Chapitre 7

63 10 0
                                    

Après quatorze virolets en épingle, un GPS notifiant un embouteillage au vu de la lenteur de la voiture, des cadavres d'emballages de confiserie jonchant le tableau de bord, des frayeurs à chaque précipice bordant la route, un émerveillant à la vision de cerf sur le bas-côté, elles arrivèrent enfin à l'hôtel résidence "l'étoile du nord".

- J'ai bien cru qu'on n'y arriverait jamais, s'exclama Nalie en s'équipant pour affronter le froid.

Elle sortit de la voiture et disparut subitement du champ de vision de Mathilde.

- Nalie ?

Une main apparut sur le siège suivit d'un corps et de la tête de Nalie dont le visage était recouvert d'une épaisse couche de neige.

- Ne dis rien, lança-t-elle d'un ton morose.

Elle se releva tandis que Mathilde sortait de la voiture. Celle-ci dû se cramponner à la porte. Les déneigeuses étaient passées, enlevant la neige à la surface, mais dessous des plaques de glace recouvraient encore le sol.

Tant bien que mal, elles récupèrent leur première valise puis se trainèrent à l'intérieur du hall d'entrée.

Deux portes vitrées s'ouvrirent pour laisser place à une entrée au ton bordeau et aux lambris de bois style vieux chalet savoyard. Il ne manquait plus que le coeur rouge en bois et les cornes de cerfs.

-C'est sooooooo kitch, soupira Mathilde en montrant du doigts ledit coeur suspendu au plafond.

Elles s'avancèrent vers la porte de la réception, Mathilde abaissa la poignée et poussa d'un coup sec. Mais seule sa tête avança et percuta les magnifiques gravures qui décoraient le bois entourant le mot réception. "Ah putin" lâcha-t-elle en se frottant le front.

-Nan mais jusqu'au bout... Se lamenta Nalie. Tu m'as emmené ici, on s'est gelée les fesses, mis six heures à rouler dans la neige, et là on n'a pas d'endroit où dormir car on a pas la clef car forcément on arrive en retard donc la réception est fermée, on va croupir dans le hall, et on retrouvera demain matin nos cadavres congelés et on verra apparaître dans le journal en gros titre deux...

- Hé ho Caliméro... Stoppa net Mathilde en la regardant désabusé, son sourcil levé. La clef est dans l'enveloppe laissée sur le meuble à côté de toi.

- Ah... Cool ! Nalie récupéra l'enveloppe puis en retira la clef. Bon ben c'est l'appart' soixante-huit ! dit-elle rayonnante.

-'Spèce de bipolaire va, marmonna son amie.

Elles prirent l'ascenseur dans lequel trônait, au-dessus des boutons, une affiche signalant une soirée à thème mercredi au bar de l'hôtel.

- Hé ! Mathilde donna un coup de coude à Nalie en montrant l'affiche. On ira ! c'est trop bien, c'est sur le thème des îles. En plus, un shooter offert si on vient costumée ! Tu vois, tu auras du soleil et la plage finalement, railla-t-elle en pouffant de rire.

Elles longèrent le long couloir fait de moquette. Les gens avaient eu l'ingénieuse idée de poser leurs chaussures à l'extérieur de la chambre. Premièrement, il était difficile de ne pas shooter dans quelques-unes en passant avec les valises, et deuxièmement :

- Non mais ça pue des « iepds » ici ! Y'en a, ils ne respectent pas leurs chaussures.

Elles entrèrent enfin dans leur appartement. Un petit hall d'entrée les accueillir, juste l'espace pour les vêtements et affaires de ski. Les jeunes femmes expédièrent leur doudoune sur le porte-manteau ainsi que leurs accessoires de grand froid. Enfin elles jetèrent leur valise en plein milieu du salon, puis tel un gros sac de patates projeté d'un avion, elles s'écrasèrent sur le canapé d'angle.

-Comment ça fait du bien... Soupira Mathilde.

Rappelant les éléphants de mer, elles restèrent avachies pendant une dizaine de minutes avant de se regarder et d'éclater de rire.

-Bon on visite ?

Prises d'un regain d'énergie, elles se levèrent joyeusement et entreprirent l'exploration des lieux. Aussi impatientes que des enfants, les deux coururent pour voir la chambre en premier. Elles ouvrirent la porte à la volée et se bataillèrent le droit d'accès. Nalie fut victorieuse et lança un "waouh" devant la grandeur du lit King size. Mathilde n'attendit pas plus et fit le saut de l'ange sur le matelas. N'ayant plus de place, Nalie prit un oreiller en tentant une percé frontale. Mais Mathilde répondit avec l'autre arme laissée sur le lit. Erreur stratégique de la part de l'adversaire. Un combat éprouvant et violent à coup de coussin dans la face éclata sur la literie, se finissant sur un crac sourd dont les jeunes femmes soupçonnèrent l'origine.

Après cette bataille épique, elles continuèrent l'exploration, tombant sur une deuxième chambre avec deux lits simples.

- On verra qui la prend suivant les soirs, dit Mathilde en terminant sa phrase par quelques bruits de bisous dans le vent.

Un grand placard longeait le couloir. Le salon était assez grand avec son canapé d'angle et sa table basse parfaite pour les apéros. Une grande baie vitrée s'étendait sur tout un mur et se volatilisait sous un épais rideau rouge. Une petite cuisine ouverte offrait tout le confort nécessaire :

- OH MY GOD un lave-vaisselle ! S'écria Nalie les larmes aux yeux.

La salle de bain offrait une baignoire qui tapa dans l'œil de Nalie, se voyant déjà dedans, avec un peu d'encens, une musique Chill et une bonne bière fraîche.

Elles défirent leur valise de Mary Poppins et entreprirent à contre cœur plusieurs aller-retours dans le froid pour soulager la pauvre petite Clio de tout ce poids de bagages. Elles installèrent tout impeccablement dans le placard, salle de bain et chambre, sachant parfaitement que dès le lendemain tout serait dans un bazar monstre. Nalie accrocha sa nouvelle tenue de ski à l'entrée et la fixa quelques minutes, prise d'une soudaine angoisse.

Un cri la tira de sa torpeur :

"APERO"

Mathilde fouilla dans le frigo qu'elle venait de remplir quelques minutes auparavant.

-Après l'effort, le réconfort et on s'en fou de l'heure !

Elle sortit deux bières, l'une blonde et l'autre à la cerise, puis quelques olives.

Elles se posèrent toutes les deux sur le canapé et, bière à la main, portèrent un toast.

- A nos vacances, lancèrent-elles en cœur.

Cette nuit-là, elles dormirent dans le grand lit, après un "shi-fou-mi" infructueux pour savoir qui aurait le petit. Mathilde avait revêtu son pyjama en soie jaune moutarde et aux motifs géométriques tandis que Nalie avait revêtu sa combinaison licorne. Elles avaient discuté brièvement avant que les ronflements de Mathilde n'indiquent à son amie qu'elle s'était perdue dans les bras de Morphée.

Nalie, quant à elle, ne trouva pas le sommeil et s'endormit sur le canapé vers cinq heures du matin, après s'être relevée et avoir visionnée nombres d'épisodes de "Rénovation impossible". La journée allait être longue.

Un Ski après l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant