Après la tempête.

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Spasme. Tremblements. Spasme.

Tête autant dans la bassine que dans les vapes du vertige.

Trois mois.
Trois longues lunes que le même cauchemar se répétait. Une faible injure raisonna soufflée entre deux lèvres pâles, presque rigides. La voix se brisa à la fin du mot, laissant le timbre rauque s'effacer dans le silence. Un néon rouge tentait avec peine de montrer son éclat dans la pièce désordonnée, moins fort encore que l'aurait été la flamme vacillante d'une bougie. Dans l'obscurité, la forme immobile et recroquevillée haletait, condamnée à laisser son corps payer ses provocations.

Un nouveau spasme pris la silhouette qui se cambra en un bond, avant de se replier sur elle-même pour s'écraser lourdement sur la moquette immaculée. Ses entrailles se resserèrent férocement, puis un hoquet de douleur sortit de sa trachée bientôt submergée.
La bassine à moitié remplie, dégoulinante d'un liquide visqueux avait faillit être manquée.

L'action achevée rejoignit l'agonie constante.

L'ombre s'étala de tout son long dans un soupir maudissant l'existence.

Encore un raté.

La haine fut soudainement coupée par un sursaut brusque.

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Un léger sifflotement rejoignit le "bip" de la machine. La caissière expira le prix, et en sortant sa carte de paiement, Ethan la trouva plutôt jolie. Bien qu'un peu trop lasse à son goût, le visage était quelconque mais bien formé.
Ses cheveux sombres s'arrêtaient à sa nuque laissant à découvert un cou fin plongeant sur des épaules délicates, qu'il se surprit à imaginer denudées. Il hésita une approche mais alors que sa bouche s'entrouvrit, le visage de la désirée s'illumina à la vue d'un jeune homme qui venait de traverser la porte de la supérette. Il connaissait l'habitué. La pensée viscérale s'effondra.

Il pesta en silence, et quand elle tendit un sac, il l'arracha d'un coup sec. Ignorant l'autre qu'il croisa, il poussa la porte violemment. Il entendit un "C'est quoi ce type..." se murmurer dans l'indignation, il s'arrêta créant un instant de flottement. Il faillit se retourner mais se retint à la dernière seconde.

Le sifflement reprit dans la rue d'une petite ville morne. Les mains dans les poches, Ethan aperçut l'entrée d'un parc pour enfants. Il s'y engouffra et choisit un banc de libre. Après avoir posé son sac sur la terre sableuse, Ethan soupira. Ses yeux suivirent les gamins qui jouaient sur les plates-formes. Il aurait pu être là, comme un observateur hors de l'univers, à admirer chacune de ces énergies chaotiques. Certains se pendaient, d'autres grimpaient ou couraient sans but précis. Ils étaient par amas de trois où quatre, les systèmes binaires étant rares.
Un objet se tenait seul sur un point fixe sans tressailler.

Le petit était debout, en face de l'échelle d'un toboggan.

Le jeune homme assis, se demanda pourquoi la solitude du dernier semblait le figer. Soudain, un groupe de trois enfants se lançèrent tous sur l'échelle pour arriver le premier en hauteur, aucun n'y parvint et une dispute fit imploser le groupe.

"Boom..." fit Ethan.

Une femme accourut pour séparer les enfants dans les pleurs et les plaintes. Ce fut à ce moment précis que le petit solitaire sortit de son immobilisme pour monter sur les barreaux.

Ethan pensa que ce gosse était plus intelligent que lui, et qu'à son âge il se serait battu comme les autres pour avoir la meilleur place.

En revanche, sa nemesis aurait eu la même approche. L'âme eut un sourire amère.

Quand l'enfant descendit, sa mère vint le chercher. Il n'avait pas réalisé qu'elle fixait Ethan avec consternation depuis quelques temps.

"-Vous n'avez pas honte?" lui cracha-t-elle en tenant son fils fermement par la main.

Avant qu'il ne pu répondre, elle s'en alla à toute vitesse. L'enfant se retourna, et jeta un regard timide sur lui avant de disparaître.

Il ferma les yeux. La silhouette de l'autre apparut.

Aedan te tuera.

[TEARS] Rien De Personnel  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant