Chapitre 7

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« Plus je me pique, et plus je suis rétif,

J'aime être libre, et veux être captif,

Cent fois je meurs, cent fois je prends naissance. »

Pierre de Ronsard, J'espère et crains


Les stigmates des dégâts de la veille tachaient sa peau pâle de brunes et carmines traces. Des boursoufflures renseignaient d'une guérison progressive, s'accompagnant de rides vieillissant l'aspect au niveau de ces blessures. De simples brûlures sur un corps capable d'encaisser bien pire comme afflictions. Ses yeux, encore sensibles, supportaient difficilement la lumière, quelque fut son origine. Même la flamme d'une bougie lui aurait arraché une grimace gênée.

Jehanne avait besoin de sang pour ces blessures-ci. Il en était autrement pour les douleurs naissantes et invisibles à l'œil nu. Les lésions internes et les traumas imperceptibles fomentaient les impressions de picotements, de déchirements des muscles. Ce n'était pas l'illusion d'une toxico en manque. Jehanne endurait. Et ce n'était que le début. Sans le roich pour la soulager...

Elle pouvait difficilement imaginer être ravitaillée dans une cage. Douiller, voici ce qui restait comme solution. Cela demeurait supportable. Et après quelques minutes, faire semblant fut très facile.

Un soupir lui échappa et elle glissa ses mains dans ses cheveux emmêlés, les repoussant en arrière pour dégager son visage. L'ennui était palpable ici. L'absence de fenêtre, ou d'une quelconque ouverture permettant de visualiser l'extérieur, l'empêchait de s'occuper en regardant dans le vide. Peut-être qu'il faisait nuit au-dehors ? Sûrement qu'il faisait jour ? Contempler la Lune n'en restait pas moins impossible dans l'une ou l'autre possibilité.

Assise sur un sol humide, adossée contre un mur de pierres froides, elle attendait, patientait pour connaitre sa situation actuelle. Apparemment, la Rébellion ne lui faisait pas confiance. Jehanne s'était réveillée dans cette jolie et minuscule cellule, suffisamment grande pour faire trois ou quatre pas sur la longueur. Des petits pas. Un espace plutôt luxueux étant donné qu'il se meublait d'un matelas et d'un seau pour ses besoins.

Elle avait connu pire comme confinement. Quoiqu'un sceau était inutile pour un vampire. Étrange qu'ils lui en aient confié un.

Voyons le bon côté des choses. Tu n'es pas morte, la Rébellion n'a pas profité que tu sois dans les vapes pour t'éliminer et tu ne te trouves pas entre les mains des Idoles. Maintenant, ça ne signifie pas que tu es sortie d'affaire. Surement que ces idiots vont vouloir te soutirer des infos, ce qui annonce un seul avenir pour toi : les tortures.

Certes, elle pouvait envisager de révéler la vérité, livrer toutes les informations qu'elle contenait dans sa caboche, mais il lui venait à l'esprit de nombreuses raisons de se taire. Celle surpassant toutes les autres étaient assez simples. Elle ne voulait pas que les Idoles lui tiennent rancune. Même si elles l'avaient envoyé dans les bras des rebelles pour se faire tuer, elle était reconnaissante de leur choix pour l'abattre. Si les Idoles s'en étaient chargées elles-mêmes, Jehanne serait encore dans leurs prisons à souffrir sans espoir de mourir.

Alors non, il n'était pas question qu'elle cède. Son nouvel objectif ? S'enfuir d'ici pour poursuivre sa quête initiale. À savoir de trouver un coin tranquille, un lieu où se cacher pour le restant de son éternel de vie.

C'est tout même regrettable d'en arriver là... Les Idoles ne m'ont jamais payé ! Elles n'ont pas tenu leur promesse !

Ma sœur...

Au rythme de la nuit 1 - Le Papillon écarlateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant