Chapitre 5 :

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Aujourd'hui c'est le weekend, le samedi. Après avoir passé ma sale semaine de cours, je peux me séquestrer dans ma chambre, dans le noir, les volets fermés, le radiateur éteint, seule, seule. Malheureusement, l'humain que j'appelle papa me sort de l'enfer, dans lequel il croit que je suis, alors que c'est mon paradis. Il me force à sortir dehors, dans la ville, sinon il m'emmènera à son travail. Je ne mange pas ce midi et quitte directement ma maison avec mon appareil photo. Dehors la pluie m'accueille en tombant sur mes cheveux. C'est sans capuche que je commence à marcher dans les rues calmes de la ville, inondée par l'eau qui tombe des nuages et qui ruisselle dans les rues. J'avance lentement au milieu de la route déserte, parfois je m'arrête et pointe mon objectif sur quelque chose du décor qui m'entoure. Un décor fait de toute pièces par l'homme. J'entends un bruit de klaxon qui provient de derrière moi. Je me retourne et me retrouve face à une voiture, entièrement noire, avec des vitres teintées également, en noir. Je me met sur le trottoir pour libérer le passage, la voiture s'avance et s'arrête devant moi de sorte à ce que la portière arrière se retrouve à mon niveau. La fenêtre de cette portière s'ouvre et je peux voir Bill derrière celle-ci, Gustav à côté :

- Salut.
[Me dit Bill]

- .

- Toujours aussi bavarde à ce que je vois.

- Laisse tomber elle ne t'aime pas c'est tout.
[S'adresse Gustav à Bill]

Je baisse la tête et commence à me perdre dans mes pensées.

- Dit tu va où?
[Gustav à l'air intrigué]

- Je ne sais pas.

- T'a vue, elle me répond!
Dit-il en narguant Bill

- Tu veux un parapluie ?

Je relève enfin ma tête et pose mon regard vide sur lui. Pourquoi il veux me passer un parapluie à moi? Il s'en fout que je sois trempée. Je ne réponds rien et reprend ma marche que je continue sur le trottoir, j'entends derrière moi une portière s'ouvrir puis se refermer. Je me retourne et vois Gustav courir vers moi avec un parapluie à la main. Une fois à côté de moi il l'ouvre et le place au dessus de nous de sorte à nous couvrir tous les deux. Il me fait signe d'avancer mais on entends le chauffeur proclamer :

- M.Schäfer, je vous en pris rentrer, vous allez être en retard.

- Je suis désolé, mais je raccompagne cette jeune fille.

- Mais David vous attend.

- Je rentre à pieds, j'arrive bientôt.

Georg et Bill sortent à leurs tours de la voiture et se dirige vers nous également avec un parapluie, le chauffeur commence à comprendre qu'il n'a pas vraiment le choix. Tom fini par nous rejoindre et n'a pas l'air très emballé, après avoir négocié avec ce monsieur conducteur qui lui n'est pas très convaincu. Il reste là, sur la voie et attends.

- Bon on y va !
S'exclame Gustav

Je les regarde, les uns après les autres, Tom est un peu à l'écart. Ils commencent à avancer mais voyant que je ne bouge pas, il m'attendent là. Je les regarde et essaie de comprendre pourquoi ils sont là. Avec moi. Je les rejoins et je continue la marche en silence, maintenant en leur compagnie.

Sur le chemin personne ne dit rien. Je n'ose plus prendre des photos, après ils me poseront pleins de questions, mais c'est en voyant mon appareil photo que les questions leurs montent à la tête :

- Tu aimes prendre des photos ?

Pourquoi Bill ne peut pas se taire ? Il peut faire comme Tom qui est ailleurs.

- Ça pose un problème ?

- Laisse la tranquille Bill.
[Finalement Tom se prend à la conversation]

- Laisse moi, j'ai le droit de lui parler.

- En tant que petit frère tu me dois le respect!

- En tant que grand frère tu me dois du soutien, et là tu ne fais que être jaloux parce que je parle à ----!

Tom part devant fou de rage, envers moi. Peut être. Je le regarde s'en aller, sans la moindre émotion de culpa... culpabimité... culpabilité je crois. Georg part rejoindre le lion enragé. Bill s'arrête suivi de Gustav, et de moi 1min après. Je les regarde et c'est tout ce que je fais. Bill s'avance vers moi et me dit :

- Ne t'en fais pas pour Tom.

- Je ne m'en fait pas.

- Nous allons enregistrer un album de musique, j'espère que tu veux bien venir ? Tout le monde est d'accord et Tom est bien obligé, désolé si il a commencé à te faire la tête. Mais nous sommes tous d'accord pour que tu vienne. Tu dois te sentir seule avec ton look original, et... tu es tout le temps seule.

- Un groupe ?

- De rock. Nous sommes en train d'enregistrer le prochain album "Zimmer 483".

Gustav vient s'ajouter à la conversation :

- Oui, s'il te plaît viens je suis sur que tout le monde au studio a envie de te rencontrer, c'est sur que Bill parle pas mal de toi.

- Moi ? Qui moi ?

- Bas toi. Allé viens !!

- Oui ne fait pas ta timide.

Je ne sais pas comment je dois prendre ce que viens de me dire Bill. "timide".

- Non.

- Tu n'es pas obligée de te sentir mal à cause de mon frère.

- Je m'en fou de ton frère. Je rentre chez moi.

Je fais demi tour et repart sous les trombes d'eaux.
Je peux sentir malgré les quelques mètres qui nous séparent, malgré le bruit de l'eau qui nous brouille l'ouïe, la vue de ces cordes qui s'échouent sur le sol, l'odeur de la pluie sur nos vêtements, le touché mouillé sur notre peau, le goût sans valeur de ce liquide transparent, je peux sentir ton regard posé sur moi. Je peux me retourner pour te voir mais je ne veux pas que ton frère crois que je lui adresse un désolé en silence. Alors j'avance sans me retourner. Mais je sais et tu sais que je te vois, toi.

Monsieur Kaulitz.




Monsieur Tom Kaulitz.

Tu m'as appelé...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant