Chapitre 5.

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« - D'accord je vais tout vous donner, dis-je en prenant un air apeurée tête baissée ( plus faible vous avez l'air, moins grand danger vous êtes censé représenter, sans pour autant perdre de vu le morceau de verre que la femme pointe dans ma direction) , mais je n'ai que 50 euros, c'est tout ce que j'ai...
- Sa ira, aller dépêche toi de me les donner, dit elle en bougeant impatiemment son morceau de verre.
- Ils sont dans ma voiture.
- Alors qu'est ce que tu attends ? »

Je me dirige donc vers la voiture qui se trouve derrière la femme que je contourne en prenant le plus de distance possible entre son morceau de verre et moi. J'ouvre la portière du côté passager alors que la femme se trouve a à peine quelque centimètres de moi.

« - Allez dépêche toi, s'empresse t'elle. »

    Je me penche vers la boîte à gant et cherche en dessous de plusieurs cd empilés une enveloppe. Sa c'est ce que je fais avec ma main droite. Mais ce dont la femme ne ce doute pas, c'est que de mon autre main, je tâtonne discrètement sous le siège passager jusqu'à le trouver. Lorsque je le touche, je saisis l'enveloppe de la main droite et je me relève doucement en gardant derrière mon dos discrètement l'énorme bâton en bois que moi et ma sœur gardons en cas d'extrême urgence, comme en ce moment même. Je lui tends donc l'enveloppe le tout est d'attendre qu'elle tourne son attention vers l'enveloppe.

Lorsque je vois son regard ce poser sur celle-ci, je sais que je dois en profiter, c'est le moment ou jamais. Mais quelques chose me freine. Pourtant c'est le moment, son attention ne sera pas détournée pour toujours et peut-être qu'aussitôt les 50 euros trouvés, elle me poignardera. Lorsqu'on voit se genre de situation dans des films ou dans des livres, on est souvent là à râler contre le personnage, lui disant qu'il doit foncer et ne pas se poser de questions. Et puis on s'impatiente lorsque les secondes défilent car pour nous c'est si simple : il faut passer à l'action « vite fait bien fait » il n'y a pas a chipoter car aucune autres options n'est possible. Ensuite on s'emporte en se disant que trop de suspens tue le suspens, qu'aucune personne ne serait aussi indécise dans la vraie vie, que le scénariste aurait trop misé sur un suspens tout simplement inutile.

Mais je vous assure que lorsque vous êtes le personnage qui doit passer à l'action, plus rien n'est simple ou logique. La seule chose que vous ressentez, c'est de la solitude, l'incertitude et votre cœur cogner tellement fort qu'il semble qu'il va bondir d'une seconde à l'autre hors de votre poitrine. Personne ne peut me sauver à part moi même. Personne ne peut prendre cette décision à part moi même. Personne ne peut passer à l'action à par moi même. Faire du mal à quelqu'un - peut être inutilement - me donne la nausée. Une pensée m'effleure l'esprit : celle de laisser faire. Peut-être qu'elle me laissera simplement partir (même si j'en doute).
Allez c'est le moment, il faut le faire. Je sens quelque chose tapoter contre ma cuisse régulièrement, je tourne discrètement la tête et vois ma main toute tremblante tenir ce bâton. A quoi bon avoir ce bâton si je ne suis même pas capable de l'utiliser ? Nous devions simplement l'utiliser si on nous retrouvaient. Mais la vie et faite de surprise jamais je ne pensais m'en servir dans une telle situation.

J'essaie de prendre une bonne inspiration. Je vais le faire. Je tiens le bâton fermement de manière à ne plus trembler. Je me concentre sur ma cible et ...

« - La somme est là, dit la femme en me regardant de ces yeux vitreux. »

Je reste figée.

« - Ou est ce que tu vas ?
- Je n'en sais rien le plus loin possible du brouillard c'est tout.
- Le brouillard, dit-elle en regardant le ciel, c'est sa qui les rends tous dingue en ville. J'ai entendu dire que les gens mourraient à son contact, c'est vraie ?
- Je ne sais pas.
- Alors je ne préfère pas l'apprendre en restant ici, dit-elle en me regardant droit dans les yeux. »

Qu'est ce que cela signifie t'il ? Que me veut elle d'autre encore ?

« - Ford, c'est sa ? dit-elle en observant la voiture, MA voiture !
- Pourquoi ?
- Les clés, ordonne t elle en me tendant la main.
- Elle n'a plus d'essence c'est pour sa que je me suis arrêter ici.
- Les clés, se répète t elle fermement. »

    Je ne peux pas laisser mon moyen de survis partir. Je ne peux pas laisser ce qu'il me reste de ma sœur partir ! Non je ne peux pas !

« - D'accord, je sors les clés de ma poche arrière, dis je alors que tous ce que je fais c'est saisir fermement mon bâton. C'est votre mari ? Il vous fait des signes ?, dis je en pointant du doigt le bout de la rue pour détourner son attention. »

Mais au contraire elle me regarde en riant.

« - Change de technique ma vieille. Les clés maintenant ! s'impatiente t elle en rapprochant le morceau de verre de mon corps.»

Non elle n'aura pas cette voiture. Jamais.
Je dégaine mon énorme bâton à une vitesse incroyable et l'assomme d'un coup. Sans hésitation. Sans sourciller. Elle tombe d'un coup sur le côté. Mais je reste sans émotion. Aucune tristesse, aucun remord, rien. Juste un empressement de faire ce que j'étais venue faire au début et de m'en aller ici. Je ne dois pas laisser place à l'émotion maintenant, je n'ai pas le temps si je veux m'en sortir.

Je regarde cependant si elle respire toujours bien et si je n'ai pas frappé trop fort. Elle semble dans un « bon état » pour ce qu'il vient de lui arriver. Je saisit donc immédiatement le morceau de verre de sa main au cas où elle se réveillerait et vérifie qu'elle n'en détient pas d'autres. Je l'éloigne ensuite tant bien que mal avec toute la force dont je dispose de ma voiture. Je lui prends l'enveloppe avec l'argent, puis je m'attache les cheveux.  Et ensuite j'effectue ce que j'étais censé faire dès le début : siphonner de l'essence. L'ayant déjà effectué a de nombreuses reprises cela va assez vite. Le tout est d'être organisé et concentré. Je remplis un bidon presque entier dont je verse le contenue dans ma voiture. Et c'est seulement la que je remarque coulant de mon bras gauche du sang. J'en une entaille de dix centimètres pas vraiment profonde, mais qui éjecte quand même une certaine quantité de sang. La femme a sûrement dû me la faire quand elle est tombé suite à mon coup. C'est drôle, mais c'est seulement lorsque j'ai vue cette entaille que la douleur est apparue. Il faudrait sans doute que je désinfecte la plaie et que je la bande mais encore une fois je n'ai pas le temps. Il faut que je parte d'ici j'ai déjà vraiment trop traîné.

White FogOù les histoires vivent. Découvrez maintenant