Chapitre 9

33 4 14
                                    

Cela faisait que deux jours que les recrues restaient en simulation. Heureusement pour Lia, Tarik réussissait à apporter certaines baies ou plantes comestibles pour se nourrir. Ikan, lui, s'était fabriqué une lance avec une pierre tranchante, et il avait même pu chasser un chevreuil l'autre jours. De son côté, Lia se débrouillait bien à la pêche depuis que Tarik lui avait montré. Elle amenait beaucoup de poissons.

Durant la nuit, Lia remercia intérieurement Tarik pour leur avoir construit un petit abris, certes pas d'une grande solidité, mais qui peut résister contre les pluies, les vents ou les températures froides.

D'ailleurs, Lia dormais toujours près d'Ikan, dos à dos. Bien que les feuilles de l'abris remplaçait le matelas, elle ne se réveillait pas avec énormément de crampes ou courbatures.

Durant la nuit, Lia voyait que Tarik ne se rejoignait pas à eux pour dormir. Lors du crépuscule, Lia distinguait la silhouette de son coéquipier assis sur une branche d'arbre, le dos appuyé sur le tronc. Il semblait regarder le ciel. Les étoiles brillaient davantage ; rien à voir avec celles limpide cachées par la pollution. Lorsque Lia posait ses yeux vers elles, elle devait toujours plisser les yeux. Les étoiles submergeait la Turque de lumière.

Lia se demandait ce qui retenait Tarik de dormir. Était-il insomniaque comme elle? Pourtant, il n'avait aucune cerne, et il gardait une attitude assez énergique. Cela arrivait très souvent auprès du Tuareg de faire de courtes siestes durant ses poses, mais elle n'avait pas l'impression qu'il les faisaient pour récupérer une grande fatigue.

Un jour, la jeune fille lui avait demandé la raison pour laquelle il se reposait ainsi.

—Ça me garde en bonne forme, avait-il répondu aussi simplement.

Ce qui rendait également confuse Lia était que Tarik ne finissait jamais par dormir dans l'abris avec Ikan et elle.

Lia avait le sommeil fragile, donc le moindre bruit ou mouvement pouvait la réveiller. Par exemple, elle sentait son dos contre celui d'Ikan, ce qui ne la dérangeait pas autant que ça.

Néanmoins, elle ne sentit à aucun moment le corps de Tarik à proximité d'Ikan ou d'elle pour dormir, et elle ne l'entendit pas s'en venir vers eux non plus.

Lorsque la jeune fille le regardait, lui, assis sur la branche d'arbre, elle réalisa à quel point Tarik avait l'air si confortable dans cet environnement.

Sur le coup, Lia pensa qu'il voyait la nature comme un foyer au lieu d'un endroit appréhendant ou dangereux. Alors que la quadruplée gesticulait pour trouver une position confortable pour dormir, il ne bougeait pas d'un nanomètre pour réarranger sa posture sur la branche, comme une personne sur son douillet fauteuil.

Elle aurait voulu lui demander ce qu'il faisait sur la branche, mais elle avait l'impression de gâcher son moment à lui.

Lia ferma alors les yeux, espérant de trouver le sommeil rapidement.

*           *           *

—Lia, réveille-toi!

Celle concernée se leva. Elle semblait un peu déboussolée par la façon brusque qu'on l'avait réveillée. Lia réalisa que Tarik était celui qui la secouait et qui lui demandait d'urgence de se lever.

De son côté, Ikan était déjà debout.

Lia, un peu confuse par son état, ne comprenait pas la raison pour laquelle Tarik semblait alerte.

—Ça sent le brûlé, lui dit-il. Il y a un feu de forêt qui se propage!

—Je ne sens rien du tout, lui avoua la jeune fille. Tu es sûr de ce que tu penses?

L'Autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant