Chapitre 4

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Le matin arrivé, nous nous levâmes tôt, je regardai Kusoke. La veille, nous avions décidé de dire aux autres toute la vérité.

« Ecoutez-moi, tous ! »

Tout le monde se tourna vers moi, interloqué.

« Ecoutez, vous savez quel est notre but : suivre les étoiles pour trouver les fragments de l'épée légendaire et avec, vaincre la Sorcière Obscure...

- Oui, dirent-ils en chœur.

- Eh bien en réalité, cette promenade en forêt n'était pas nécessaire, rien ne me dit que le fragment est ici, les étoiles ne me sont plus d'aucune aide....je vous ai menti... »

Je me mis à sangloter, Kusoke tenta de me consoler, sans succès.

« Es-tu en train de nous dire que tu nous fais tourner en rond sans intérêt ?! me reprocha Aslinn.

- ...Oui...je suis vraiment désolée...

Aslinn se retira, boudeuse, suivie de Mérédith. A la fin il ne resta qu'Aldaron et Kusoke... et Anar qui réfléchissait un peu à l'écart.

« Et toi Aldaron, qu'en penses-tu ? demandai-je.

- Eh bien, j'imagine que tu avais des raisons de nous mentir...

- Merci de me soutenir, je me tournai vers Kusoke, merci à vous deux ».

Il me sourit, gêné. Aldaron aussi me souriait. Nous regardâmes le feu crépiter. Nous avions discuté toute la journée. J'étais si fatiguée que je me laissai tomber dans le sommeil, entre Aldaron et Kusoke. La journée fit place à la nuit et la nuit fit place au matin. Aslinn et Mérédith m'en voulaient toujours mais pas Anar, trop sage pour se quereller lorsque nous étions en danger de mort.

En danger de mort peut-être était-ce aussi la raison pour que les autres m'en veuillent... peut-être qu'en essayant de me sauver, je nous avais tous condamnés à une mort certaine...

« Alors Misuki, que fait-on ? »

Je sursautai. Aldaron me regardait intensément. Les autres aussi d'ailleurs. Cela faisait un moment déjà que je tournai en rond. Deux heures plus tôt, on m'avait demandé ce que nous allions faire maintenant, et la réponse était toujours la même :

« Je n'en sais rien ».

La panique monta : Aslinn volait en tout sens, Mérédith se téléportait ci et là dans différents point d'eau, Anar marmonnait des mots incompréhensibles et Aldaron tournait en rond, songeur. Kusoke, lui, n'avait pas bougé, il me regardait toujours avec autant d'intensité. Et moi...moi je me faisais toutes sortes de reproches, et j'avais de plus en plus de questions, à en avoir mal à la tête, mais celle qui m'obsédait le plus était : Allons nous tous mourir ? Pour la plupart, la réponse était évidente : « Oui ». Mais moi je préférais que cela reste une question sans réponse. Et là, d'un coup, il me vint une idée :

« Nous allons parler aux arbres ! »

Les autres me regardèrent, interloqués.

« Misuki, tu sais très bien que les arbres aux mille voix choisissent à qui ils acceptent de partager leur sagesse, me disait Aldaron à voix basse, puisqu'il était le seul avec moi à avoir compris que les arbres pouvaient parler.

« Pardonnez-moi, mais je crois parler au nom de tous en demandant quelle est cette histoire d'arbres qui parlent », dit Aslinn.

Aldaron et moi regardâmes notre petite communauté. En effet, ils nous regardaient comme si nous venions de parler une langue étrangère oubliée de tous. Remarquez, c'était un peu le cas. Je regardai Aldaron, pour savoir qui leur expliquerait cette histoire. « C'est toi, le chef », semblait-il dire. Je soupirai.

« Vous vous souvenez de la légende des arbres-vivants ? Eh bien, Aldaron et moi pensons qu'ils n'ont pas disparu mais qu'ils sont prisonniers de leur propre royaume. Ils ont été ensorcelés pour ne devenir que des arbres chuchoteurs ».

Grand silence. Aldaron prit la parole :

« Ecoutez, cela peut paraître étrange, mais je suis sûr que Misuki et moi sommes tombés juste ».

Aslinn regarda les autres, et voyant que personne n'ouvrait la bouche, elle se lança :

« Bien, nous pouvons toujours essayer, c'est mieux que de rester là, bras croisés ».

Et on se mit en route.

« Félicitations, Aslinn, tu es devenue très courageuse, lui dis-je.

- Merci, ce voyage aura au moins servi à quelque chose », répondit-elle sèchement avant de repartir.

Kusoke vint près de moi.

« Tu penses vraiment que ces arbres parlent ? »

Il paraissait non pas intrigué, mais inquiet.

« Ne t'en fais pas, si c'est le cas, ils nous aideront, nous n'avons rien à craindre de leur part ».

Il hocha la tête.

La Malédiction des MondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant