Lumières éteintes - 1

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Éblouissant. Joyeux. Aimé et aimant. Voilà le petit garçon que j'étais. Un petit garçon respirant la joie de vivre, protégé dans une bulle d'amour familiale dont je n'avais pas conscience. Jusqu'à ce que tout s'effondre.

Je vivais avec mes parents et je n'ai jamais manqué de rien lorsque j'étais avec eux. J'ai du mal à me souvenir exactement des traits de leur visage mais je savais qu'ils m'aimaient plus que tout au monde et qu'ils me donnaient tout ce que je désirais et tout ce dont j'avais besoin.

Ma mère était la femme la plus parfaite du monde à mes yeux. Elle avait de longs cheveux bruns qui se mouvaient en même temps que ses gestes. Elle me prenait souvent dans ses bras, me serrant contre son cœur. Je m'imprégnais de son odeur que j'arrive encore parfois à sentir en rêve et je m'amusais à passer ma main dans ses longs cheveux, qui m'aidaient à me cacher du regard des autres quand je jouais au timide. Elle m'embrassait la tempe avant de caresser les miens, d'un geste doux et maternel.

Mon père n'avait rien du père distant dont parle beaucoup d'enfants. Oui, il travaillait beaucoup et je le voyais moins souvent que ma mère, mais il me prenait autant dans ses bras. C'est lui qui jouait aux petits soldats avec moi le weekend et c'est lui qui me lisait une histoire pour m'aider à m'endormir le soir, même lorsqu'il rentrait plus tard que d'habitude. Je ne pouvais pas dormir sans avoir entendu sa voix avant. Chaude et réconfortante.

« Je t'aime » est la phrase que j'ai le plus entendu étant petit enfant. Je me souviens de la voix de mes parents la prononcer, chacun leur tour avant que je ne leur réponde la même chose. Se cacher n'a jamais été un trait dans la famille. Jusqu'à ce que tout bascule.

Je n'avais absolument pas conscience de vivre dans un milieu aisé. J'étais un petit enfant pourri gâté mais je ne l'ai réalisé que plus tard, lorsqu'on m'a tout pris. Mes parents, de par leur position sociale et financière, organisaient souvent de grandes fêtes à la maison. Réceptions, garden party, fêtes privées ou juste une petite réunion entre amis ou collègues. Avec cela, j'ai été très exposé. Toute notre bulle a été exposée aux yeux de tous et surtout des mauvaises personnes. Et on m'en a voulu. Énormément. Sans que je ne sache pourquoi pendant longtemps.

Parce que j'étais l'enfant désiré depuis longtemps de mes parents et l'enfant haï par tous les opportunistes. 

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