tandis que mes jambes balancent dans le vide. Il finit par me rejoindre, et m'enlace délicatement avant de me soulever. Nous quittons la salle de bain en direction de la chambre où j'ai passé la nuit au côté de Lison. Mon bras autour du cou de Florian, est en contact avec sa peau, ce dernier est aussi froid que du marbre.

« Pas étonnant pour un mort-vivant tu ne trouves pas. » Commente le vampire à voix haute.

Je fuis son regard, l'image qu'il essaye de renvoyer de lui est négative pourtant j'ai l'impression que c'est quelqu'un d'attentionné et de protecteur. Et non pas un vampire malsain, violent et dépourvu d'humanité. « Autrefois, j'étais sûrement quelqu'un de bien. Les apparences sont trompeuses aujourd'hui, les vampires ont toutes les qualités pour séduire les frêles humaines tels que toi. Alors méfis toi. » Il me dit tout en entrant dans la chambre.

Il me dépose sur le lit, tout en me désignant en silence un petit tas de vêtements pliés sur la table de chevet. Florian m'adresse un dernier sourire puis quitte la chambre en silence. J'enfile un pull gris qui n'est pas à ma taille, mais au moins il cache ma nudité. Tandis que je mets un bas de jogging blanc, qui cette fois-ci est à ma taille. C'est alors que je remarque que les draps du lit ont disparus tout comme les oreillers, cela ne fait qu'une nuit que nous sommes ici, ils étaient encore propres. Enfin bon, peut-être que l'un des garçons est accroc à la propreté, qu'il ne peut pas s'empêcher de laver les draps tous les jours. Un sérieux maniaque mais pas vraiment économe.

« Cesse de penser des conneries, on s'en va. On récupère nos affaires, on ne reviendra pas avant un moment. » Intervient une voix rauque depuis la porte qui était dès à présent grande ouverte.

« Qui ça « on » » ? Je demande perplexe.

Florian sourit avant de faire un pas vers moi, cette fois-ci je n'ai pas peur. Enfin il ne me fait pas peur, aucunes ondes effrayantes n'émanent de son être. Mais sa phrase m'effraie, j'espère qu'il ne m'inclus pas dans leur voyage, encore moins avec Lison.

« "On" signifie, Julian, Nathan, Anthony, toi et Lison ainsi que moi-même évidemment le meilleur pour la fin. » Me dit Florian d'un ton neutre.

Je me mets à rire nerveusement : « Bien sûr, et mes parents vous en faites quoi ? Et Lison doit aller à l'école, et d'ailleurs je dois aussi aller au lycée ! »

« Tes parents sont morts, ou ils vont mourir d'ici très peu de temps. » Dit le vampire d'un ton horriblement calme.

Incrédule, je le fixe afin de déceler dans son regard, une quelconque trace d'ironie. Afin qu'il se moque de moi, et d'oublier ce qu'il vient de dire. Mais malheureusement, je ne vois rien du tout, si ce n'est un sérieux incroyable. Il s'approche de moi, sa main se dirige vers ma joue. Mais je recule violemment hors de sa portée, il voulait sans doute essuyer une larme qui venait de s'écouler le long de ma joue, avant de venir s'échouer sur le pull.

« Dis-moi la vérité ! »Je m'exclame sans savoir si je dois rire ou pleurer face à cette situation.

Lorsque soudain Julian fait irruption dans la chambre, il observe Florian avec colère tandis que ce dernier ne s'éternise pas, il quitte immédiatement la pièce sous le regard du loup, remplit d'amertume.  Je ne comprends pas ce qui se passe, d'abord Ashley qui disparaît puis un vampire m'annonce la mort de mes parents. Mais je suis dans un véritable cauchemar !

«Approches-toi. » Dit finalement le garçon, en prenant place au bord du lit.

Hésitante, je glisse lentement sur le matelas tout en gardant une distance considérable entre nous. Lorsque nos regards finissent par se croiser, je comprends alors que tout ce qu'a dit Florian était la vérité. En colère et bouleversée, je ne parviens plus à maîtriser mes larmes tandis que Julian essaye de me calmer en caressant mon dos. Dégoutée par ce contact, je me dégage vivement. Je craignais que mes fautes mettent en péril la vie de Lison mais finalement, c'est la vie de mes parents que j'ai mis en danger. Et par ma faute, ils sont morts. Comment vais-je pouvoir l'annoncer à Lison, elle n'est pas prête à perdre ses parents. D'ailleurs en y réfléchissant, je ne suis pas prête à assumer mes actes, et encore moins gérer une fillette. J'ai détruit la vie de ma petite sœur, je suis un véritable monstre.

« Tu as toutes les raisons du monde pour me blâmer Aurore, mais tu n'as rien à te reprocher. Si on en est là, c'est que je suis tout bonnement incapable de me tenir éloigné de toi. Tu es une femme vraiment admirable avec beaucoup de courage. Mais mon égoïsme ta fait perdre tes parents ainsi que la sécurité paisible dans laquelle tu vivais jusqu'à maintenant. L'organisation dont je t'ai parlé, va utiliser tout ce qui compte pour toi, contre toi. Et cela va te rendre vulnérable. Depuis que j'ai perdu mon frère, plus rien de compte pour moi. Voilà pourquoi je suis si difficile à attraper, mais depuis peu tout cela a changé. En m'attachant à toi Aurore, tu es devenu mon point faible. Pour eux, je suis désormais plus facile à repérer. Car ils sont persuadés que tu vas finir par m'abandonner afin de protéger ta sœur. Ce qui serait totalement compressible... »

« Julian, on part quand ? » J'interromps son monologue, Lison est la dernière membre de ma famille en vie, et je compte bien venger la mort de mes parents. Mais chaque chose en son temps, je dois d'abord veiller sur elle, et être présente. Plus jamais elle ne sera seule, je t'en fais la promesse Lison.