Je me retourne et pars vers la porte. J'attrape la flèche plantée dans le corps du terroriste, vérifie qu'il est bien mort. Je regarde son corps sans regret. Je suis heureuse qu'il soit mort de ma main. Je suis heureuse de le voir sans vie à mes pieds.
J'arme mon arc et m'avance doucement vers la porte, arc prêt à servir. Je passe la tête dans le couloir, tourne dans les deux sens. Aucun mouvement.
Je m'avance dans le couloir et fais un tour sur moi même. Personne. Je place mon arc contre ma cuisse et m'avance vers la porte.
-Attendez ici, je vais vérifier les escaliers. En attendant bloquez la porte avec les tables et collez vous contre le mur sans faire de bruit.
Sans attendre pour voir s'ils agissent, je m'avance rapidement vers l'escalier B. Marchant sur la pointe des pieds, arc tendue, prête à agir.
Je fais quelques mètres en marche arrière, puis quelques mètres en marche avant, ainsi de suite.
Arrivée à l'escalier B sans problème, je pose un pied sur la marche. Mon cœur bat la chamade et ma respiration s'accélère. Je ne sais pas si je serais prête à tirer encore une fois sur un terroriste. Et s'il était plus rapide que moi ? Et si je mourrais ? Je secoue la tête afin de m'enlever toutes ses idées.
Je descends les escaliers le plus doucement possible, arc tendu. Aucun bruit, aucun mouvement.
Arrivée en bas, je constate que le hall est complètement vide. Je remonte en vitesse en montant les marches deux à deux. Je fonce vers la salle. Je vérifie le couloir et m'approche de la salle de classe. Je frappe deux coups et ajoute :
-La voix est libre vous pouvez sortir. Dépêchez-vous.
Je vois les tables descendre et être placés plus loin dans la salle. La première personne que j'aperçois est MrThomas, complètement paniqué. Je l'attrape par le bras et le tire vers moi pour que lui seul m'entende.
-Vous allez descendre quand je vous le dirais. Faites bien attention à ce que tout le monde soit présent. Personne ne doit faire le moindre bruit. Vous allez descendre le plus doucement possible et courir jusqu'à l'internat.
Le prof acquiesce. Il entre dans la classe et chuchote les instructions pendant que je continue de vérifier le couloir. Tout le monde se met d'accord, trop paniqué pour dire quoi que ce soit. Les élèves se placent deux par deux le long du mur. Je refais un tour du couloir et finie par revenir vers eux.
-La voix est libre, suivez-moi.
Des bruits de pas et des sanglots se mêlent à la respiration saccadée de chacun d'entre nous. Moi devant, le prof derrière, nous avançons à petit pas vers l'escalier. Arrivés à l'escalier, j'appelle Mr Thomas qui se place en face de moi.
-Je dois vous laisser ici. Il n'y a plus aucun risque à partir de là. Faites vite.
Les yeux de Mr Thomas se remplissent de larmes. Ses lèvres tremblent et il ne sait pas où mettre ses mains. Il s'essuie le front avec sa manche et demande à tout le monde d'avancer. Je les regarde s'enfoncer dans la cage d'escalier.
Une fois le dernier élève disparu de mon champ de vision, je tourne les talons et retourne dans le couloir. Et là, je craque. Les larmes coulent abondamment. Mes soubresauts s'accélère. Je suis complètement paniquée. Je ne sais pas quoi faire. Où aller. Je ne peux pas aller me cacher avec les autres, je suis la seule à avoir une arme. Puis je n'entends aucune sirène de police.
Je m'adosse contre une porte et me laisse glisser le long. Je pose mon arc en face de moi et le fixe. Je n'ai que six flèches, je ne sais pas combien ils sont. Je ne veux pas mourir. Mais je ne veux pas partir sans m'être battue. Je ne trouve pas la force de me lever. La peur me pétrifie. J'ai envie que mon père et mon grand-père soient là pour se battre avec moi.
Un bruit attire mon attention. Je me lève, attrape mon arc, le bande et regarde. Je m'avance doucement, les muscles bandés, la flèche prête à partir, la peur qui me déchire le ventre, mes jambes qui menacent de lâcher à tout moment. Je m'arrête à sept mètres de l'escalier A d'où venait le bruit. Mon bras commence à courbaturer tant je suis contractée. Une main apparaît sur le coin du mur. Je vise l'endroit précis où devra arriver à la tête.
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Un attentat tiré à l'arc
AçãoCléa, une adolescente de 16 ans, archère depuis dix ans, est prisonnière dans son lycée suite à un attentat. Grâce à un arc rétractable en stylo et des flèches pliables, c'est elle qui va devoir déjouer les terroristes. Tous droits réservés.