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Drago fixait l'énorme pendule, accrochée au mur du troisième étage, l'air profondément agacé. Pour la première fois, Granger était en retard pour les rondes des préfets, et ça le mettait dans une rage sans nom. N'avait-elle aucun respect ? Elle lui faisait perdre son temps si précieux. En cinquième année, il avait des responsabilités, il n'avait que ça à faire de l'attendre !
Il fit encore une fois les 100 pas, se décida à partir tout seul, mais voyant l'ennui arriver à faire des rondes tout seul, il se promit à lui-même d'attendre encore 10 minutes avant de partir pour de bon.
Depuis le début de l'année, les deux ennemis avaient l'habitude de partager leurs soirées en faisant leurs rondes. Une fois par semaine, ils se retrouvaient en binôme et devaient arpenter les couloirs pour chasser les élèves encore présents. Evidemment, Drago prenait un malin plaisir à pousser à bout la jeune femme qui finissait souvent si énervée que des larmes perlaient aux coins de ses yeux. Ca mettait le garçon dans un état de plénitude comme si, en insultant la jeune femme, il se libérait lui-même d'un lourd fardeau. En fait, il lui devait intérieurement quelque chose, car ces séances le détournait quelques secondes de la dure réalité...
Mais il se secoua la tête pour sortir ces idées néfastes de sa tête. Il ne devait pas se laisser perturber par cette fille insupportable, car il montrerait sa faiblesse.
En parlant de ça, il vit la silhouette de la Miss-Je-Sais-Tout se dessiner dans la pénombre. Il eut un sourire sadique : il comptait bien l'embêter ce soir, pour soulager toute la pression qu'il subissait. Elle avançait étrangement vite, vêtue d'un sweat gris moldu et d'un pantalon de pyjama. Ses cheveux hirsutes encadraient son visage caché.
"Hé bah... En retard de... 20 minutes, hein ?"
Il s'attendait à ce qu'elle réponde une pique, une remarque acerbe qui ferait commencer leur jeu. Mais elle continua d'avancer sans rien dire, et le dépassa.
"Euh, Granger ? Je te parle ?"
Pas un mot. Cela eut le don d'énerver le blond qui sentit ses poils s'hérisser. De quel droit se permettait-elle de ne rien dire ? C'était à lui de décider ! Et là, il avait envie de se disputer avec elle !
Il s'approcha et lui tira le bras violemment. Dans la pénombre, Drago remarqua à quel point elle paraissait molle, faible. Alors, elle tourna son regard chocolat dans le sien et il y vit quelque chose auquel il ne s'attendait pas du tout : des larmes.
"Qu..."
"Tu es content ? C'est bon ?" dit-elle avec la voix brisée.
Elle continua d'avancer, mais le garçon resta interdit à quelques mètres derrière elle. Ses yeux étaient si rouges ! Elle avait dû pleurer de longues heures pour en arriver à un résultat pareil. Il se demanda si c'était le moment de lancer une insulte, pour l'achever, mais pour une fois, il préféra se taire. Enfin, non, pas se taire, mais plutôt combler la curiosité qui commençait à enfler dans son esprit.
