— Bordel de merde ! m'écriai-je, énervée. Quand est-ce que j'aurai la paix ?
Je me laissai tomber dans mon lit en essayant de reprendre contenance.
— Je crains que ça n'arrive jamais.
Je me redressai en hurlant. J'aurais des cheveux blancs, c'était certain !
— Vous voulez me rendre sourd ou quoi ? reprit la voix.
J'essayai de reprendre mon souffle. J'étais maintenant assise dans mon lit et j'essayais de repérer l'intrus qui s'était introduit ici.
— Qui êtes-vous et que faites-vous dans MA chambre ? vociférai-je.
Un rire se fit entendre. Il n'était pas terrifiant comme dans les châteaux hantés, mais plutôt réellement amusé.
— Je n'aime pas qu'on me fausse compagnie, me répondit-il.
Cette voix me disait quelque chose. Où l'avais-je entendue ?
— Vous ne vous souvenez pas de moi ? Laissez-moi vous rafraichir la mémoire : Bibliothèque et Ouija.
Je jetai des regards furtifs autour de moi. La voix semblait provenir de la fenêtre dont les rideaux avaient été tirés, empêchant ainsi les premiers rayons de soleil de la journée de pénétrer dans la chambre.
Je fis alors le lien avec le mystérieux individu avec qui j'avais discuté et me figeai.
— Je vois que la mémoire vous revient, fit la voix.
— Montez-vous, ordonnai-je d'une voix tremblante.
Parlais-je avec un fantôme ?
Les chandeliers s'allumèrent aussi soudainement qu'ils s'étaient éteints. Mes yeux parcoururent la grande chambre et s'arrêtèrent sur un homme qui était nonchalamment appuyé contre le mur.
Mon souffle se bloqua dans ma poitrine lorsque mon regard croisa le sien. Ses prunelles marron semblaient aussi sombres que son aura. Ses cheveux longs étaient attachés, mais on voyait très nettement des mèches rebelles onduler autour de son visage. Il portait une petite barbiche bien taillée qui le rendait virile et attirant. Enfin, il était tout de noir vêtu.
Malgré la beauté inégalable de l'inconnu qui semblait aussi séduisant que ténébreux, je ressentis un profond malaise.
— Que faites-vous dans ma chambre ? Vous n'avez pas le droit d'entrer ainsi !
L'homme se redressa et s'approcha du lit d'une démarche féline. Je crispai mes doigts sur la couverture, me retenant de m'enfuir. Tout chez lui inspirait la crainte. Il dominait les lieux, le moindre espace libre, la moindre petite parcelle d'air. Je retins mon souffle tout en le détaillant. J'étais effrayée, mais je ne voulais pas lui démontrer mes faiblesses, sinon il s'en servirait contre moi.
« Courageuse jusqu'au bout », aurait dit mon père, qui admirait cette force chez moi.
Ma mère aurait plutôt opté pour le terme « téméraire ». Il était vrai que je ne mesurais pas assez souvent la gravité de mes actes. Je me lançais tête baissée dans des situations abracadabrantes. La preuve : Le Dark Castle.
Lorsqu'il parvint jusqu'au lit, l'homme s'assit dessus, à l'opposé d'où je me trouvais, mais encore trop près à mon goût.
— Ceci est ma chambre, répondit-il.
— Absolument pas. Le professeur Arson m'a dit que personne n'occupait ces chambres, alors je me la suis appropriée.
L'inconnu éclata de rire, apparemment amusé.
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Or et Ténèbres
VampireAurore Vince, surnommée Or, est une jeune historienne qui décide de suivre des cours d'été sur le paranormal dans un château académique appellé le "Dark Castle". Elle y fera des rencontres surprenantes, dont celle d'étranges professeurs et d'autre...