Seul, les battements de son cœur se confondaient peu à peu avec le rythme intense de l'enceinte qui vibrait âprement au centre de la chambre sombre et froide, éclairée légèrement par la chaleureuse lueur d'une lampe plus vielle que sa propre existence. La fureur du rythme s'était éprise de la virtuosité de la mélodie dans un flux d'ardeur revigorante qui se propageait inéluctablement dans l'entièreté de la pièce, transmettant un mouvement aliéné et saccadé à toute la matière environnante, s'immisçant dans son corps tout entier, prenant le contrôle de son organisme, de ses membres devenus esclaves du rythme mécanique de la membrane.Alors, perdu au creux de ses pensées, il s'abandonnait alors à ces ondulations curatives qui le berçaient véhément et canalisaient l'agitation de ses pensées. Hélas, cela ne dura pas car, dans la noirceur abyssale de son esprit, un remous d'insanité se réveilla et se propagea jusqu'à atteindre une ampleur telle qu'il en devenait viral. Et bientôt, cette perturbation avait contaminé toute l'étendue de sa pensée qui, d'un lac calme et paisible, s'était mue en un océan trouble et déchaîné. Alors, submergé soudainement par le tumulte glacial de sa pensée empoisonnée, il tentait vainement de lutter face à cette vague de rage incontrôlable qui anima ses yeux d'un éclair de vivacité. Ils s'étaient ouverts, éclairés d'une lueur ardente, une lueur passionnée, une étincelle de fureur qui annonçait un acte inexorable, peut-être même fatal.
Il se leva alors brusquement, renversant dans sa fureur la chaise de sa chambre encore noyée dans les remous de la musique. Il resta quelques secondes debout, le dos courbé, le corps pétrifié, agrippant de ses mains les bords de son bureau comme si celui-ci était un ennemi qu'il souhaitait étreindre jusqu'à la mort. Des gouttes de sueurs perlaient sur son front, puis, arrivées à la cavité de ses yeux elles dégringolaient pour se mêler aux larmes de rage qui affluaient abondamment. Le temps s'était tu, les larmes continuèrent leur chemin, indolentes, elles suivirent ensemble la fine courbure de sa joue avant d'atteindre la falaise rocailleuse de sa mâchoire serrée fermement. Ces traits serrés illustraient parfaitement la détermination dans sa volonté, le remords l'avait rongé et était devenu désespoir, la tristesse l'avait accablé et était devenu rage et maintenant, loin de tout espoir, nourri de la noirceur de sa vie, la douceur de ses larmes peut laisser place à l'ardeur de son sang.
VOUS LISEZ
Humanimal
PoetryJ'ai recherché les vertus de l'Homme, mais il s'avère qu'il est manipulé tout entier par sa propre animalité.