Chapitre 4

227 13 2
                                    

Adossé à la porte de l'infirmerie, Chekov se trouvait dans un état qu'il n'avait jamais connu jusque-là, de sa vie. Il était en colère, furieux même. Il avait l'impression que la jalousie lui emplissait la bouche de bile acide. Sa tête lui tournait, ses mains tremblaient, et il ne sentait plus ses jambes. Les images se répétaient encore dans sa tête, et la colère montait, montait, montait.

Comment ont-ils pu ? Pourtant c'était clairement évident qu'il craquait pour elle ! Comment peuvent-ils se moquer de moi de cette façon ? Qu'est-ce qu'il a de plus, Bones, après tout ? Pourquoi ? Pourquoi pas moi ? Pourquoi m'a-t-elle fait ça ? Tous les deux, pourquoi ?...

Il lui fallut quelques minutes pour se calmer, mais il ne voulait pas rentrer dans sa cabine, et faire comme s'il n'avait rien vu, demain et tous les autres jours suivants. Chekov se construisit un visage de façade, essaya d'avoir l'air plus ou moins normal, et appuya, rageur, sur le bouton pour ouvrir la porte derrière lui.

La pièce était sombre, les lumières avaient été éteintes. Récemment. Chekov, en avançant un peu à l'intérieur, pouvait encore sentir le parfum léger d'Alexine flotter dans l'air climatisé de l'infirmerie.

- Il y a quelqu'un ?, appela-t-il, en se demandant par où Bones et Alexine avait bien pu sortir sans qu'il ne les croise.

- Oui, je suis là, répondit la jeune infirmière après quelques secondes, en sortant d'un couloir encore plus noir qu'il n'avait pas vu.

Elle pressa un bouton sur le mur le plus proche, et la lumière apparut au plafond. Elle avait les joues rouges et les cheveux encore un peu ébouriffés.

Sur le coup, Chekov ne savait plus quoi dire. Sa présence avait fait s'évaporer sa colère aussi soudainement qu'elle était apparue. Mais dans le même temps, il n'avait plus de raison, plus d'excuse, pour se trouver là.

- Je... Euh... Je suis là... Pour... Euh..., commença-t-il, en faisant travailler ses cellules grises qui, contrairement à leur habitude, étaient à la traîne.

Il eut l'impression qu'une éternité passa, mais son excuse prévue depuis le début lui revint à l'esprit soudainement.

- Une insomnie ! J'ai une insomnie, voilà. Je n'arrive pas à dormir...

Elle s'occupa de lui, et, au bout de quelques minutes, il repartit dans sa cabine, pas vraiment avancé dans ses projets. La colère et la rancœur l'avait regagné, mais à un niveau plus raisonnable, si la colère et la rancœur peuvent l'être. Il lui fallut une éternité pour s'endormir, et son esprit ne fut pas peuplé de doux rêves cette nuit-là.

Le génie et l'infirmièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant