Chapitre 19

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Beryl regarda autour d'elle. À vrai dire, elle cherchait spécialement une tête brune. Une longue chevelure noire, une adorable frange au front et un regard gris aux charmantes cernes.

Depuis leur épisode dans la plage, Beryl demeurait intriguée par Liyanara Kobril. La Turque ne lui avait rien demandé en échange et resta amicale avec la blonde malgré leur maladresse respective.

La nature avait fait de Beryl une élégante beauté aux traits raffinés et délicats. Pourtant, la princesse du Nord avait développé une personnalité froide et impitoyable.

Elle avait l'habitude de s'approcher de personne. Ne pouvant pas faire confiance à n'importe qui dans la Cour impériale, la blonde avait appris à se méfier de n'importe qui. Le seul sur qui elle pouvait compter restait Se Hyeon.

Se faire des amis lui était inutile. Ne trouvant pas l'intérêt de développer de la camaraderie dans un milieu aussi sournois et hypocrite que l'aristocratie, elle préférait être une solitaire. De toute façon, avec son demi-frère à ses côtés, elle n'avait besoin de personne.

Pourtant, Lia la fascinait. Elle ne s'attendait pas à autant de bonnes intentions de la part d'une fille de classe roturière. Mais on avait toujours dit à Beryl que les pauvres étaient heureux et gentils malgré leur statut aussi inférieur.

Mais Lia ne représentait pas l'archétype de la paysanne ou ouvrière. Elle possédait une froideur presque arrogante. Beryl avait vu la façon dont Lia se comportait avec dédain et orgueil avec certains des garçons de son village. La Turque ressemblait plus à Beryl qu'à ses frères et sœurs.

Peut-être que Lia pouvait être celle qui la comprenait le mieux? Après tout, deux êtres aussi intelligents qu'antisociales ne pouvaient pas s'ignorer ainsi.

* * *

Dès que Jun avait fini de raconter son récit, Lia, complètement troublée, l'avait salué avant de s'éloigner rapidement. Jun l'avait laissé partir, respectant l'envie de la recrue de s'isoler étant données les circonstances.

Sa respiration devenait de plus en plus saccadée. Elle avait marché tellement vite qu'elle s'était trouvée dans des couloirs.

Appuyant sa main sur le mur, la jeune fille essaya de calmer sa respiration. Elle essaya de penser rationnellement, mais seule l'image de son père démembré et rempli de sang lui parvenait à l'esprit.

D'après ce que Jun avait raconté, elle pouvait deviner que son père avait peu de chances de s'en sortir. Même s'il n'était pas mort sur le coup, il pouvait s'être vidé de son sang durant les premiers jours en tant que rescapé.

Devant Jun, Lia s'était retenue de pleurer, mais elle était seule en ce moment.

Sa vue devenait progressivement floue à fur et à mesure que ses yeux se remplissaient d'eau. Elle n'arrivait même pas à se souvenir correctement de l'apparence de son père. Lia ne l'avait pas vu en chair et en os depuis quasiment une dizaine d'années.

De plus, tout ce que Jun avait dit à propos d'Hesam Kobril restait inconnu pour Lia. D'une certaine façon, elle était beaucoup trop jeune à l'époque pour avoir réellement connu son père.

Cette pensée la fit sangloter silencieusement. Elle se couvrit la bouche pour ne pas faire sortir de son. En plaquant son dos contre le mur, la Turque se laissa glisser vers le sol. Les bras entourant les genoux tout en les approchant de son torse, Lia planta sa tête pour se recroqueviller.

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