Chapitre 5

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Dans un vaisseau, aussi grand soit-il, tout finit toujours par se savoir. L'USS Enterprise, après tout, n'était pas si grand. Et en quelques jours à peine, tout l'équipage était au courant de la relation amoureuse qui liait Bones et Alexine. Tout le monde n'avait que ça à la bouche. Il faut dire que les pipelettes n'avaient pas grand-chose d'autre à se mettre sous la dent. Alors les rumeurs, commentaires, et autres ragots pires que les news des journaux people du XXIème siècle allaient bon train. Visiblement, tout le monde était content pour eux. Tout le monde, sauf Chekov.

Paraît-il que ça couvait depuis longtemps, entre eux... Notre jeune génie en à peu près tout était toujours de mauvaise humeur, marmonnait sans arrêt dans sa barbe inexistante, n'était jamais concentré dans son travail. Après une énième erreur de sa part que Sulu avait dû corriger, son ami et collègue le prit un instant à part. Il s'inquiétait pour lui. Chekov était toujours gentil et de bonne humeur, avec tout le monde. Mais ces derniers temps, il était devenu mauvais et aigri. Sulu aurait voulu lui dire qu'il pouvait tout lui dire, tout ce qui n'allait pas, si ça pouvait l'aider à aller mieux, à redevenir comme avant, si c'était possible. Mais Chekov l'avait rejeté avant que Sulu n'ait pu finir sa phrase.

Mais le jeune homme n'était pas le seul à s'apercevoir que quelque chose n'allait pas avec Chekov. Scotty aussi avait essayé de lui parler, et Scotty aussi s'était cassé les dents sur un mur de silence et d'aigreur. Ils avaient essayé de lui faire cracher le morceau, de lui faire dire ce qui n'allait pas. Rien à faire.

Quelques jours plus tard, Sulu et Scotty s'étaient concertés et avaient décidé d'en toucher un mot au capitaine Kirk et à Monsieur Spock, leurs supérieurs. Si eux ne pouvaient rien faire, personne ne le pourrait. Un après-midi habituel où ils prirent, innocemment et volontairement, l'ascenseur avec le jeune russe, Spock stoppa net la machine. Avant que Chekov ait pu faire part de son étonnement, Kirk aborda le sujet sensible. Pas question de sortir de là sans qu'il ne leur ait confié ce qui n'allait pas !

Chekov n'avait pas le choix. Il leur raconta tout depuis le début. Il cracha le morceau, les épaules basses, la voix sombre, les yeux pitoyables. Après un regard complice et entendu, Kirk et Spock lui conseillèrent, chacun à leur manière, de tout avouer à Bones et Alexine, s'il était vraiment sûr de lui et sûr que ça vaille le coup. De tout détruire, en quelque sorte. Leur mission allait encore durer de longues années. Etait-il judicieux de créer un conflit dans l'équipage du vaisseau ? Une dissension qui, qui sait ?, pourrait être grave, ou même potentiellement fatale ? Ou alors d'arrêter de faire l'enfant gâté, et de laisser tomber. Était-ce vraiment l'amour et la jalousie, qui le faisait agir et se sentir ainsi ? Ou bien l'orgueil d'avoir été évincé par quelqu'un d'autre ? La déception qu'Alexine ait choisi Bones plutôt que lui ? Qu'est-ce qui, vraiment, le mettait dans cet état-là ?

Leurs petits discours énoncés, ils n'attendirent pas que le jeune homme leur réponde. Ils redémarrèrent l'ascenseur, comme si de rien n'était, et descendirent à l'étage suivant.

Toute la soirée et toute la nuit suivante, Chekov réfléchit, calmement et le plus objectivement possible au choix qu'il allait faire. Le lendemain, il avait pris une décision.


Le génie et l'infirmièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant