Just you and me...

Chapitre 23. K

Après une bonne heure de route, Aaron se gare enfin à la lisière d'une forêt. Je me ronge les ongles, stressée. Je suis dans un endroit, certainement paumé, sans que personne ne me donne d'explication valable.

_ On y est, m'informe-t-il.

_ Où m'emmènes-tu ? je lui demande anxieuse.

_ Tu n'as posé aucune question pendant tout le trajet, tu peux bien attendre cinq minutes de marche, il me répond en ouvrant le coffre pour prendre les sacs.

Bon, il est vrai que je n'avais posé aucune question durant le trajet, mais c'était juste pour ne pas montrer à quel point j'étais anxieuse. En plus, ma voix était incapable de produire un son quelconque.
Heureusement pour nous, ce soir, le ciel est dégagé. Je n'ai vraiment pas envie qu'on se fasse surprendre par la pluie.

Aaron se dirige alors en direction de la forêt. Je le suis, en silence.
Au bout de quatre, cinq minutes de marche je dirais, Aaron s'arrête devant un arbre et attrape une énorme branche. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas du tout ce qu'il va faire et ce que cette mascarade peut bien vouloir dire. Aaron tend le fameux bâton à la verticale pour, je crois, attraper quelque chose. Après un moment de sauts et d'essoufflements, quelque chose tombe de l'arbre.

_ Bah, alors, commence Aaron en coupant, par la même occasion, le fil de mes pensées, qu'est-ce que t'attends ? Tu viens, oui ?

_ Euh... Oui, oui. J'arrive.

Il me tend un des sacs et commence à grimper sur ce qui me semble être une échelle. Je le suis, toujours muette.

Quelques secondes plus tard, j'étouffe une exclamation d'étonnement, d'émerveillement et de surprise.

Une cabane ! Dans les bois ! Depuis petite, je rêvais d'en avoir une, mais mon père n'avait pas trop le temps et ma mère n'est pas trop manuelle.
En plus, cet enclos n'est pas rempli de toile d'araignée et de bois moisi, non, c'est juste magnifique. Elle n'est ni trop grande ni trop petite, un grand matelas domine la pièce, une armoire à été construite de façon à ce qu'elle soit incrustée dans le mur gauche. Il y a même une fenêtre ! Je me crois aux anges.

_ C'est magnifique, j'arrive à articuler en reprenant possession de ma voix.

_ Oui, je sais, m'avoue Aaron en s'allongeant sur le matelas tout en me faisant signe de le rejoindre.

Je pose le sac sur une petite table basse qui se trouve à côté de l'armoire, et vais m'asseoir aux côtés d'Aaron.

Je pose la question qui menace de franchir mes lèvres depuis que nous avons passé le seuil de l'enceinte.

_ Pourquoi m'as-tu amené ici ?

_ Juste pour te montrer.

_ C'est toi qui l'a construite ? je demande en me relevant d'un coup.

_ Oui, répond-il simplement. Avec mon père quand il n'était pas encore trop pris par son travail.

Attendrie par cette soudaine tristesse apparente sur son visage, je décide de ne rien ajouter pour le laisser finir.

_ On venait ici quand j'avais besoin de passer un moment père-fils.

_ Oh, c'est trop mignon, je dis en souriant.

_ Tu viens de me retirer toute virilité, rigole-t-il.

_ Pour ça il faudrait qu'elle ait existé un jour.

La tête d'Aaron se décompose, comme si je venais de réellement l'offenser.
Il reprend pourtant ses esprits avant de se mettre à califourchon sur moi en attrapant mes poignets de manière à m'immobiliser. Il place mes bras de façon à ce qu'il soit au-dessus de ma tête.