La fenêtre

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C'était une fille sans histoire, les soirs d'été elle s'accoudait à sa fenêtre et regardait le vent emmener les pétales des fleurs et les premières feuilles qui annonçaient l'automne. Puis, tout doucement elle levait les yeux et regardait le ciel, les nuages qui défilaient puis les premières étoiles. Elle savait en reconnaître quelques unes, et à chaque fois que la lumière d'une étoile se reflétait dans ses yeux elle se sentait vivante. Quand le vent venait caresser ses longs cheveux elle était enfin en harmonie, elle était là, vivante, se rappelant tous ceux qui n'était plus là pour elle. Pendant qu'une larme coulait sur sa joue elle murmurait au vent des paroles qu'il devait emmener aux oreilles de ceux qu'elle avait aimé et qu'elle aurait tant voulu revoir.

Elle pensait souvent à les rejoindre, dans ce monde dont on ignore tout, fort heureusement elle n'en eut pas le courage.

Elle restait donc là, tous les soirs laissant la tristesse de la vie l'envahir, elle pouvait bien se dire "Demain sera un autre jour, tout sera différent" au fond elle savait bien qu'elle se mentait à elle même. Les jours continueront de s’enchaîner, le soleil laisserais toujours sa place à la lune, le temps continuera de nous narguer passant de plus en plus vite à ses yeux. Elle en avait assez d'avoir peur, elle n'avait plus peur, elle n’avait plus rien à craindre, elle savait que les monstres ne se cachait pas sous son lit mais dans ses yeux, au plus profond de son âme. Elle ne voulait plus les craindre, ainsi elle luttait pour ne pas les laisser s'emparer d'elle, il ne s'agissait plus d'être heureuse, il s'agissait juste de ne pas laisser la tristesse gagner son cœur en entier. Mais voilà, elle était forte depuis trop longtemps, cette pause, à sa fenêtre, c'était une trêve, elle avait hissé le drapeau blanc à cette guerre qu'elle menait contre elle même.

Pendant que le vent caressait une dernière fois ses cheveux les faisant voler, elle sourit, malgré ses larmes. Elle ferma les yeux et se laissa emporter par les cris des oiseaux qui semblaient infiniment heureux. Parfois elle les enviait, elle aurait voulu être indifférente à la douleur et s'envoler loin de cette vie. Mais elle était là et ainsi allait la vie. Elle s'enfermait sur elle même plutôt que de s'ouvrir aux autres. Elle ne voulait plus aimé, elle avait assez perdu. Alors elle se recula, fermant la fenêtre murmurant un dernier au revoir à ceux qu'elle aimait et qu'elle aimera toujours. Elle ferma sa fenêtre et tira le rideau, elle s'effondra sur son lit et ses démons ressortir de ses yeux, elle pleurait, ils lui manquaient et la hantaient comme des fantômes. Ses yeux brillent encore des fantômes du passé, et chaque fois qu'elle ferme les yeux ils revenaient, elle pouvait les voir, encore une fois, mais dès qu'elle voulait les toucher son esprit revenant dans le monde réel. Rêves ou cauchemars ? Elle ne savait pas. Elle n'a jamais voulu savoir, elle voulait juste continuer à vivre.

Et elle vécu, elle grandi, comprenant pourquoi Peter Pan n'a jamais voulu grandir. Elle avait perdu ceux qu'elle aimait le plus, elle grandissait et elle avait peur. Elle devenait un monstre, les démons qui étaient en elle devenait plus fort, elle n'avait plus la force de lutter.

L'automne était déjà bien installé, les arbres orangés devant sa fenêtre semblaient briller dans les dernières lumières du jour. Elle avait 18ans, ses valises étaient faites. Elle partait. Alors, à sa fenêtre pour la dernière fois elle regarda les étoiles et laissa échapper un "Merci" qui se perdit avec les murmures du vent qui amenait la pluie. Elle reçu quelque gouttes, ou bien était-ce des larmes ? Elle ne pouvait pas le dire... Elle ne souriait plus, elle ferma la fenêtre en sachant qu'elle ne la rouvrirait jamais. Une partie d'elle venait de la quitter, mais rien n'avait vraiment changé. On ne peut pas aimer les gens autant qu'ils vont nous manquer. On lui avait offert l’infini pendant quelque minute chaque soir à sa fenêtre, elle devait maintenant tracer sa route.

Etat d'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant