DESILLUSIONS ?

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☆☆☆

Je n'avais pas donné suite à l'invitation de Mike, finalement. Je suis persuadée que mon rêve n'était que l'expression d'un désir enfoui, étouffé depuis plus de deux ans.

Depuis que j'avais quitté Chuck, en fait.

Le baiser échangé avec mon co-interne n'avait fait que réveiller la bête, réveiller un appétit que je pensais éteint à tout jamais. 

Un appétit sexuel bien normal pour une jeune femme de vingt-six ans et qui n'aurait jamais dû être bafoué de la sorte par un pervers narcissique prenant son pied à m'humilier, de jour comme de nuit, debout comme au lit.

La verticalité n'est pas toujours synonyme de pied d'égalité entre homme et femme dans ce monde, mais l'horizontalité non plus. Du moins étaient-ce là les conclusions que ma relation avec mon ex m'avait fait tirer.

Oh, bien sûr, j'aurais pu me laisser aller... Lâcher du lest dans les bras d'un mec aussi canon que froid et distant. Et vous pouvez me croire, avec Mike, on frise le zéro absolu en terme de relations sociales. Je vous laisse donc imaginer l'effet qu'il aurait pu me procurer si on était allé plus loin, lui et moi.

Mais non. 

J'ai tenu bon. Tenu bon dans la tempête dont mon corps en détresse subissait les assauts répétés, plus violents à chaque fois. Echauffourées de brusque désir. Offensives agressives d'une attraction pour la gent masculine aussi soudaine que délicieuse et retorse.

Du genre qui vous prend par surprise, au détour d'un couloir ou à l'occasion d'une fermeture de portes d'ascenseur, quand celui qui occupe toutes vos pensées se fait l'invité du moment.

Will.

Le titulaire de Mike.

Le rayonnant et solaire docteur Sheffield.

L'invité désirable au delà du bon sens et surtout, presque marié.

Là, d'un coup, ça casse le mythe, je sais.

Bref... Après de longues semaines à s'être tournés autour sans même le savoir, il avait fini par se rendre à l'évidence : je ne le laissais pas indifférent et, la réciprocité étant vraie, Eve - l'ex-fiancée en devenir - sortit de sa vie, le laissant libre comme l'air et susceptible de tomber dans mes filets.

Ce qu'il fit volontiers et pour mon plus grand... bonheur. 

Je me retiens de dire "plaisir" car je vous connais, vous allez vouloir tout savoir et ce sont des choses que je ne suis pas prête à vous confier. C'est vrai quoi ! Vous en savez déjà bien trop sur ce qui anime mes rêves... Je ne vais pas en plus vous partager ce qui anime mes nuits, mes jours, mes gardes, de jour ou de nuit... 

Ahem. 

Je m'égare.

Donc pour en revenir à nos moutons, ou plutôt à mon petit ami, nous avons vécu des mois d'une passion dévorante, d'une belle histoire, de celles qu'on vous envie.

Je parle au passé, me direz-vous ?

C'est bien vrai. Déjà parce que ce passage de l'histoire est une rétrospective de ce qui s'est passé depuis l'épisode des vestiaires, dans le chapitre précédent, mais également parce que la passion dévorante a fini de me bouffer tout entière. Il semble qu'il ne reste plus rien qui soit digne d'un intérêt quelconque pour Will, me concernant.

Car voyez-vous, après ces nombreux mois à vivre d'amour et d'eau fraîche, il a fallu que cet imbécile de Mike - notez ce fin équilibre entre son sex-appeal et sa crétinerie - fasse la boulette en parlant d'un égarement passé, sans signification aucune à mes yeux mais suffisamment dérangeant pour déclencher une réaction en chaîne que je n'arrive pas à stopper.

[OS] Tranches de vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant