OBLIVIOUS | AVENGERS [1]

2 | la douleur

Eliza posa un regard fatigué sur son amie. Elle regarda un instant ses pieds, puis finit par dire :

- C'est à propos de Josh.

Josh. Le frère cadet d'Adrien. Le petit ami d'Eliza. Alors c'était ça le souci ? Ils avaient rompu ? Nikki ne dit rien, cela semblait plus grave.

Adrien avait été son petit ami, deux ans... trois ans plus tôt. C'était la plus longue histoire d'amour que Nikki comptait jusque là. Les autres n'avaient été que des amourettes, sans vraiment de fond. Non, avec Adrien, ils se comprenaient, mais leurs vies avaient pris des routes différentes, qui les avaient amenés à se séparer.

Josh, lui, était en couple avec Eliza depuis bien plus longtemps, maintenant. Du moins c'était ce que Nikki croyait jusqu'à la phrase prononcée par la brune.

Les mots suivants la saisirent au vol dans sa réflexion et la firent s'écraser au sol.

- Il est mort il y a trois mois, il a été renversé par une voiture.

Nikki n'arrivait pas à se rendre compte de la portée de ce que son amie venait de lui dire. Elle vit les prunelles de cette dernière se remplirent de larmes. Trois mois. Elle en déduisit que son deuil était loin d'être achevé, et que si Eliza avait fini ses études de psychologie, elle avait dû mettre un potentiel boulot entre parenthèses.

Des vagues de sentiments forts traversèrent la jeune femme.
De la colère, d'abord, envers ce type de connard qui ne respectait pas la vie.
De la tristesse, ensuite, car elle appréciait le jeune homme, et que cela avait dû atteindre fortement ses proches et sa petite amie.
Ses émotions, le visage seulement fermé, Nikki les garda pour elle. Comme toujours.

Elle se contenta de prendre son amie dans ses bras, qui lui parut soudain plus maigre que dans son souvenir, et plus fatiguée, aussi.

- Il sortait de chez moi, Nikki. Il était en bas de mon immeuble.

Cette dernière comprenait parfaitement. Eliza se sentait en partie coupable.
Nikki finit par se détacher d'elle, quand elle sentit que sa poitrine n'était plus secouée de sanglots. Il sembla à la plus âgée, qu'Eliza allait ajouter quelque chose, mais elle ne le fit pas.

Cette hésitation ne correspondait pas à Eliza Disland, et ce fut pourquoi Nikki haussa un sourcil, mais ne chercha pas à en savoir plus. D'autant que la brune à la coupe au carré enchaîna brusquement :

- On est là pour te remettre à jour, non ?
- J'ai l'impression d'être un ordinateur quand tu dis ça, ma belle.
- C'était pas le but. Mais j'ai des coupures de journaux, une liste avec les grands événements, des listes politiques, le nouveau du côté de la recherche. Et le nouveau également chez tes chers Avengers.

Un faible sourire s'étendit sur les lèvres de la jeune femme à cette mention, malgré le manque d'entrain d'Eliza. Cette dernière savait combien Nikki était passionnée par ces héros et les secrets qui entouraient leurs victoires, depuis qu'ils existaient. Un reste de la magie de l'enfance, peut être. Alors elle fut touchée que malgré ce qui devait agiter Eliza depuis trois mois, elle eut pensé à elle.

Eliza lui donna les dernières nouvelles politiques, les menaces du président nord-coréen, les agitations causées par les attentats en France, ou encore les centaines de morts en Turquie, et la crise des migrants en Europe. Cet ensemble assez désastreux fit frissonner Nikki, surtout quand elle observa une partie des images, dans des journaux, qui avait fait pleurer le monde entier. Les quelques morts chez les sportifs qu'elle suivait régulièrement, les faits divers qui avaient un peu plus marqués les esprit que les autres.

De temps en temps, Eliza faisait des pauses, lui laissant le temps d'ingérer les informations, car elle connaissait suffisamment Nikki pour savoir que si elle ne disait rien, elle n'en pensait pas moins. Elle lui en fut reconnaissante. La jeune femme ne vit pas le temps passer tandis que sa meilleure amie entrecoupait parfois tout ça d'informations un peu plus joyeuse, divertissante. Comme les bons films à voir, le fait qu'il ne s'était pas déclenché une troisième guerre mondiale, ou encore les séries qu'il lui faudrait absolument rattraper.