Chapitre 15 : Dénouement

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Depuis la pyjama party de la veille, le regard fixe de Sibylle me hantait, comme m'incitant à réagir. Je sens que... cette fleur. C'est celle d'Ezarel. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis persuadée que cette histoire va mal se terminer, ça sent déjà le roussi. Mais imaginons le pire des cas : je possède la fleur d'Ezarel. Qu'est-ce que je suis sensée faire ? Aller courir partout dans le QG en propageant la bonne nouvelle tel un messi ? Non, c'est impossible. Car si c'est la fleur d'Ezarel, on va me demander où est-ce que je l'ai trouvé. Or c'est Nevra qui me l'a offerte, et donc ça complique vachement la situation. Nevra va être accusé, et cela par ma faute. Mais comment puis-je aimer une personne qui ose mettre la vie d'Ezarel en danger, et cela en me rendant fautive de manière indirecte ? J'en ai la nausée. Si Nevra a réellement volé la lulynaë d'Ezarel, je me fiche qu'il soit accusé.

Bon, Sélia, du calme. Ne fais pas de conclusions hâtives. Si ça se trouve, tu n'as qu'une simple fleur en ta possession. Une simple fleur millénaire. Ramenée d'une montagne. Le jour du bal... TROP DE COINCIDENCES ! Comment vais-je faire pour m'extirper de cette situation ?

Je me rapprochais de l'étagère où était cachée la fleur. J'écartais les livres qui l'entouraient pour l'admirer. La lulynaë était d'un violet intense, aussi intense que mes yeux. Les pétales étaient exactement de la même couleur, s'appropriant le même camaïeu de couleurs. Etais-ce également une coïncidence ? Je ne la quittais pas des yeux, comme pour me convaincre qu'elle existait vraiment. Oui, elle existait vraiment... Que devais-je faire ?

Je fermais les yeux, inspirais longuement l'air pur de la pièce. Je vais aller voir Nevra. Lui demander des explications. S'il s'avère que c'est la fleur d'Ezarel, on va la lui rendre en s'excusant. Si ce n'est pas la fleur d'Ezarel, on va oublier cette histoire et tout ira bien. Heureuse de mon plan, je me levais et allait le mettre à exécution.

Mais c'était déjà trop tard.

Trop tard.

A l'instant même où j'avais pris cette décision, la porte de ma chambre vola en éclats. Un brouillard épais s'empara de l'espace. Une masse de muscles énorme rentra dans ma chambre. Mon regard croisa celui de Jamon. Des tonnes de questions se bousculaient dans ma tête. Qu'est-ce qu'on me veut ? Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi avoir défoncé la porte ?

Jamon mit fint à mes interrogations muettes en criant :

- Sélia pas bouger ! Sélia accusée de tentative d'homicide ! Sélia va me suivre !

Je savais que j'étais fichue.

Je le savais...

Je le savais.

***

(Point de vue omniscient)

Ezarel, étendu sur le lit de l'infirmerie, comptait avec soin le nombre d'arabesques qui composaient le toit. Il tuait le temps. Tuait le temps pour oublier qu'il était incomplet. Totalement incomplet. Il se détestait. Il détestait son corps trop grand, ses os si minces, sa peau trop blanche. Il détestait sa vie qui n'avait désormais aucun sens.

« Je vais mourir » se criait-il intérieurement. « Je vais mourir ... Je vais mourir...» .

Ses yeux brillaient un peu plus que d'habitude. Il se blottit en position fœtale, et gémit silencieusement. Le jeune elfe ne voulait plus essayer de masquer sa tristesse, car rien ne lui importait maintenant. Il n'avait plus rien. Il avait perdu sa lulynaë. Pour toujours.

Alors que son corps l'ordonnait de crier à s'en arracher les poumons, il se contentait de verser des larmes silencieuses, et attendre que le temps ne passe.

Les mystères d'EldaryaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant