Je regarde par la fenêtre. J'éprouve un sentiment de claustration. A perte de vue, tout est blanc. C'est l'aube mais le soleil a une pâleur inhabituelle ce matin. Je suis face à mes toiles et j'éprouve comme les écrivains le syndrome de la page blanche. Dans ma tête, toute pensée logique a disparu. Je me saisis de mon plus beau rouleau et je commence à badigeonner la première toile avec du blanc cassé. Ceci, pour le village caché derrière la montagne et niché au creux de la vallée.
Cette nuit, je n'ai pas bien dormi. Une fenêtre était cassée et de la neige a pénétré à l'intérieur de mon atelier. Cette neige m'obsède. Je la dépose sur la deuxième toile. Elle fond aussitôt. Je choisis un tube de peinture oxyde de titane et l'applique à larges coups de pinceau. Ce sont les loups qui rôdent, je n'en doute pas.
La troisième et dernière toile est blafarde. Je ne supporte pas ce vide qui m'insulte. Ce blanc neigeux devrait faire l'affaire. J'utilise la technique à l'éponge naturelle pour l'enduire totalement. On dirait les traces de pneus de mon tout-terrain qui ont été recouvertes par la neige.
Je regarde en m'éloignant un peu. Je ne décèle pas de défaut. J'ai l'impression de me noyer dans toute cette blancheur. Ma femme me rejoint. Elle est maquillée pâle, le teint livide. C'est exactement avec cette nuance que je rêve de nourrir mes toiles.
VOUS LISEZ
Une oeuvre d'art inattendue
FanfictionComment un tableau peut-il susciter autant de discours? Vous y lirez les différents points de vue de tous ceux qui sont en lien avec ce tableau, de près ou de loin. Le tableau n'est pas oublié, lui aussi a son histoire à narrer. Cette nouvelle est t...