Chapitre 38.

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   Une douleur lui enserrait le crâne, l'empêchant de rester lucide. Ses pensées, évasives, divaguaient sans cesse sur l'éternel même sujet. Il ne pouvait réfléchir à autre chose, comme contraint de garder les yeux fixés dessus. Etrangement épuisé à cette heure de la journée, ses paupières se fermaient d'elles-mêmes et son corps tout entier voulait s'écrouler sur le sol qui lui semblait être la chose la plus confortable au monde, mais la situation ne le lui permettait pas.

« Vous comprenez maintenant pourquoi je ne peux pas vous laisser mon fils ! Ce serait de la folie de vous faire de nouveau confiance après ce qu'il s'est passé !

-... Oui, oui, je comprends et m'en excuse encore, Madame, nous savons que nous avons fait une erreur. »

Les mêmes dialogues, les mêmes phrases, les mêmes réponses. Son état le faisait les répéter comme un robot, un robot à qui on avait retiré toute forme d'énergie, un robot lassé de toutes ces répétitions qui duraient déjà bien longtemps déjà. C'était une véritable perte de temps que de tout faire répéter pour, finalement, arriver toujours à la même conclusion.

« Cependant... mon fils a su se débrouiller seul, et je suis fière de lui. Il est devenu plus fort et peut maintenant se battre et se protéger, tout ça grâce à vous. Je ne peux donc l'ignorer et... j'accepte de vous laisser une dernière chance.

-Je vous en remercie, nous ne vous décevrons pas. »

Il tanguait, même assis, il sentait qu'il tanguait, comme sur un bateau. Sa vue lui jouait des tours, déformant le visage de la femme qui le regardait, soudainement intriguée.

« Monsieur Eraserhead ? Vous allez bien ?

-Je manque juste de sommeil, mentit le grand homme en s'accrochant un peu plus aux accoudoirs du canapé, Il y a beaucoup de choses à préparer pour assurer la totale sécurité de votre enfant. »

Satisfaite de sa réponse, la femme se saisit des papiers de Yuei et signa, une à une, chaque feuille du contrat. Assis silencieusement à côté d'elle, Mashirao dévisageait son professeur, sceptique et inquiet. Ce n'était pas dans l'habitude d'Aizawa-sensei de sembler aussi ailleurs, même quand il était fatigué.

Discrètement, il se saisit de son téléphone, tapota un message, puis se ravisa. Il se pouvait que son professeur soit bien fatigué comme il le disait, alarmer la personne à qui il voulait parler pour rien n'était donc pas une bonne idée. Comme lui, comme tous ses camarades, elle devait se reposer et tâcher d'être sereine, du moins jusqu'à la rentrée.


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   Lorsqu'il quitta enfin la maison des Ojiro, Shota prit un grand bol d'air frais, ce qui donne une claque à son cerveau endolori. Tentant de se reprendre vainement en mains, il se dirigea vers le véhicule de Yuei sans savoir si sa marche était réellement droite ou non.

Il ne se sentait plus lui-même, complètement ailleurs, à des kilomètres de la terre ferme. Ses membres imploraient son sac de couchage, trop las de se tenir debout même quelques secondes. Et sa tête lui lançait une douleur atroce ainsi que des pensées néfastes qui ne cessaient de tourner en boucle dans son crâne.

Frénétiquement, Shota se mit à chercher une compote à boire dans les poches de son costard et de sa mallette mais, visiblement, il ne trouvait pas ce qu'il convoitait.

Le héros les avait toutes vidées une à une pendant les premières visites, il ne lui restait plus rien, plus rien pour le soulager de ce mal rongeant. Et il n'aurait pas dû boire ce verre d'alcool.

Haruka Aizawa (Partie 2) [MHA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant