Just you and me...

Chapitre 12. A

_ Non, ça va aller. Je fais de la boxe parce que ma mère voulait que j'apprenne à me défendre, finit-elle par dire en buvant une gorgée d'eau dans son verre. Comme je sais que silencieusement tu te demandes pourquoi une petite fille de douze ans doit apprendre à se battre et bien c'est parce que un jour ma tante, la sœur de ma mère, s'est faite... Violée. Ensuite, elle s'est suicidée parce qu'elle pensait que c'était sa faute et qu'elle ne méritait pas de vivre. Ou alors, peut être qu'elle ne pouvait juste plus vivre avec ce fardeau sur ces épaules. J'étais très proche d'elle, elle était aussi ma marraine... Emma me manque énormément.

À la fin de son récit, une larme roule sur sa joue. Je l'essuie le plus délicatement possible avant de poser ma main sur la sienne.

Qu'est-ce qui me prend ?

_ Je suis désolé, je finis par dire.

Je sais c'est complètement con de dire ça parce que je ne suis pas responsable de la situation, mais que puis-je dire d'autre ?

_ Ça n'est pas de ta faute, dit-elle en s'essuyant brutalement la joue comme si elle s'interdisait de pleurer. Désolée d'être si faible c'est juste que...

_ Tu n'es pas faible Kendall, je la coupe. Pleurer n'est pas synonyme de faiblesse. Pleurer veut juste dire que tu as des sentiments et que tu as la force de les éprouver. À ta place, je serai plus rassurée qu'autre chose. Les gens qui ne pleurent pas n'ont pas de coeur. Toi  tu en as un. Sois-en heureuse.

_ Oui, mais...

_ Il n'y a pas de mais. Tu es meilleure que tu le penses. Tu es la fille la plus forte que je n'ai jamais vu. Tu sais même quand on ne se parlait pas alors qu'on trainait ensemble, je te regardais et déjà à l'époque je voyais quelle extraordinaire fille tu es. Alors, maintenant que je te parle, que j'apprends à te connaître... Ce que je pensais il n'y a pas si longtemps se confirme sous mes yeux.

Elle ouvre la bouche puis la referme.

_ Merci, dit-elle.

C'est à mon tour d'ouvrir la bouche et de la refermer. Que répondre à cela à part que j'ai été heureux de lui remonter le moral ?

_ Cette histoire est plutôt un sujet tabou dans ma famille. J'ai mis bien plus de temps à en parler à Kylie qu'à toi. Qui aurait pu penser que toi et moi on serait amis un jour ? Je te détestais mais c'est parce que je ne connaissais que la partie fausse de toi.

_ Et moi je ne connaissais que la partie agressive de toi. Mais bon, c'est pas pour rien que je t'appelle tigresse après tout.

Elle sourit.

_ J'avoue qu'aux premiers abords je peux passer pour une tarée à agresser tout le monde.

_ Même au deuxième abord tu es tarée.

Nous rigolons. Catherine, la propriétaire qui a pris Kendall pour ma petite amie, laissez-moi rire, vient avec les plats que nous avons commandé.

_ Enjoy, dit-elle.

Nous lui sourions et la remercions.

Après quelques minutes Kendall brise le silence.

_ Jamais personne ne m'avait dit de telles choses, dit Kendall.

Je sais qu'elle fait référence à mon petit discours de tout à l'heure.

_ Ah bon ?

Elle me regarde en haussant un sourcil. Ok, je ferais mieux de la fermer, je l'avoue.

_ Disquette, dit-elle en rigolant.

_ Te fous de mes tactiques de drague d'accord ? je dis en prenant un ton offensé.

Ça n'est que maintenant que je me rends compte de l'apparence que la phrase que je viens de prononcer peut avoir.

Elle relève la tête vers moi d'un coup et je commence à m'étouffer. Doucement, mais sûrement.

Sauver par le gong, Catherine sort de je ne sais où pour nous demander si tout va bien.

Dieu merci !

_ Oui merci, lui répond Kendall en souriant.

Catherine repart derrière le comptoir lorsqu'une idée me vient à l'esprit.

_ Ça te dit qu'on joue à un jeu ? je lui demande.

_ Toujours des jeux avec toi, dit-elle en levant les yeux au ciel et en soupirant.

_ Seulement notre jeu initial est un jeu sur la longue durée alors que là ça ne prendra que quelques minutes.

_ Bref... Quelles-sont les règles ? demande-t-elle agacée.

_ Chacun à notre tour on doit poser une question à l'autre.

_ Oh, si ce n'est que ça, ça va. Bon comme tu m'as déjà posé une question tout à l'heure, c'est à moi de le faire.

_ Ok, vas-y.

_ Pourquoi tu sortais avec Cheryl ? C'est une vraie question que je me pose depuis un certain temps. Elle n'est même pas gentille !

_ Je ne sais pas. Enfin, si. Au début, je crois que j'étais fière de sortir avec la meuf que tous les mecs voulaient et puis je me suis habitué à nos disputes où je finissais toujours par revenir en m'excusant bien que je n'en avais pas envie. Pendant les soirées je couchais avec d'autres filles, elle faisait pareille. Il n'y avait aucun problème jusqu'à...

_ Jusqu'à ? demande Kendall intéressée.

Je soupire.

_ Jusqu'à ce que je la vois en train de me tromper une nouvelle fois.

Elle ricane.

_ Mais comme tu l'as dit si justement tout à l'heure tu vas revenir en t'excusant, dit-elle. Tel un vilain petit canard.

_ Ne te fous pas de moi. Et puis la différence avec les autres fois c'est que c'est moi qui l'ai largué, pas l'inverse.

_ Oh. J'allais te dire que j'étais désolée pour toi, mais du coup non, vu que tu l'as quitté. Enfin, je suis quand même désolée qu'elle t'ait trompée.

_ Ne t'inquiète pas pour ça, j'ai l'habitude. Je crois juste que là, je n'en pouvais plus.

Kendall me regarde, compatissante.

Comme nous avons terminé, je commence à sortir de l'argent pour payer.

_ Non, dit Catherine fermement. C'est cadeau de la maison.

_ Quoi ? Mais non, je proteste.

_ Si, ça fait tellement longtemps qu'on ne t'a pas vu. Ça me fait plaisir et tu ne vas quand même vouloir te mettre en travers de mon plaisir, quand même ? dit-elle les sourcils froncés.

_ Non, surtout pas, je réponds en rigolant.

_ Allez oust et j'espère que cette fois on attendra pas deux ans pour pouvoir te voir.

_ Promis, je jure.

_ Et la prochaine fois reviens accompagné, dit Catherine en faisant un clin d'oeil à Kendall.

Cette dernière rougit et baisse la tête. À chaque fois qu'elle est gênée elle fait ça, c'est son tic. Quand à moi je suis plus du genre à passer ma main dans mes cheveux ou derrière ma nuque. Chacun son truc.

Nous sortons du restaurant et allons dans la voiture. Mon téléphone sonne et je regarde qui peut bien vouloir me contacter.

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