Chapitre 6

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- Tu n'as rien oublié ?

Nalie vérifia une dernière fois son appartement. Ses affaires de ski ? Rangées dans la valise. Affaires de toilette et de maquillage ? A côté des chaussettes dans la valise. Le pc portable, enceinte et écouteurs ? Dans son tote bag Poudlard.

- Non, je crois que c'est... Oh si attend ! Elle courut à travers l'appartement et revint à la porte d'entrée avec de grosses lunettes de soleil style aviateur sur ses cheveux.

-Bon on est bien là ? S'impatienta Mathilde. C'est vrai que c'était indispensable les lunettes ! C'est pas comme si tu avais un masque quand tu skies !

Nalie lui lança son fameux "gniagniagnia", referma la porte, puis la ré-ouvrit directement. Elle courut dans sa chambre cette fois-ci et commença à jeter tout en l'air à la recherche du chargeur de son pc. Elle le trouva caché sous une tonne de vêtements. En passant, elle récupéra son sac à main.

- Oui parce que bon, si j'oublie mes papiers et mon argent, ça risque de te revenir cher ce petit voyage !

- Mais quel poisson rouge c'te fille ! s'exaspéra son amie.

Elle ferma enfin la porte à double tour. Elles descendirent les quatre étages sans ascenseur, faisant claquer les roues de la valise sur chaque marche.

- Tu sais qu'on part juste pour une semaine hein ? Railla Nalie lorsqu'elle aperçut la Clio, garée devant chez elle, remplie à ras bord.

- Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir de la mode ! Et il vaux mieux se dire "je l'ai" que "ah j'aurais dû le prendre" madame !

Nalie pouffa de rire en commentant :

- Pire qu'un escargot ma vieille. Il te faudra un semi-remorque la prochaine fois.

Elles essayèrent de rentrer la valise mais c'était peine perdu. Pareil que le jeu du carré dans le rond. Rien n'y faisait. Par dépit, elles vidèrent totalement la voiture. Une brocante s'était installée sur le trottoir sous les yeux amusés des passants. Dans un subtil jeu de Tetris, elles arrivèrent enfin à tout placer dans la petite clio.

- We can ! We win ! cria Mathilde en signe de victoire.

La petite voiture chargée ainsi rappelait les vieilles 4l bondées, de trente-six lors des premiers congés payés. Les deux femmes s'installèrent. Gâteaux et sandwichs dans la boîte à gants, bouteilles d'eau et sodas sur les côtés, playlist de voyage chargée et connectée à la stéréo. Elles étaient prêtes. Mathilde tourna la clef et fit vrombir le moteur. La petit Clio avança doucement tel un éléphant un peu pataud.

La route allait durer cinq heures. Les buildings défilaient pour laissaient place aux longues lignes blanches de l'autoroute. Le temps était maussade mais cela n'entamait aucunement la bonne humeur de Mathilde qui avait décidé de s'aventurer sur un terrain glissant :

- Et... Tu as eu des nouvelles ?

- Non... J'aurais bien voulu... dit sombrement Nalie.

Eric avait mis fin à leur relation en revenant de son travail, sans prévenir. Il était rentré, la mine sombre, s'était assis sur le canapé, et sans un seul regard à sa femme, il avait débité la fameuse phrase "je veux qu'on arrête". L'instinct féminin jouant bien son rôle et malgré le manque de contexte, Nalie comprit.Le monde était donc si facile à détruire, il suffisait juste d'une petite phrase, de quelques mots pour que tout bascule ? Si l'immeuble s'était écroulé lors d'un tremblement de terre, ça n'aurait pas été pire. Nalie resta figée, ces mots heurtant son cerveau de plein fouet comme une bonne claque dont on ne comprend pas la raison. Il déblatéra un monologue dans lequel il érigeait toutes les qualités de sa femme tout en se victimisant pour se complaire dans son choix. "Je ne suis pas assez bien pour toi", "tu mérites mieux" le genre de phrases qui donne juste envie de mettre un bon gros coup de boule à la personne. Puis tel un lâche, il s'était levé, avait fait quelques pas en direction d'elle, avait marmonné un timide "je vais chez Maxime" et sans regarder une seule fois Nalie dans les yeux, il avait refermé la porte d'entrée dans un bruit sourd.

Un Ski après l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant