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Le canapé me supporte depuis quelques jours maintenant. Je doute qu'il s'attendait à ce qu'on partage autant de moments ensemble. Et même avec le temps qui passe, je suis dans l'incapacité de m'endormir dès que je ferme les yeux. Il y a trop de choses dans mes pensées. Je pense à Marie, je pense à Amaury, aux enfants et à mon ex. Je ne sais même pas pourquoi elle est revenue dans mon esprit celle-là. J'ai eu envie de la reprendre dans mes bras, sûrement parce que je sais que je ne pourrais prendre Marie contre moi. Je suis en manque d'amour, d'attention, mélangé à de la déception.
Comme pour la fois d'avant, l'ouverture de la porte me surprend, même si ce soir, je m'attendais à son retour. Je me redresse dans le noir. Mes yeux transpercent le sombre de la pièce puisqu'elle se tourne vers moi. Elle sait que je suis réveillé. Peut-être qu'elle me fait un signe de la main, mais je ne la vois pas faire. Le lampadaire de dehors m'aide à l'observer. Elle se penche en avant, quitte ses chaussures pour faire le moins de bruit possible. Puis, elle monte l'escalier. Comme la dernière fois, elle s'en va dans la salle de bain et fait couler l'eau. Cette eau pure qui la délayera de ses pêchers, car oui, aujourd'hui, je sais que c'est pour se sentir plus propre qu'elle fait ça ainsi que pour qu'Amaury ne sente pas une autre odeur sur elle lorsqu'elle est dans ses bras. Elle quitte la salle de bain et marche jusqu'à leur chambre, le parquet craque toujours au même endroit, devant l'entrée de la pièce. C'est fou comme quand on se fait chier, on découvre des choses dans cette maison. Ils se parlent, mais je ne peux pas savoir de quoi, c'est comme si une porte en plus est fermée entre eux et moi. J'entends que des murmures. Alors, je me couche. Ce n'est pas en bloquant le son vers une oreille que je vais pouvoir mieux entendre, mais je crois que ce soir, je ne pourrais pas connaître le débat entre eux, même si je peux le deviner.

Les yeux fermés, le sommeil prend possession de ma personne. Ce n'est qu'au moment où je me sens partir, comme si c'était fait exprès que j'entends à nouveau du bruit. Un bruit lourd qui réveillerait un mort. On descend dans les escaliers, vu le bruit, le poids est lourd alors je suppose qu'il s'agit d'Amaury. Alors, elle lui aurait dit ? Il connaîtrait toute la vérité et en colère, il est parti, il va quitter la maison. La lumière s'allume dans la pièce, plus aucun respect pour moi qui suis censé dormir. Je me relève, la tête un peu dans les vapes. Au lieu de le voir s'avancer vers la sortie de la maison, il s'avance vers moi. Je lui souris comme un bon frère, mais lui ne me sourit pas en retour. Ses yeux, son regard, ils sont en feu, il veut me tuer. Je n'ai pas le temps de me lever du canapé qu'il m'attrape par le col. Nos visages sont près. Je suis complètement terrorisé. Je l'ai rarement vu comme ça, et même, ce n'était pas contre moi. Un premier coup part et je lâche un cri de douleur.

– Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

– A propos de quoi ?

– Ne fais pas l'idiot Ismaël. Tu m'as laissé ignorant !

– Mais de quoi ? Lui demandais-je alors que je prend un nouveau coup en pleine face.

– Elle m'a trompé. Elle vient de me le dire et toi, tu étais au courant. Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Je t'ai toujours fait confiance Isma ! C'est pour ça que je t'ai laissé venir habiter ici, parce que tu es mon frère. Je l'ai rarement vu comme ça, et même, ce n'était pas contre moi. Je ne t'aurais pas laissé subir cette longue chute.

– Attend, calme toi.

– Comment tu veux que je me calme ? Je viens de comprendre que je ne peux même plus faire

confiance à ma femme et à mon frère. Merde Ismaël, t'es mon frère !

– D'accord, j'aurais dû te le dire mais... Mais je ne voulais pas que ça vienne de moi. Elle avait qu'à

avoir le courage de te le dire. Ce n'était pas mes affaires !

– Si ce sont tes affaires puisque tu l'as suivie ! Tu as suivi ma femme ! Qu'est-ce que tu lui veux à Marie ?

Je suis complètement perdu. Mon regard se perd dans le sien et je reste muet parce que je ne sais pas quoi lui répondre. C'est Marie la fautive et là, là c'est moi qui m'en prends plein la gueule. Et je ne l'ai pas suivie, je suis tombé dessus par hasard. Elle a réussi à lui retourner le cerveau, c'est quoi ce pouvoir qu'elle a sur lui.

– Amaury. Je ne l'ai pas suivie. Je lui avais envoyé un message, elle ne m'a pas répondu alors je suis allé chercher les enfants. Je l'ai vu là, sur le chemin, dans un café. Tu sais, moi, j'y suis pour rien. Je ne voulais pas te faire souffrir en t'annonçant ça, puis elle devait prendre ses responsabilités. C'est elle qui te trompe, pas moi !

– Vous faites tout chier.

Il me lâche et il part, claquant la porte pour la refermer. Marie est en bas de l'escalier. Elle me regarde. Je n'arrive pas bien à cerner son regard, est-elle contente de ce qu'il vient de se passer. Je me lève et m'approche d'elle.

– Qu'est-ce que tu lui as dit ?

– Rien. Juste la vérité.

– Non. Parce que je ne t'ai pas suivie. C'est toi qui ne te cache pas.

– Il fallait bien que j'atténue sa colère contre moi. Je suis désolé Ismaël. De toute façon, ton frère ne t'aime pas.

Rien n'est acquisWhere stories live. Discover now