Remus fixait le ciel étoilé, des larmes roulant rageusement sur ses joues. Il regardait avec une colère non dissimulée la lune, complètement ronde, qui se détachait de la noirceur de la ciel avec sa lumière faiblement blanchâtre.
Il s'était assis à même l'herbe, ignorant royalement le froid qui se déversait dans ses cuisses pratiquement nues. Il était en colère, trop en colère. Il se sentait soumis, sali par le pouvoir impérissable de cette maudite lune qui le hantait jour et nuit. Qui l'empêchait d'évoluer. C'était comme s'il était bloqué sur une étape de sa vie qu'il ne pouvait pas abandonner tant la peur le clouait sur place.
Il s'était encore transformé en loup-garou. Du haut de ses 6èmes années à Poudlard, il aurait dû être habitué, mais c'était toujours le même cauchemar. Il s'était réfugié dans la Cabane Hurlante où il avait lâché toute sa souffrance dans des hurlements douloureux, sans que personne ne puisse l'entendre. Il avait demandé à ses amis de ne pas l'attendre, cette fois. Parfois, il avait besoin de réfléchir un peu, se repositionner, pour pouvoir mieux affronter la vie. Et il avait besoin d'être seul, pour ça.
C'était rare, car à chaque fois, ses amis étaient à ses côtés. James le regardait, de ses grands yeux ambrés, se tordre de douleur avec une grimace. Sirius le fixait, et malgré l'habitude, une larme coulait souvent entre ses poils canins. Peter, lui, observait la scène d'en bas, sensible aux cris de son ami qui le faisait trembler à chaque fois.
Mais là, Remus n'avait pas envie de voir leurs airs de pitié s'étaler sur eux, à son réveil. Il se sentait terriblement faible. Il savait qu'il besoin de leur soutien, mais ce soir, il avait envie... D'autre chose. D'amour. Pur et dur.
Il pleurait, encore et toujours. Il s'était habillé d'un fin t-shirt blanc et d'un short, tenue totalement inappropriée pour la saison glaciale. Mais il n'en avait que faire. Le garçon avait obstinément dirigé son regard chocolaté sur la lune, la haine déferlant dans ses muscles, encore sensibles par la transformation.
Cette dernière avait été très compliquée, ce mois-ci. Il était tellement en colère contre lui-même qu'il avait réussi à s'entailler le bras. Remus sentait le sang couler le long de son biceps, traçant un chemin chaud et hasardeux. Il avait sa baguette, mais ne fit rien pour nettoyer sa plaie à vif. Il le méritait, pour se rappeler à quel point il était dangereux. Sale. C'était un prédateur, il ne l'avait pas choisi, mais tel était son destin.
Remus sursauta violemment quand il entendit des pas dans l'herbe, tout près de lui. Il voulut cacher son corps découvert comme par réflexe, alors qu'il allait voir la personne qui allait le voir d'une seconde à l'autre.
Il ne put décrire le soulagement qu'il ressentit quand il reconnut le visage de Sirius dans la nuit. Il avait la baguette tendue, diffusant une lumière blanche sur l'herbe sale. Il vit Remus, et ses yeux s'agrandirent en voyant sa profonde blessure.
"Remus ! Ton bras !"
Il se pencha pour la regarder mais Remus la plaqua contre son torse.
"Arrête. Je le mérite."
Son ami lâcha son bras et le regarda, presque attendrissant.
"Non. S'il te plait, regarde moi."
Il lui prit le menton entre ses deux doigts et l'incita à se tourner :
"Remus, tu mérites tout le bonheur du monde entier. Ce n'est pas de ta faute."
"Je suis un monstre."
"C'est faux. Tu n'as jamais blessé personne, comparé aux autres loups-garous."
Sirius pinça les lèvres.
"A part toi-même."
Il bougea son bras et eut une grimace en voyant le trait rouge barrer son bras.
"Je t'en prie. Laisse moi te guérir."
Avec un soupir, il lui tendit son bras et Sirius s'empressa de lancer un sortilège dessus. Aussitôt, l'épaisse entaille devint en quelques secondes un fin trait légèrement rosâtre.
"Merci."
"Pourquoi tu fais tout ça ?" demanda Remus dans un sanglot.
"Tu crois sincèrement que j'allais tranquillement m'endormir, tout en sachant que tu pleurais dans ton coin ? Tu dois mourir de froid."
Il remarqua qu'à cet instant que l'herbe fraîche lui avait glacé ses entrailles et il eut un profond frisson. Sirius leva les yeux au ciel ("qu'est ce que je disais ?") et lui tendit un pull noir. Remus le mit doucement et grimaça en essayant de se lever.
"Attends, laisse moi t'aider."
"Je ne mérite pas ton aide."
"Pour la centième fois, tu mérites tout ce que tu aurais envie. C'est pour ça que je suis là."
Sans prévenir, les deux garçons s'enlacèrent furieusement. Comme si, en s'attachant l'un à l'autre de cette manière, ils se sentaient beaucoup mieux. Remus sembla savoir respirer de nouveau.
Ils marchèrent jusqu'au château ensemble dans la nuit noire, bras dessus bras dessous. Il y avait un silence de mort, mais absolument pas gênant. Ils se parlaient dans leurs mutisme.
Finalement, ils s'arrêtent devant les marches de l'escalier, et presque dans un geste automatique, comme si c'était totalement normal, leurs lèvres se joignèrent dans un baiser très doux. Remus plaça ses deux bras autour de la taille de Sirius et ce dernier répondait à son baiser avec ferveur, les yeux fermés. Il dura très longtemps, mais pourtant, quand ils se séparèrent, ils avaient toujours autant envie.
"Merci."
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Recueil d'OS
FanfictionJe vous partage mes 24 OS que j'ai écrit pour le Calendrier de l'Avent de Noël de l'année dernière ! Bonne lecture :))