C H A P I T R E 3 : Arrêter de courir après l’impossible ...
Ce fut après un réveil des plus difficiles pour elle, qu’Isy rejoignit la salle de bain, trainant des pieds et prenant appui sur chaque mur qu’elle rencontrait au passage. L’espace de quelques secondes, elle contempla son reflet déplorable dans le miroir et songea qu’un peu d’eau froide lui donnerait probablement meilleure mine. Pourtant ni la fraîcheur, ni la luminosité ne semblait atténuer la fatigue présente sur son visage. Et bien qu’elle se doutait qu’une bonne douche n’apporterait rien de mieux à son image, le besoin de ressentir l’eau couler sur son corps devenait une nécessité après cette soirée, passée à redécouvrir ces vieilles photos datant du temps où elle semblait encore vivre sa vie de plein cœur.
Assise sur son vieux canapé, vêtu d’un simple pull ne lui cachant que la moitié des cuisses, Isy retourna à sa préoccupation première : comprendre son histoire. Au fond d’elle-même, elle ignorait complétement si ce désir de découvrir la vérité valait réellement le coup de lutter contre ses pulsions. Et qu’importe le nombre de fois où elle avait tenté de se convaincre qu’elle avançait dans la bonne direction, au final, chaque petit détail avait eu son importance et avait intensifié les quelques doutes qui subsistaient dans sa poitrine, rendant inefficace et peu réaliste son jugement.
De là où elle était, elle pouvait toujours apercevoir son album photo, lâchement abandonné sur la table basse de son salon. Si sa couverture dorée et pailletée était ce qui l’avait poussée à ouvrir ce recueil de souvenir, la minuscule phrase inscrite dessus avait bien plus suscité sa curiosité.
« Et dire que c’est vraiment Moi … La fille sur ces photos … »
Isy n’avait pas réellement compris si ce qui avait fini par lui donner la nausée avait été de voir Sally enlacer tendrement Finn ou bien de découvrir une photo d’elle plongée dans les bras des deux adultes. Elle soupira. Lasse. Et du pied, tenta de rapprocher l’album. Après quelques échecs, elle se leva brutalement et se saisit de l’objet d’une main plus que possessive. Ses yeux butèrent d’abord sur ces mots minutieusement collés, peut-être même gravés, sur la couverture : « There can be miracles ». Les miracles … Ca n’existaient pas. Ça n’avait d’ailleurs jamais existé à ses yeux. Ce n’était qu’une simple annotation permettant de définir tel ou tels événements s’étant produit dans une vie … Mais lorsque ce genre de moments ne subsistaient plus dans les souvenirs d’une personne, est-ce que l’on pouvait toujours parler de miracles et les qualifier de tels ?
« Les miracles, ça n’existe pas … »
A nouveau, elle feuilleta son album. C’était fou comme chaque fois qu’elle apercevait son visage, elle se demandait immédiatement qui pouvait bien être cette fille. C’était elle, sans être elle. Et il n’y avait que ça de vrai. Cette Isy, cette fille, cette personnalité et ce cœur … Ils n’étaient plus. C’était fini. L’époque où elle pouvait s’éclater en ressassant les souvenirs était révolue. Plus jamais elle ne pourrait s’esclaffer en se moquant d’un tel ou d’un tel. Plus jamais elle ne pourrait rire en se disant « Comme la dernière fois ! » … Et plus jamais elle ne regarderait les gens avec le même regard. Parce qu’elle n’existait plus. Et tout ce qui restait d’elle, c’était cette ombre, cette créature tapit derrière elle et marchant dans ses pas.
Stop. Il n’y avait pas de photo sur cette page. Juste ça. Une phrase. « When you believe … ».
« Rien que ça ? Parce que les gens pensent vraiment qu’il suffit d’y croire pour qu’un miracle se produise ? Sérieux ? »
Et pourtant, une partie en elle voulait y croire. Plus que tout. Au fond c’était comme si elle se forçait à croire en une sorte de happy end. Un moment de sa vie où son existence reprendrait des couleurs et du goût. Bref, une espèce de réalité pour le moins vraie. Ca dépendait de sa mémoire et de ses souvenirs. Oui, ça allait et ça revenait. Puis ça changeait. A chaque fois, c’était instable et perturbant.
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All Over Again
Novela JuvenilLorsqu'on lui dit qu'elle s'appelle Isy, elle se contente d'acquiescer comme un automate. Lorsqu'on lui apprend qu'elle a 17 ans, elle se satisfait de son reflet dans le miroir. Lorsqu'on lui révèle son passé, elle écoute sagement, tel une enfant. M...