Chapitre 18 - Menaces divines (La Mort)

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La Mort tapotait sur la table, le regard dans le vide. Ses deux invités étaient tout aussi silencieux et le regardaient, les lèvres pincées.

– Comment est-ce que ça a pu se dérouler de cette manière ?

L'homme aurait dû se douter que ça ne se passerait pas aussi bien qu'il l'aurait voulu. Il avait pourtant pensé que confier des missions comme celles-ci à son plus jeune fils permettrait à ce dernier de sortir du lot et de poser sa marque dans leur monde. Malheureusement, il s'était détourné de cette mission.

– Quand on y réfléchit, la situation n'est pas si terrible que ça, déclara Iude. Après une petite observation de son âme, la jeune fille s'en sort très bien. Je dirais même que ses envies d'en finir ne sont plus d'actualité.

– Mais Luka est tombé amoureux, rétorqua la Mort.

– Et ? Je ne vois pas ce que ça change. On peut être amoureux et tout de même laisser tomber. Il souffrira, certes, mais bien moins que si on exécutait la merveilleuse sanction imaginée par ton autre fils.

– Cette sanction est très bien pensée, fit son collègue aux yeux rouges assis à ses côtés et jusqu'alors resté silencieux. Les humains et les Serviteurs des Morts n'ont pas à fricoter. Vous n'êtes pas du même monde. C'est un fait. Et sans vouloir enfoncer le clou, je pense que de toute façon, c'est trop tard pour Luka.

L'homme à la tête des Serviteurs des Morts serra le poing. Il le savait. Il savait que c'était trop tard. Luka n'avait aucune chance d'échapper aux sanctions, cette fois. Il ne trouvait aucune solution pour empêcher la sanction de Caym de s'appliquer.

– Il est peut-être possible d'arranger le coup. Évidemment, Luka n'en sortirait pas blanc comme neige...

– Ou comme tes cheveux, ricana Abdeil.

– ... mais il devra faire un sacrifice. C'est lui ou elle. On peut essayer de faire ça.

Iude semblait chercher toutes les solutions possibles pour permettre à Luka de s'en sortir sans trop de problème. Seulement, la Mort savait que son fils ne sacrifierait pas la jeune fille pour se sauver lui.

– Autrement, on peut peut-être évoquer le cas de la petite Océane ? suggéra le dirigeant de Nefer avec un sourire carnassier. Parce qu'il me semble qu'elle représente elle aussi un petit problème. Son Don n'est pas supposé se manifester sans qu'elle n'intègre la famille, je me trompe ?

– Une erreur de Caym, avoua la Mort.

– Il y aurait donc quelques problèmes d'éducation ? se moqua Abdeil.

Le père de Luka et Caym tenta de rester calme, même si l'envie de s'attaquer à son supérieur se faisait de plus en plus forte. Il devait rester calme parce que ça ne l'aiderait pas à arranger la situation. Le don d'Océane s'était manifesté. Caym en avait d'ailleurs fait les frais, tout comme un enquêteur. Elle pouvait diriger les personnes et leur ordonner de faire ce qu'elle voulait. C'était dangereux si ce n'était pas maîtrisé.

– C'est quoi la peine de ce genre de chose ? demanda Iude.

– C'est encore inédit, soupira l'homme. La seule chose qui est sûre, c'est que je ne peux pas la laisser parmi les autres Serviteurs. Je lui avais dit que je la tuerais si jamais elle développait ce don. Mais j'espérais que ça n'arriverait pas. Après tout, elle n'est pas responsable.

– Nous allons devoir demander de l'aide au Club des Cinq, railla Abdeil. Ils vont être ravis.

– Ils vont être ravis d'apprendre que tu utilises encore ce surnom stupide, surtout. Ça fait tout de suite moins divin.

Le Protecteur des MortsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant