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Salam Aleykûm,

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-« Je suis désolée d'avance des propos que tu vas entendre Izdîhar. Jamais je ne pourrais penser ça de toi et je ne conçois toujours pas le fait que..que cette personne puisse penser cela. »

Izdîhar-« Je t'écoute.»

Je souffle un bon coup avant d'entreprendre des explications.

-« C'est Azhal. Elle...elle je sais pas quoi te dire en fait. Elle divague, elle jalouse, elle, elle tout en fait. Jalouse non pas de ta relation avec moi, pire, mais plutôt de..je ne peux même pas parler de relation mais c'est le mot qu'elle a employé, de ta relation avec Sahil.»

Izdîhar ouvre grand les yeux comme choquée par mes propos.

Izdîhar-« Mais quelle relation même ? »

C'est exactement la phrase à laquelle je m'attendais. Dites-moi donc quoi répondre ? Je ne peux rien dire, strictement rien dire.

-« Je..je sais pas Izdîhar, je la reconnais pas. »

Izdîhar reste silencieuse un long moment avant de sourire et de poser sa main sur mon épaule, comme pour me réconforter, alors que c'est moi qui devrais le faire.

Izdîhar-« Oublie et pardonne la, elle ne se rendait sûrement pas compte de ses propos chérie. Ça reste ta meilleure amie. »

-« Et toi t'es ma sœur. »

Elle sourit timidement.

Izdîhar-« Bien sûr, ou disons belle-sœur ? »

Je comprends où elle veut en venir enfin.

-« T'es complètement folle Izdîhar, ça n'arriveras pas. Y'a plus de chances qu'on s'embrouille mdr. »

Elle rigole.

Izdîhar-« Crois-moi tu te leurres. Mais pour l'heure, viens on sort et pense plus à ça. »

Quelle sagesse. Les accusations étaient portées envers elle et elle oublie et pardonne et lui trouve même des excuses. MashaAllah, quelle patience.

Je la suit et la trouve d'autant plus magnifique qu'elle est sage. Elle portait cette fois-ci un voile bleu ciel s'accordant à merveille avec sa longue robe beige. La montre a sa main me rappelait celle de son frère, ah d'ailleurs ça me rappelle le mien.

-« InShaAllah il réussit son examen lui. »

Elle se tourne vers moi et m'interroge du regard.

-« Il passe ses examens avant d'être architecte InShaAllah. »

Elle sourit.

Izdîhar-« InshAllah il réussira. Mais dis moi, à 20 ans comment c'est possible qu'il le soit à cet âge ? »

Je rigole en souriant ahlala c'est mon frère ça. En y repensant je suis fière de lui.

-« Mon frère savait depuis tout petit qu'il ferait ce métier, ça le passionnait. Et à partir du moment où il en était sûr, il s'est mis à travailler l'architecture jusqu'à passer des nuits dessus. Après son bac S, qu'il a eu haut la main, il s'est orienté vers l'architecture comme il le pensait depuis longtemps. C'était déjà le meilleur et pour cause ; des centaines de nuits sans sommeil, par passion. A partir de là il a sauté deux années, et c'est ainsi que aujourd'hui il se retrouve architecte très tôt. »

Elle sourit, impressionnée.

Izdîhar-« MashaAllah. »

-« Izdîhar j'ai une question mais ne le prends pas mal, je t'en prie. »

Izdîhar-« Je t'écoute Yâra qu'elle que soit la question. »

J'hésite quelques secondes mais finit par me lancer.

-« Pourquoi...enfin pourquoi tu n'as pas continué tes études de médecine ? Je comprends que tu sois malade évidemment, mais pourquoi tu as lâché ? Tu aurais dû au moins essayer de finir, non ? »

Elle me regarde dans les yeux, les yeux emplis d'une sagesse infinie.

Izdîhar-« Tu me poses la même question que mon frère il y'a de cela quatre ans tu sais. »

Elle sourit, sûrement à la pensée de ce souvenir.

-« Ton frère était donc contre ? »

Izdîhar-« Contre est un grand mot, mais il pense que j'abandonnais mon rêve, il s'est mépris comme toi maintenant. En réalité, Yâra, quand on te dévoile que tu es malade et qu'il ne te reste que quelques années voir seulement quelques mois, crois-moi tu ne penses qu'à ta rencontre avec le Très-Haut. »

Elle sourit une énième fois et finis par s'asseoir à la chaise de la table à langer, bientôt suivie par moi-même.

Izdîhar-« Tu sais Yâra, ce cancer a été un cadeau de Dieu. Un réel cadeau, une chance en fait. Il y'en a pour qui la mort est un déclic, le mien était cette maladie. Allah m'a donné la chance inouïe de préparer ma mort en pleine conscience. Il voulait que je réussisse et je réussirais InShaAllah. Mais c'est ça, c'est un cadeau. »

MashaAllah était le premier mot qui pouvait sortir de ma bouche. Elle venait en quelques phrases de me résumer le sens de la vie. Sa maladie, elle ne le prenait non pas comme une malediction, comme un abandon de Dieu, mais bel et bien comme le soutien direct du Très-Haut.

Izdîhar-« Preuve en est, je ne me suis jamais sentie aussi bien et sage qu'après avoir découvert de quoi je souffrais. Tu sais Yâra, je n'ai presque jamais parlé de mon passé, de ma vie à quiconque, mais aujourd'hui j'ai envie de m'ouvrir à toi parce que parler avec toi semble être une évidence. Je te fais confiance, et cette confiance est innée. »

Je sourit, et elle se met à réfléchir. Je ne voulais pas briser ce beau silence plein d'aveu. Ne dit-on pas que si l'on a pas de chose à dire plus belle que le silence il faut se taire ? Eh bien si, alors je me tais et écoute.

Izdîhar-« Lorsque mon père est mort, AllahY'rahmo, Aahil avait dix ans et j'en avais 6. Ce jour-là, et malgré mon âge très bas, je m'en souviendrais toujours. Mais est-ce humain de dire que la mort de son propre père a amené une vague de soulagement en soi ? Je ne crois pas non, et c'est pourquoi je n'affirmerais pas cela, car malgré tout, cela reste faux. J'étais soulagé car je me disais que plus jamais, au grand jamais je ne verrais les larmes de ma mère couler. Car même à cet âge, je savais que lorsque l'homme que j'appelais papa prenait la main de ma mère, ce n'était sûrement pas pour la faire danser. »

Des larmes coulent sur ses joues déjà bien humides sans que je ne puisse réagir. Sa dernière phrase m'avait touchée, et je ne pouvais plus répliquer.

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IMPRESSIONS ?

Vous ne pouvez pas savoir comment j'ai pris plaisir à écrire cette partie, mais pas un plaisir joyeux non, ce plaisir qu'on ressent quand on est triste et désemparé par une situation mais qu'au fond on sait que c'est la réalité, et surtout qu'on sait à quel point le message que l'on fait passer est fort.

J'espère que vous aurez aimé, et croyez moi je pense prendre tout autant de plaisir à écrire la suite InShaAllah.❤️

Avis ?

@inaccess2ible

«Ténèbres Lumineux»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant