Just you and me...

Chapitre 61. K

Vous savez quoi ? J'en ai marre. Marre de devoir choisir entre mon rêve et ma vie. Marre d'avoir la pression de Chloé et de ma famille sur les épaules ! Et plus que tout, j'en ai marre de voir qu'Aaron s'inquiète énormément pour moi alors qu'il n'a pas à ressentir ça.

Je suis dans ma chambre, plus précisément dans mon lit, en train de m'enfiler plusieurs épisodes de ma série pour tuer le temps lorsque le vibreur singulier de mon téléphone sonne.
Je soupire, repose la tasse de chocolat chaud que je m'apprêtais à boire et prends mon cellulaire dans mes mains.

Chloé.

La hasard fait bien les choses... J'ai pris certaines décisions dont je devais l'informer.

_ Allo ? je demande la gorge serrée.
_ Allo, ma chérie ? C'est Chloé. Il faut que je te parle encore une fois de notre départ pour L.A. Il y a quelques détails dont j'aimerais te faire pa...
_ Je ne pars plus. Ou plutôt... Si. Mais pas à la date que nous avions prévu.
_ Comment ça ?
_ Je veux passer mes examens de fin d'année et vivre ma remise de diplôme.
_ Mais Kendall... Tu... Tu ne peux pas tout chambouler comme ça ! J'ai déjà fait en sorte de reculer le voyage pour que tu puisses aller à ton bal de promo et maintenant ta remise de diplôme ? Tu n'en auras pas besoin pour le métier que tu veux exercer... Tu es une artiste !
_ Certaines choses sont plus importantes. Avant de devenir une femme, il y a certains paliers que je dois passer... La remise de diplôme en fait parti, le bal de promo aussi. Mes parents sont d'accords avec moi. C'est soit ça, soit je ne pars pas.
_ Très bien. Mais après ça, je veux que tu me jures sur parole qu'on partira. Tu as de grandes choses à accomplir Kendall Anderson, de grandes choses...

C'est presque malgré moi que les mots s'échappent de ma gorge :

_ Je te le jure.

Et avant que Chloé n'ait pu m'entendre pleurer, je raccroche. 

Certaines personnes pourront dire que je suis une pourrie gâtée à verser des larmes pour rien alors que je vais bientôt partir me fabriquer un avenir à Los Angeles mais... Je ne sais pas. Tout quitter comme ça... Alors que je ne suis même pas encore majeur ! Je n'ai que dix-huit ans après tout.

J'ai passé tout mon samedi dans mon lit, à manger des conneries et à mater des films de Noël sur Netflix alors que nous sommes en avril. Mon frère est venu me voir plusieurs fois mais je lui ai vite fait comprendre que je voulais être seule donc il m'a rapidement laissé tranquille.

Il est vingt heures lorsque je vois le soleil se coucher et donner au ciel des teintes rosées, violettes et orangées. Pour la première fois depuis ce début de journée, je décide de m'extirper des nombreuses couettes de mon lit et d'aller admirer cette magnifique vue. C'est fou ce que la nature peut produire comme chose extraordinaire ! Dommage, que ça puisse aussi engendrer de la merde. Mais bon, il faut se contenter de ce que l'on a sur le moment et là mes yeux sont ravis, vraiment ravis. Je prends mon appareil photo qui est posé sur mon bureau et décide d'immortaliser le moment.

_ À table ! crie mon père depuis la cuisine.

Je grogne de mécontentement et descends à reculons les escaliers menant au bas de la maison.

Nous nous asseyons à table et commençons à manger. Personne ne parle, un silence de mort domine la pièce. Je sais bien que mon père, ma mère et mon frère communiquent en se lançant des regards appuyés mais je ne veux pas relever la tête.

_ Ma chérie, commence doucement ma mère. Pourquoi tu n'es pas sortie de la journée ? Il fait si bon dehors...

Je hausse les épaules nonchalamment en gardant les yeux rivés sur mon assiette remplie de riz et de poulet aux oignons. C'est un de mes plats préférés mais un arrière goût laisse en moi une trace amère qui me donne envie de vomir. Je sens tous les bonbons et chocolats avalés au cours de la journée remontés lentement vers ma gorge.