Un avant-goût de Mrs Walles : Prends tes affaires et fous le camp (4/5)

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Visiblement, la professeure n'avait pas du tout apprécié ce ton, et ce malheureusement pour Fred, puisqu'elle ne se remit pas à parler mais commença à se déhancher en sa direction tandis qu'il ne la regardait plus. Et il était bien le seul à ne pas avoir les yeux posés sur elle désormais, bien que ce soit avec lui qu'elle ait un problème. Maël à côté de son camarade lui donna deux coups de coude pour le faire se retourner, sans pouvoir décrocher lui-même son regard de la femme. Celle-ci laissa ses yeux se placer face aux siens pendant une seconde et lui adressa un sourire, tandis que Frédéric relevait la tête. Il fut presque désagréablement surpris de voir que Mrs Walles n'avait pas repris ses explications et était venue se planter devant lui, et il lâcha :

« Yes yes, what ? Pourquoi vous me regardez comme ça, continua-t-il en français tandis qu'il ne recevait pour réponse qu'un regard blasé, qu'est-ce que j'ai fait encore ? »

La quarantenaire ferma les poings et les posa distinctement sur la table, courban tlégèrement le dos et croisant les jambes par derrière :

« Je sais que tu n'as pas des super notes, et si mes cours te font chier tu peux toujours prendre tes affaires et sortir d'ici. Je te ferai une dispense si tu veux, je rédigerai un mot dans ton carnet comme quoi l'anglais te rend malade.

– Vous feriez vraiment ça ? Ce ne serait pas de refus, Madame. »

Il disait ça, et pourtant il restait bêtement ici à sa place, en croyant ne se prendre qu'un avertissement, alors que la professeure, de son côté, n'avait pas du tout pour intention de plaisanter. Elle arqua son habituel sourcil gauche en le voyant passif, et reprit :

« Hé, ho, t'as entendu ce que je viens de te dire ? Je crois que je n'ai pas été assez claire. Tu déranges mon cours, je te demanderai de prendre tes affaires et de sortir d'ici.

– Hein ? Ah, mais vous parliez sérieusement ?

– J'ai l'air de déconner, là ? Prends tes affaires et sors de cette salle. Dépêche-toi. Et que je n'ai pas à venir le répéter une deuxième fois, sinon ça va barder. »

Elle se releva entièrement, et tourna les talons d'un geste leste qui fit tournoyer sa jupe dans l'air pendant une demie-seconde pour retourner à son bureau en se remettant à parler de Christophe Colomb. Frédéric et sa touffe de cheveux sur laquelle passaient des reflets roux tira rapidement la langue, et remit son sac sur ses genoux pour commencer à y ranger son cahier. Lassé, le temps qu'il prenait pour ranger sa trousse aurait pu être pris pour préparer toute une valise.

Mrs Walles se retourna de nouveau, impatientée de ne pas l'avoir encore vu passer dans l'extrémité droite de son champ de vision pour prendre la porte, et le dévisagea littéralement en le voyant encore assis, en train de porter au ralenti son agenda à son sac de cours. Elle lâcha un soupir tandis que ses sourcils se fronçaient encore plus, et elle ne s'approcha que de quelques pas seulement avant de lancer :

« Je ne t'ai pas dit de te dépêcher, par hasard ? La durée du voyage de Christophe Colomb, tu l'as prise pour ranger le moindre de tes stylos, je n'appelle pas ça se dépêcher.

– Oh, mais je vais aussi vite que je peux, arrêtez un peu de me faire chier ! »

Vous n'étiez pas encours de mathématiques, mais prîtes un camembert que vous coupâtes en deux parts égales. Le camembert représentait la classe de Mrs Walles excluant Frédéric. La première moitié du camembert ouvrit d'immenses yeux et souffla, se préparant à voir Fred se faire sévèrement rediscipliner. La deuxième moitié étouffa dans un sourire enfantin un éclat de rire, attendant de voir Fred se faire violemment mettre à la porte.

D'un geste vif et guépardesque, la professeure saisit sa baguette qu'elle avait reposé sur son bureau, et joua une nouvelle fois avec la branche gauche de ses lunettes avant de se diriger vers l'insolent en tenant ses bras croisés derrière son dos et son bâton fermement dans sa main gauche. Tandis qu'il avait enfin fini de jeter la dernière de ses affaires dans son sac et ne bronchait toujours pas quant au reste de sa tâche qui consistait simplement à se lever, pousser la chaise et sortir de la pièce, Mrs Walles vint se pointer devant lui, ancrant dans le sol son pied gauche, puis droit. Les deux jambes fermes, les poings sur les hanches tenant toujours sa baguette fétiche, elle s'adressa à Frédéric qui s'était pour le moment retint de pouffer en la voyant ainsi :

« J'espère que j'ai mal entendu ? Tu oses me demander d'arrêter de te faire chier alors que c'est toi qui fais chier tes vingt-sept camarades et ta professeure ? Tu n'as pas de handicap particulier t'empêchant tout mouvement je crois, alors dépêche-toi de te lever et de foutre le camp.

– Mais vous allez faire quoi, avec votre baguette ? Me taper sur les doigts ? Faut vous remettre à l'ordre du jour Madame, ça fait des années que les profs ont plus le droit de faire ça. »

Il avait certes raison sur ce point, en revanche ce n'était certainement pas le fait qu'ils n'aient plus le droit de taper leurs élèves qui empêchait les professeurs d'avoir une autorité sur eux...

Rant book d'un mec qui vit un peu trop dans son monde...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant