[OS] Tranches de vie

DARVEN

【parce que vous l'avez rêvée - enfin surtout demandée - et que ça m'éclatait de l'écrire... Voici une suite à la petite histoire - qui n'en est pas réellement une - sur Daryl.

Mais n'y prenez pas goût, faut pas abuser des bonnes choses, aussi savoureuses soient-elles... Même si moi aussi, je me suis grave régalée avec ce chapitre !

Bon a̷p̷p̷é̷t̷i̷t̷... euh lecture !】

☆☆☆ Point De Vue de DARYL☆☆☆

— Tu as déjà vu le film Inception ?

— Hum oui, je crois... C'est avec DiCaprio non ?

— C'est ça, me confirme Raven tout en continuant à tracer et retracer du bout du doigt les lignes de mon tatouage sur mon torse. Un rêve, dans un rêve, dans un autre rêve...

Je fronce les sourcils, me demandant bien où elle veut en venir. Nous sommes à Singapour depuis un jour et demi seulement et la voilà qui se met à me parler par énigme alors que tout prend pourtant tournure, que tout fait enfin sens. Je tente d'en plaisanter :

— Et pourquoi il me raconte tout ça, le Père Fouras ?

Elle esquisse un léger sourire, le visage niché dans le creux de mon épaule, son corps nu contre le mien. Je ne peux voir ses yeux, définitivement rivés sur la Bella Muerte qui orne mon pectoral gauche mais j'ai la sensation que s'ils étaient tournés vers moi, elle afficherait un regard grave et sérieux.

— Princesse ? C'est moi ou quelque chose te tracasse ?

Elle rejette la tête en arrière en soupirant puis elle se lance d'une voix étranglée par la contrariété, en basculant à califourchon sur moi.

— Dans ce film, les personnes qui voyagent aux confins de ces strates oniriques, possèdent un totem qu'elles seules connaissent et qui leur permet de savoir si elles sont dans le monde des rêves ou dans la réalité...

— Et ?

— Et si tu n'avais pas ce tatouage et cette sonorité légèrement plus rauque dans la voix, je pourrais presque penser que...

Elle s'arrête, le visage crispé. Chaque muscle de mon corps se tend, comme en alerte, mu par la peur de ce qu'elle va me dire ensuite. Une suite qui tarde, qui ne vient pas, comme si elle se refusait à la dire pour ne pas me blesser. Mais désormais, rien venant d'elle ne pourra me faire du mal. Nous venons de partager des moments plus intenses et dignes d'intérêt que tout ce que j'aurais jamais pu imaginer, que tout ce que j'ai vécu en un quart de siècle sur cette terre. Au risque de paraître complètement cliché, ma vie pourrait s'arrêter maintenant, je suis un homme comblé.

Néanmoins, l'inquiétude que je lis sur le visage de Raven me broie le coeur et je me sens dans l'obligation de l'aider, de l'encourager à poursuivre, car je sais bien quel chemin notre discussion va emprunter et je sais aussi quel en sera le terminus.

— Tu pourrais presque penser que je suis lui, n'est-ce pas ?

Elle hoche la tête en détournant le regard et en cherchant à enlever les paumes de ses mains, posées bien à plat sur mon torse. Je les lui retiens par les poignets : j'aime le contact de sa peau sur la mienne, j'aime la caresse de la chaleur qui s'en dégage. Je la vois déglutir avec peine et inspirer profondément avant de répondre à ma question par une autre interrogation.

— Tu... Tu n'as pas peur que je ne sois avec toi que parce que tu me le rappelles ? Que ma relation avec toi ne soit que dans l'espoir de le retrouver, lui ?