Dimanche

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De Mikaël :
"Tu veux venir ?"

De Gaël :
"Je saiiis paaas"

De Mikaël :
"Viiiens 🙏"

De Gaël :
"Je suis bien là où je suis"

En vrai, je m'emmerdais complètement. Il devait être 1h du mat', Ryan et Sophie avaient dû partir et je n'avais aucun moyen de locomotion. Sympa de m'avoir demandé de venir pour me lâcher quinze minutes après ! J'étais prise au piège dans cette fichue fête d'alcoolos.

De Mikaël :
"T'ES OÙ ?"

De Mikaël :
"Sorry pour les maj"

De Gaël :
"Okk bon, je veux bien te voir mais, tu viens me chercher"

De Mikaël :
"Ok, j'arrive envoie l'adresse"

Une demi-heure plus tard, comme convenu, Mikaël passa me prendre. Il avait une belle Mercedes noire et il portait un costar noir assorti d'une cravate violette.

-Pourq...

Je n'avais pas eu le temps de finir ma phrase que Mikaël s'était jeté sur mes lèvres. Notre baiser langoureux commençait à devenir torride. Nos mains baladeuses donnaient le tempo, tandis que nos sens étaient désorientés. Mon cœur s'accélérait, mon corps ne réclamait qu'une chose et ma tête était déconnectée. J'étais devenue une enveloppe corporelle rongée par le désir, la libido et l'envie.

On l'avait fait dans sa voiture, je devais avoir quelques bleus, toutefois, ce n'était rien comparé à la jouissance que nous avions atteint. J'avais dormi chez lui et en me réveillant mon amant n'était plus à côté de moi. J'entendis le son de l'eau qui coule, je décidai de le rejoindre. Une fois la douche finie, nous nous étions posés sur son balcon avec un café et des fruits. Le temps était maussade et menaçait de faire tomber la pluie. Les passants n'étaient pas vraiment de sortie, ce qui était reposant. En repensant à notre nuit dans sa voiture, une question refit surface.

-Pourquoi tu étais en costar hier ?

-Je sortais du repas d'une compagnie.

-Attends. Tu bosses dans quoi ?

-J'ai repris l'entreprise de mon père, dans le milieu médical.

-Ah d'accord, pas mal...

-Ouais... Je voyage beaucoup au moins, même si je ne profite pas beaucoup.

-Je comprends mieux pourquoi ton appart est si "peu habité".

-C'est ça.

Il semblait si dépité et malheureux dans son travail et sûrement dans sa vie, que ça me crevait le cœur. Les gens ne méritaient pas de souffrir, c'est pour ça que j'aimais écrire des chansons. Écouter certains artistes chanter leur mélancolie était une forme de catharsis. Purger ses peines, ses passions à travers les autres. Je sortis de ma rêverie quand son téléphone sonna, il vit le numéro s'afficher et il décrocha en s'éloignant. Quant à moi, je débarrassais la table avec de la musique. Puis, je le rejoignis sur la terrasse. Il venait de finir son appel.

-Mika, je vais y aller...

-Okay, au fait ! Toi aussi, tu es un bon coup.

J'étais sortie sous la pluie, souriante, à cause de sa dernière remarque. Quel romantique celui-là ! Finalement, le ciel avait déversé ses larmes et je courus me réfugier dans un bar-café. Je me posai au bar et commandai un Irish Coffee. Un verre chauffé, un fond de whisky, du café et de la crème : le meilleur moyen de se réchauffer.

J'étais en train de boire ma boisson préférée, quand j'entendis le son d'une gratte. Un bon son soul et rock. Je restais un moment à écouter ce style apparenté à Ray Charles. Au bout d'une heure d'écoute, je décidai de me retourner pour voir l'auteur de mon confort auditif.

Une fille. Aux cheveux violets, avec un regard énigmatique et translucide. Elle était aveugle, belle et douée. Elle mesurait à peu près 1m60, à peine plus petite que moi, avec un style basique, soit un jean à trou et un grand pull noir. J'avais passé la journée à l'écouter jouer son genre bien à elle, qu'elle avait sûrement élaboré au fur à mesure des années.

Le soir, en essayant de rattraper mes cours et "devoirs", mon esprit était ailleurs. L'image de cette femme me restait en mémoire, ses cheveux ondulant au gré de son tempo, sa voix si fluette mais pourtant si forte, ses notes grattées à la basse si énergiques, impressionnantes et uniques.

Je ne pus m'empêcher d'écrire une chanson inspirée de cette rencontre. Les mots affluaient dans ma tête sans que je puisse avoir le contrôle, ma main, tenant mon stylo, ne s'arrêtait pas tandis que mon autre main tapait la table d'un son frénétique. Je devais la revoir, elle m'avait tellement inspirée. Je me devais de ne pas laisser passer cette chance et c'est ainsi qu'avec empressement, je sortis de chez moi pour retourner dans le bar.

Il ne pleuvait plus, mais les flaques d'eau s'étaient formées et mon jean trempé gouttait sur le faux parquet du café. Je devais ressembler à une folle, j'avais couru contre le vent sur 800 mètres avant de débarquer dans ce café essoufflée. Je me mis sur une table dans un coin pour reprendre mon souffle.

J'étais tellement bien, ici et maintenant. Bercée par la musique de ma muse, j'étais perdue dans mes pensées. Soudain, je sentis une présence près de moi, j'éclatai la bulle dans laquelle je me perdais et observais la personne debout en face de moi.

J'ai complètement bugé. Devant moi, se trouvait ma source de rêverie.

-Bonsoir, commença-t-elle avec un accent italien, je peux m'asseoir ?

-O-oui bien sûr !

-Il me semble que tu étais là cet après-midi, je ne me trompe pas ?

Comment avait-elle su ? Elle est aveugle, ce n'est pas possible quoique si un ami lui a dit, c'est plus plausible déjà.

-Peut-être, comment le savoir ? avais-je répondu sur un ton taquin.

-Je t'ai entendu,tu es comme un éléphant dans un magasin de porcelaine...

Nan, mais je rêve, là ?? Elle a pas osé, je suis la grâce incarnée. Une femme douce et délicate. Bon OK... Peut-être pas non plus, mais quand même !

-T'es sûr, ce n'est pas plutôt mon aura qui a retenu ton intention ?

Elle explosa de rire. Je restais sans mots, à la regarder s'esclaffer. Au bout de deux minutes, je me joignis à elle.

-Wouah, je n'avais pas ri comme ça depuis longtemps. Merci..?

-Gaël !  Et toi ?

-Chrome, j'ai une question Gaël.

♤Rencontres♤Tome I♤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant