-Ben qu'est-ce tu fous sur la canapé ?
Mathilde apparut dans l'entrecadrure de la porte du salon. Ses cheveux bouclés lui faisaient une montgolfière sur la tête tandis que son pyjama jaune moutarde se baissait du côté gauche de sa hanche, dénudant l'épaule droite. Sa manche partait en voyage le long de son bras. Elle regarda interloqué son amie en posant ses mains sur sa taille.
Nalie entrouvrit les paupières. Du moins essaya. L'exercice fut difficile et celle-ci du s'y prendre à plusieurs reprises avant de laisser apparaître le vert clair de ses yeux du matin. En position fœtal, elle s'étira de tout son long tel un chat sorti de sa sieste.
-Je n'ai pas réussi à dormir...
Elle se releva, s'accroupissant au milieu du canapé puis se laissa tomber de l'autre côté, prenant tout l'angle. Mathilde se dirigea vers la cuisine, fit chauffer la bouilloire et incorpora une capsule dans la cafetière.
Nalie se laissa glisser doucement, tête la première vers le sol.
- Mayday, Mayday, licorne en danger... Je répète licorne en danger, imita la jeune femme d'une voix nasillarde
Elle fini par tomber sur le sol et s'étala de tout son long.
Mathilde l'enjamba d'un air impassible puis s'installa confortablement sur le divan, mug de café et de thé à la main.
-Ah bah bravo ! On porte pas secours à une espèce en voie d'extinction, rouspéta faussement Nalie.
- Ouai ben si tu te dépêche pas, c'est ton thé qui va être en voie d'extinction, répondit son amie en faisant mine de prendre le mug.
Nalie se releva aussi sec, les yeux plissés tel un cowboy en plein duel, puis attrapa le mug. En tailleurs à côté de la table basse, elle prit une gorgé de son liquide matinale et ferma les yeux au contact de la céramique chaude sur ses lèvres.
Le souvenir bouillonnant d'un homme entrant dans la chambre, plateau à la main, lui revint à l'esprit.
Il avait préparé le petit déjeuner au lit. Thé fumant, des tranches de pain grillé, un oeuf avec une moitié d'avocat et un verre de jus de citron fait maison. Oui, parce que nalie était le genre de femme à n'aimer que les petit déjeuner salé. Au diable les tartines de confiture, la rose dans le vase, les gâteaux en forme de coeur. Non ! donnez lui un avocat tendre et vous lui ferez son bonheur.
Elle était lové sous la couette, un sourire dissimulé dessous en voyant arrivant son homme près d'elle, se délectant de l'odeur de nourriture.
- Bonjour ma chérieLa voix grave de l'homme s'échappa dans l'air pour disparaître dans le présent.
Nalie émergera du brouillard nostalgique, les yeux au bord des larmes.
Ce moment, Nalie le connaissait bien depuis une semaine où elle avait contact avec l'extérieur. Ce moment où on cache sa peine, sa douleur et qu'on se retient pour ne pas lâcher le torrent qui pourrait inonder toutes les rivières de la tristesse. Ce moment où la voix change radicalement par des cordes vocales martyrisées et forcées par les sentiments de fierté ou de honte. Cette toux pour fausser le jugement de l'autre et préparer son excuse d'une voix normalisée. Ce moment où les yeux n'ont comme meilleur stratagème de se lever au ciel afin d'évacuer les larmes naissantes. Ce moment où on voudrait que les gens se taisent et ne disent pas le mot qui pourrait faire tout basculer, ce moment où on souhaiterait qu'ils partent tout simplement pour ne pas te forcer à leur dire que tout va bien alors que dans ton cœur explose la bombe du souvenir. Mais les digues parfois se rompent.Les yeux au plafond, elle se leva, feignant de vouloir se préparer. Elle posa son mug puis partit dans la salle de bain. Mathilde la suivit du regard.
Il était dix heures vingt lorsque Mathilde et Nalie fut prête à partir. La combinaison couinant à chaque pas, le bonnet cachant les sourcils d'où s'échappait quelques mèche de cheveux, les gants rappelant ceux de Mickey, la ressemblance avec le Bibendum Michelin était frappante.Elles sortirent de la résidence,
La météo était plus clémente que la veille et un doux soleil se répercutait sur la neige d'un blanc éclatant.
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Un Ski après l'autre
ChickLitSe faire larguer par son mec, c'est sûr, ça ne fait pas du bien. Certaines le prennent avec dignité et remontent la pente puis d'autres comme Nalie prennent la pelle pour creuser encore plus profond. Elle, c'est le genre de future trentenaire au fon...