Chapitre 8 - last kiss

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Shisha
Je me réveillai, couchée dans le lit de l'hôtel, vêtue de ma robe blanche.
Je m'asseyais lentement, la tête tournait.
Le soleil se couchait sur le lac.
La fenêtre du balcon était ouverte et je sentais l'odeur d'Anicols, il était sur le balcon admirant le coucher de soleil.
Silencieux, je ne perçais que des pensées interdites, imperçables.
Mais j'entendais son coeur battre, bien qu'il soit à plusieurs mètres de moi.
Je soufflai, il fallait que je lui dise.
J'avais l'impression que j'allais réussir à me contrôler, j'étais plus tranquille que la nuit d'avant. Je commençais à accepter qui j'étais devenue, lorsque je ne pensais pas à l'avenir.
Je me levai, pieds nus, marchant vers Anicols.
Il regardait le ciel, sans me regarder.
« - Comment vas-tu Shisha ? »
Je n'osai répondre.
Je soupirais dans le silence.
« - Shisha... »
Anicols était fermé et sa voix était sans aucune émotion.
L'odeur de son sang m'agressait et j'avais l'impression que je commençais à me sentir mal. Le sentant en danger.
Le silence m'etait insupportable, j'avais l'impression d'attendre la perte de contrôle.
Anicols ne se doutait de rien...
« - Viens vers moi, rapproche-toi... »
Non. Anicols... je ne peux pas.
Soudain, il attrapa ma main, me tira violemment vers lui. Je me retrouvais face à lui, face à des yeux vides, rouges, vidés de leurs larmes.
« - Anicols... prononçais-je dans le rouge du jour mourrant. Je... Je... »
Il plongea ses yeux, son visage devenu si froid, dans mon visage, perdu mais je sentais qu'il avait confiance en moi.
Pourquoi avait-il pleuré ?
« - J'ai vu tes canines, je les ai touchés... »
Cette phrase, le fait qu'il a approché ses doigts gonflés de sang, m'éclatait d'une soif incontrôlable, une envie irrésistible de lui sauter au cou, de boire son sang à grosses gorgées pour calmer ma gorge à présent en fusion, brûlante... Je sentais mes canines pousser, étirer toute ma gencive... Ma mâchoire s'ouvrant...
Il savait qui j'étais, il savait que j'allais lui sauter à la gorge...
Je m'apprêtais à fuir, loin de lui...
« - Tes yeux sont rouges, écarlates, je... je n'ai pas tenu ma promesse... »
Une pression chaude, une odeur alléchante et un violent coup de coeur s'écrasait contre ma bouche. Anicols m'embrassait, continuait, me montrait tout son amour...
Anicols...
Non...
Puis il se stoppa.
Il m'enlaça, et souffla tout simplement.
« - Tu ne sais pas à quel point je t'aime, Shisha. »
Oh que si je sais. C'est toi qui ne connaît pas assez mes sentiments pour toi...
Mais ce n'est point le moment des déclarations.
Il me pressa fort dans ses bras, il ne pleurait pas. Il attendait.
Je ne voulais pas le quitter, partir de ses bras chaleureux, chauds et protecteurs. Mais il le fallait, une nouvelle vague de soif m'envahit...
Et dans les dernières lumières du soir, j'ouvrai la bouche, les crocs prêts à mordre.
J'enfonçais mes canines dans sa peau, tel on croque dans une pomme, sauf que l'intérieur est aussi souple et mou que de la boue.
Instinctivement, elles pénétraient dans une veine entre l'épaule et la nuque.
Un goût intense m'envahit alors, un sentiment de puissance et d'intense bohneur naquit en moi et son sang si frais si goûteux si sucré m'envahit abondamment la bouche et l'œsophage.
Je l'avalai par quantité, tellement c'était... incroyablement délicieux.
Je ne pouvais plus m'arrêter, mon corps enfin ne me brûlait plus, il était satisfait.
Anicols ne disait rien, je ne voyais pas son visage mais je sentais que des larmes coulaient sur ses joues.
Non !
Qu'est-ce que je fesais, j'étais en train de le mordre...
de boire son sang, le sang d'Anicols... En train de prendre un bout de sa vie à chaque gorgées...
Je tentais de résister, mais c'était trop bon.
Trop intense.
Mes larmes coulèrent sur ce conflit intérieur, mordant mes joues et léchant le sol sans
Soudain, son corps me tomba dessus et sa tête bascula sur mon épaule.
«- Je n'ai pas tenu ma pro... messe... »
Je m'arrêtais d'avaler car ma gorge se noua.
Un bruit de verre se brisa au sol, les lunettes d'Anicols s'étaient écrasées sur le balcon.
Et la nuit était tombée en même temps.

Anicols
J'étais sur le balcon, triste.
Mais décidé.
Je voulais parler à Shisha.
Trouver une solution avec elle.
Je l'entendis se lever et marcher jusqu'à moi.
« - Comment vas-tu Shisha ? »
J'avais soufflé cette phrase avec le moins d'émotion possible, je bloquais tout sentiments.
Tant malheureux, j'étais.
Le soleil mourrait dans le lac, se noyait, il appelait à l'aide en nous dévoilant ces couleurs chaleureuses dans le firmament, mais personne ne l'aidait c'était son destin. Mon destin.
Je prononçais doucement :
« - Shisha... »
Aucune réaction de sa part.
Shisha était réservée, détruite... Autant que moi.
J'avais envie de prononcer : "Comment trouves tu ce coucher de soleil, shisha ? Toi qui les aimes tant...", mais ce n'était plus cette Shisha que je connaissais... C'était la marionnette de Anjoh, et tout la souffrance qu'elle et moi ressentions c'était... tout... de ma faute.
« - Viens vers moi, rapproche-toi... »
Je sais que ce n'est point une bonne idée... Mais...
Je m'agrippais à ses doigts avec ma main gauche. Il fallait qu'elle reste, ici, encore un petit moment.
Je la tirais à moi, dans la lumière rouge d'amour de l'étoile mourrante.
Shisha était pâle, ses yeux étaient à présent, d'un bleu clair étranger, plus du tout indigo et chaleureux.
Sa poitrine avait gonflée et elle s'était allongée, avait grandi.
Ses cheveux d'un blond si clair, presque blanc...
Ses lèvres étaient écarlates, je savais qu'elle ne s'était pas maquillée.
Ce n'était plus physiquement ma Shisha, c'était le visage qu'Anjoh voulait.
Il me l'avait volé.
Il l'avait brisée, mangée... tuée ou transformée ?
« - Anicols... bégaya Shisha. Je... Je... »
Même sa voix avait changée.
Pourtant je l'aimais toujours autant.
Et je sentais au fond d'elle, qu'elle avait besoin de vérifier cela.
Mais ce n'était pas encore le moment de lui dire qu'elle prenait trop de place dans ma vie, dans mon bon sens, dans mon coeur.
« - J'ai vu tes canines, je les ai touchés... »
Sa réaction, si terrifiante et déstabilisante soit-elle, ne me fit pas peur.
Ses yeux étaient devenus soudainement rouges écarlates, rouges de rage, rouges de désir...
Rouge de danger.
Cette phrase avait provoqué en elle une explosion, une envie intense de boire mon sang et le regret de ne pas avoir mordu lorsque je touchais ses dents, nouvelles dents.
Je savais qu'elle était sur le point de me mordre.
Mais j'étais au fond de moi, persuadé qu'elle ne perdrait pas le contrôle.
Tout était de ma faute, elle ne méritait pas de souffrir. C'était ma promesse déchirée de la naïveté du passé.
« - Tes yeux sont rouges, écarlates, je... je n'ai pas tenu ma promesse... »
J'étais perdu entre ma culpabilité et... Je ne savais même plus ce que mon cerveau cherchait dans tout ce bordel.
Si je l'embrassai et qu'elle me mordait... Je me transformerais en vampire ?
Mais si elle boit tout mon sang.
Il fallait que ce soit moi qui... récupère la punition...
Je lui offrais un profond baiser, sensuel et amoureux, juste parfait.
Elle ne me rendait rien, mais je ne pouvais lui en vouloir.
Je la serrai ensuite dans mes bras, de toute mes forces. Tellement je la lovais, tant j'avais envie de lui montrer tout mon amour. Et ma culpabilité. Mes regrets.
« - Tu ne sais pas à quel point je t'aime, Shisha. »
Elle restait silencieuse, perdue...
Mais je ne pouvais ressentir la torture qu'elle supportait.
Je la serrais plus fort.
"Shisha boit mon sang..."
Cette pensée n'osait sortir de mes lèvres, c'était une décision quasi suicidaire.
J'avais envie de lui offrir mon essence parce que je n'avais point pu la protéger.
Soudain, dans l'obscurité du soleil, le reflet du lac, les oiseaux paillant de suspense, une douleur aiguë et déchirante me crispa de frissons... Shisha avait mordu à proximité de la clavicule et des trapèzes.
La douleur était continue et profonde.
J'avais laissé échapper un « aïe !» dans la surprise souffrance.
Lorsque Shisha commença à avaler mon sang, je me sentais en centre d'une passion intense, un désir, un plaisir quasi sexuel... Un océan d'amour et de sensualité.
Je me sentais de plus en plus faible, je ressentais ce que ma belle Shisha avait connu lorsqu'Anjoh avait croqué son cou.
Avait-elle vécu pareillement ce sentiment de la vie qui partait avec le sang absorbé mélangé à cette émotion de plaisir si intense ?
Pourquoi l'avais-je laissée me mordre ?
Ses canines ne quittaient plus ma veine, plantées stables dedans.
Il pleuvotait des larmes de mes yeux fermés et malheureux.
Je me sentais fatigué, vaincu, endormi...
Shisha s'agrippa à mon pull, fortement, comme pour résister à cette tentation tant cruelle.
Mais elle ne s'arrêtait pas pour autant.
Le noir me grignotait et je chutais rapidement dans l'inconscience.
«- Je n'ai pas tenu ma pro... messe... »
Je sombrai dans l'obscurité, vivant...
Mais affaibli.
Oh Shisha, ne m'abandonne pas.

Ajonilove {en correction}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant