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Salam Aleykûm.

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Les larmes voulaient me monter aux yeux, mais je me motivais en me disant que celle qui avait vécu tout cela était devant moi, et que c'était elle la plus atteinte.

Izdîhar-« Avant la mort de mon père nous n'étions pas très riche. Nous vivions dans un quartier, plus précisément dans une cité, dans le bloc C comme aime à se le rappeler Akhy Aahil. Ça n'était pas la misère comme en Éthiopie, mais on était assez pauvres pour pouvoir prétendre à des dizaines d'allocations. Et après ce jour, rien n'a changé comme tout a changé. Quel oxymore. J'étais trop petite pour réfléchir de moi-même mais je comprenais déjà tout très bien. Et de ce jour, j'ai vu mon frère comme je ne l'avais jamais vu. La piété évidemment ne l'a jamais quitté, et quelque chose a dû se briser en lui ce jour là, mais cette chose qui s'est brisée ne renfermait sûrement que du mal. Car bien qu'il ne m'en ait jamais parlé, je sais qu'après ce jour là, il est devenu plus pieux que jamais. Mon déclic a été ce cancer, le sien est sûrement dû à cette mort. Depuis ce jour-là, ma mère souriait un peu plus sans pour autant être débarrassé de sa peine, puisqu'elle se devait de travailler 3 fois plus. Ainsi je la voyais se casser le dos, rentrer, déposer les courses et s'effondrer. Aahil je le voyais toujours mal, et à chaque fois c'était le même scénario. Lui qui insistait pour cuisiner, et elle qui le suppliait de retourner travailler et finir ses devoirs dans sa chambre. C'est grâce à elle, grâce à ma mère si nous sommes ce que l'on est aujourd'hui. Quand les jeunes de la cité allaient dealer, ou flâner en bas des tours, elle interdisait à Aahil et à moi de sortir de la maison, et elle nous faisait étudier. Ma mère n'étais pas très forte, mais tous ses rêves qui s'étaient envolés après son mariage sont revenus en trombe à notre naissance et elle nous a transmis son ambition, et sa motivation. Aahil a grandi, et elle l'a vue emporter son bacc haut la main. Elle était fière et il l'était. Malheureusement, maman n'aura jamais pu profiter et voir son fils à la tête d'une entreprise florissante, elle n'aura pas pu vivre dans une maison somptueuse, vivre avec l'argent que son fils lui réservait. Et elle ne m'aura pas vu emporter mon bacc et le meilleur de tout ça, n'aura pas vécu ma maladie avec moi, puisque ma mère est morte lorsque j'avais 16ans. Et lorsque mon frère avait 20ans. AllahYrahma.»

Elle ravale difficilement le torrent de larmes inondant son visage, et sourit avec sagesse. Je place ma main sur son épaule, compatissante et aussi fière devant autant de courage.

Izdîhar-« De ce jour, nous n'étions pas livrés à nous-mêmes comme peuvent l'affirmer beaucoup de gens, non, Allah était avec nous. Et un an plus tard jour pour jour Aahil créait son entreprise. Tellement innovante qu'il remporte un succès direct et prodigieux. J'ai continué sur le chemin que m'avait enseignée ma mère. La Reine des mères. Et Aahil était toujours derrière et devant moi. M'encourageant, et m'aidant. Si je suis ce que je suis aujourd'hui c'est en partie grâce à ma mère mais aussi et surtout grâce à lui. Tu sais pourquoi Yâra ? Car il n'a jamais perdu sa foi en son dieu. Le petit garçon de dix ans qu'il était, il l'est toujours. Et dans ses plus sombres ténèbres, les lumières sont présentes. Car Allah n'oublie jamais. Et tu vois, quand je te raconte mon histoire, je ne peux la délier de la sienne, car lui, c'est moi, et moi je suis lui. »

Elle sourit plus rayonnante que jamais, et je ravale difficilement mes larmes.

-« MashaAllah. »

Izdîhar-« Tu sais cette lumière que je vois quand je regarde Aahil, c'est bizarre mais c'est la même que j'observe en te croisant Yâra. »

-« Tu ne me croirais certainement pas si je te dit que c'est moi qui ai l'impression qu'une lumière émane de toi à chaque fois que je te vois. »

Soudain, le téléphone d'Izdîhar sonne nous interrompant. Elle le prends et fronce des sourcils.

Izdîhar-« C'est Aahil. »

Elle décroche, et j'entends la voix de son frère forte mais toujours aussi calme de l'endroit où j'étais. Elle met directement en haut-parleur, preuve qu'elle me respecte et m'aime beaucoup.

Aahil-« Izdîhar ! T'es où là hein ? Avec Yâra c'est ça ?»

Izdîhar-« Oui comme je te l'ai dit il y'a-»

Il l'a coupe furieusement.

Aahil-« Je veux pas t'entendre, tu rentres directement à la maison, dépêches toi Izdîhar j'veux pas me répéter. »

Izdîhar fronce les sourcils d'incompréhension, autant que moi elle ne comprends pas apparement.

Izdîhar-« Aahil y'a quoi ? Tu me fais peur là ! »

Aahil-« Non t'a pas à avoir peur de moi tu le sais, mais là si t'es pas à la maison dans moins d'un quart d'heure Izdîhar tu pourrais avoir peur de moi pour la première fois de ta vie. »

Izdîhar raccroche directement et se lève assez paniquée.

Izdîhar-« Je ne sais pas ce qu'il a, mais ça doit être grave, je m'excuse mais je dois partir tout de suite Yâra. »

-« Je t'accompagne ! »

Il était hors de question que je la laisse partir seule après tant d'émotions. Je cours vite prendre mes clés dans ma chambre, et descend aussi vite en arrachant au passage mon phone. Je la trouve prête et paniquée.

On monte directement dans ma voiture et ses mains tremblent tellement qu'elle a du mal à s'attacher. J'espère que ça en vaut le coup, il lui a vraiment mit un coup de stress. Je conduis assez vite tout en faisant attention à la route. Ce n'est pas parce que l'on a des problèmes personnels qu'on devrait mettre la vie d'autrui en danger, c'est inconcevable.

Après moins de quinze minutes de route, je me gare devant la somptueuse maison, celle-là même que j'avais visité avec mon frère et Aahil. Elle enlève sa ceinture à toute vitesse, et sort en trombe. Je la suis et la vois entrer. Elle m'attends avant de sonner. La porte s'ouvre à la volée et laisse apparaître Aahil dans un état...un état tout à fait nouveau. Je ne me souviens pas l'avoir vu aussi énervé un jour.

Il était en pantalon noir, chaussures vernies de la même couleur et chemise blanche. Ses cheveux soyeux et bouclés retombaient sur son front avec classe. Son regard lui était impénétrable, et malgré ses yeux très clairs, assez ténébreux.

Aahil-« Tu te moques de moi là toi hein ? »

Dit-il en me visant du regard.

Aahil-« De quel droit tu te permets encore d'approcher ma sœur hyn ? »

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IMPRESSIONS ?

Ça se corse eheh. Qu'en pensez vous ?

Pourquoi Aahil agit comme ça, soudainement ? Idées ?

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@inaccess2ible

«Ténèbres Lumineux»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant