Elle Seule.

Sarkozy is back

Inutile de vous dire que je n'ai pas dormi beaucoup cette nuit-là. Au petit-matin, je réunis mes conseillers dans mon bureau. L'ambiance est mauvaise, très mauvaise. Il faut dire qu'au delà de ma déclaration, le second tour des législatives paraît mal engagé. Dans les matinales, les cadres de l'UMP se mettent soudainement en avant... Les chaînes d'information en continu commencent à établir d'hypothétiques plans sur la comète. Qui pour devenir Premier Ministre en cas de victoire de la droite dimanche prochain ?

François Rebsamen arrive en retard, après avoir manqué le premier train Dijon-Paris. Il m'expose ses vues. La semaine risque d'être explosive. Le Parti Socialiste doit impérativement désigner au plus vite une équipe pour assurer l'intérim. On ne peut pas repartir en campagne avec une armée sans général. Jean-Louis Bianco évoque le nom d'Anne Hidalgo, première adjointe à la Mairie de Paris. Relativement peu connue du grand public, elle ne fera d'ombre à personne. Je demande à Patrick Mennucci de partir illico à Solférino pour entamer des pourparlers discrets avec les fabiusiens.

Je retourne ensuite dans mon bureau, pour reprendre mon travail diplomatique. En fin de matinée, alors que je suis en pleine discussion téléphonique avec le Secrétaire Général de l'OTAN, DSK surgit dans mon bureau. Il semble enragé.

Mais Ségolène tu es devenue complètement dingue là c'est plus possible ? J'ai l'air de quoi moi ? Tu arrêtes les conneries parce que si ça continue, dans une semaine c'est l'UMP qui revient au gouvernement après un mois de vacances ! On va être la risée du monde entier putain !

Dominique. J'ai certes fait une erreur, mais la déroute socialiste est surtout dû à l'action de sabordage réalisée par ton nouvel ami Fabius...

Mais on s'en branle de ton François ! Il est bon à rien de toute façon c'est de sa faute si on est dans une merde pareille aujourd'hui.

Après plus d'une demie heure de discussions pour le moins animées, il me propose de rencontrer Fabius pour tenter de trouver un moyen d'apaiser les choses. Une fois qu'il a quitté le bureau, Sophie Petersen arrive en trombe et allume de nouveau le téléviseur.

François s'est fait chahuté par la presse en Corrèze. Des médias du monde entier sont à sa poursuite sur ces petites routes départementales qu'il connaît tant. Il esquive une fois, deux fois, trois fois... Il maîtrise l'art de la diversion.

J'apprends également que Sarkozy sera au 20 heures de TF1. Un mois après sa défaite, voudrait-il tenter de prendre sa revanche et de se poser en éventuel recours en cas de victoire de la droite ? Il faut dire qu'il aurait les mains libres... L'UMP est dirigée depuis son départ, par l'intérim de Jean-Claude Gaudin... Il y a bien Villepin, mais c'est trop tôt, il vient de quitter Matignon. Alliot-Marie ou Juppé pourraient candidater aussi... Je prends soudain conscience que la situation est grave. Je refuse d'être Présidente pour regarder la droite agir. Je décide de prendre la parole. Sarkozy sur TF1 ? Eh bien, va pour France 2 !

Je sais que tous mes conseillers vont me reprocher de descendre de mon piedestal présidentiel pour aller sur le champ de bataille de la campagne. A cur vaillant rien d'impossible, je me souviens que François Mitterrand n'avait pas hésité à venir défier Philippe Séguin lors du référendum sur Maastricht. Je ne préviens personne sinon David Pujadas que j'appelle personnellement et qui garde le secret jusqu'à 19 heures.