Chapitre 5

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Quand celle-ci apparaît, je laisse tomber ma flèche et rabat mon arc contre ma cuisse.

-Bon sang Dan tu m'as fait peur !

Il s'avance vers moi et je remarque que ses yeux sont trempés et qu'il tremble de tous ses membres. Il me prend dans ses bras et je le sens tressauter. Je lui caresse le dos pour qu'il se calme.

-Cléa, je suis tellement heureux de te voir.

-Dan qu'est-ce-que tu fais ici ? Tu devrais être confiné dans ta classe.

Il se met à pleurer abondamment en plaquant une main sur sa bouche. Il a de gros hoquet jusqu'à relâcher son déjeuner juste à côté de moi. Je pose une main sur son dos pour lui dire que je suis là.

-J'étais juste parti au toilette. Quand je suis revenu, ils étaient...ils étaient tous morts. Il y avait du sang partout. J'étais au rez de chaussée, la toute première classe. J'aurais du être mort avec eux.

Il se remet à pleurer. Je le prends dans mes bras. Moi même j'ai du mal à me contrôler. Une grosse nausée s'empare de moi. Je ne connaissais que Dan dans sa classe mais savoir qu'une vingtaine de personne est morte sous mes pieds me donne envie de mourir. Mon père et mon grand-père m'ont déjà mis en situation de stresse intense dans ce cas là pour que je me contrôle mais ce n'est pas encore acquis. Je me détache de lui et plante mes yeux dans les siens.

-Tu vas prendre l'escalier au fond du couloir, descendre et courir jusqu'au second bâtiment. Tu y trouveras ma classe.

Il pose une main sur mon épaule.

-Et toi ?

Je brandis mon arc devant ses yeux.

-Il faut que quelqu'un les arrêtes.

Il ouvre grand sa bouche et plaque une main sur celle-ci.

-Tu es une archère ? Je ne peux pas te laisser faire ça toute seule. Tu vas te faire tuer.

-Fais moi confiance, lui dis-je.

J'essaye de pousser sa main pour qu'il s'en aille mais il résiste.

-Tu dois partir.

Tout à coup, son regard se dirige au dessus de mon épaule. Il m'attrape par le col et me balance sur le côté. J'atterris dans une salle de classe resté ouverte sans personne à l'intérieur. Il m'atterrit dessus de tout son poids. Je pousse un grognement. 

Je comprends son geste quand je vois des balles passer et se planter dans la porte. Il y en a un dans le couloir. Il a dû arriver du troisième étage. Je repousse Dan violemment et attrape mon arc tombé non loin de moi. Je déplore une flèche, la bande et me mets en position de tir face à la porte. Les coups de feu ont cessé mais j'entends toujours ses pas pressés. 

Je me colle contre le mur de la porte. J'indique à Dan de se mettre derrière moi et de se mettre à terre. 

J'attends.

 Mes mains tremblent et j'ai du mal à viser. J'ai envie de vomir. J'entends les pas se rapprocher. Il est là. Derrière le mur. Je l'entends recharger son arme et le moment fatidique arrive. 

Le bout de son arme pointe juste devant mes yeux mais vise le mur d'en face. J'attends encore un peu, baisse mon arc. Son pied touche le pas de la classe et c'est le moment pour moi d'agir. Je me décale sur le côté. Il n'a pas le temps de m'apercevoir que la flèche vient transpercer son ventre. Quelques balles ont fusé près de mon oreille mais aucune ne m'a touché. 

Le terroriste est toujours en vie. Il a lâché son arme qui a été déplacé par Dan. Je replace une flèche sur mon arc et m'avance vers lui. Je place ma flèche au niveau de son cou et m'approche de son visage.

-Combien êtes-vous? Lui crachais-je à la figure.

Il me fixe et ne me réponds pas. J'appuie ma flèche sur sa gorge jusqu'à ce qu'il saigne.

-Parle !

Toujours rien. Je lâche ma flèche et attrape celle qu'il a dans le ventre. Rien qu'en la frôlant il pousse un grognement. Je l'empoigne et la tourne. L'enfonce un peu plus. La tire vers moi. Il hurle de douleur. Et contre toute attente, ce moment me procure un plaisir intense.

-C'est bon, c'est bon, je vais parler, finit-il par dire. Nous sommes quatre. Ils...je...

-NON !

Je le secoue dans tous les sens.

-Réveille toi. Dis-moi où sont-ils !

Plus rien. Il est mort. 

J'arrache la flèche de son ventre et la jette dans le lavabo au fond de la classe. Je la lave et la replis. Je la glisse dans ma ceinture. Je reste penchée au dessus du lavabo et vomis. C'est trop dur. Tous mes entraînements étaient des simulations et maintenant que c'est réel, je n'arrive pas à garder mon sang froid. Je me rince la bouche et essaye de me ressaisir. Je sursaute au contact de la main de Dan sur mon bras.

-Cléa, tu peux pas y arriver toute seule.

Je le regarde.

-Je ne suis plus toute seule.

J'enlève sa main et me dirige vers le cadavre du terroriste. J'attrape son arme et la tend à Dan.

-Tu viens avec moi, et tu prends ça.

Il recule devant l'arme.

-Je ne toucherais pas à ça.

Je la lui colle sur le torse violemment.

-Tu as envie de mourir ? Non ? Alors prend cette foutue arme et suis moi.

Je m'accroupis près du corps et le fouille. Je sors un chargeur que je tends à Dan. Je trouve aussi un couteau bloqué dans sa ceinture. Je le prends et le glisse derrière mon dos.

-Ok. Aller on y va. Tu restes derrière moi et tu fais aucun bruit, c'est clair ?

Il acquiesce en secouant la tête, tétanisé.

Un attentat tiré à l'arcOù les histoires vivent. Découvrez maintenant