Chapitre 1

1.2K 43 6
                                    

La première chose qui vint à moi alors que je reprenais enfin conscience, fut un désespoir si profond que je me demandai un instant comment je pouvais être encore vivant. Mes tripes se tordaient dans mon ventre et me causaient une souffrance difficilement descriptible tandis que ma gorge et mes poumons semblaient avoir cessé de jouer leur fonction vitale. Agonisant tant physiquement que mentalement, j'avais l'impression d'étouffer alors que les souvenirs rejaillissaient dans ma mémoire.

La Mort était une Faucheuse cruelle et sans morale, et pour laquelle la justice et de l'équité étaient des valeurs très largement corrompues. Elle m'avait ravi tous mes proches, un par un, ne laissant derrière elle qu'un carnage de corps, de larmes et de douleurs. Je leur avais échoué, à tous. J'avais promis que je vaincrais, que je me battrais jusqu'à mon dernier souffle mais j'avais perdu et ma déchéance avait causé la fin de ce monde.

Triste Hokage que je faisais. Enfant, j'avais été ignoré, haï par la population de mon village mais j'avais toujours eu l'espoir de leur montrer ce que je valais vraiment en devenant le chef de Konoha. Et qu'avais-je semé au final ? Ils m'avaient fait confiance après ma lutte contre Pein, ils m'avaient nommé Rokudaime après que Tsunade-oba-chan soit tombée sous la main de Madara. Ils avaient cru en moi, ils m'avaient considéré comme leur sauveur et je n'avais rien fait pour les détromper. Même quand j'avais perdu Sakura et Sasuke, même quand sensei était parti vers les rives blanches en me sauvant la vie lors d'une bataille particulièrement difficile. J'avais su à ce moment-là que tout était perdu, mais je n'en avais jamais rien montré. J'avais menti à la population, leur jurant que nous, Kage de toutes horizons, mettrions fin à ce conflit sanglant et meurtrier. Je n'avais pas su tenir ma parole, j'avais bafoué mon nindo de la pire manière. Mes promesses n'avaient pas été tenues.

-Naruto, souffla une voix rocailleuse dans mon esprit. Ce n'est pas ta faute.

-Ça l'est, répondis-je alors qu'une larme triste et amère coulait sur ma joue sale et pâle. Je n'ai pas réussi à vaincre Madara et le Jûbi avant qu'il ne soit trop tard.

Les yeux brûlants, je regardai le monde qui m'entourait avec une souffrance si grande dans mon cœur que respirer me parut l'une des tâches les plus ardues qui m'eurent jamais été confiées. Suna n'était plus qu'un désordre de feu et de sang. Le sable que j'avais appris à aimer après la migration de mon peuple vers cet endroit plus sûr était gorgé de notre fluide vital dans une quantité si grande qu'on put douter qu'il fut d'une belle couleur dorée un jour.

À côté de moi se tenait le cadavre encore frais de mon dernier ami humain. Son bras perdu par un jutsu de feu de cet ancêtre Uchiha de malheur, il n'était toutefois pas un désastre ensanglanté comme la plupart des autres victimes. Son corps était cependant tordu dans une position qui ne pouvait pas être naturelle et sa bouche était encore ouverte pour crier son agonie au reste du monde tandis que ses yeux écarquillés étaient le reflet d'une incompréhension que j'avais moi-même ressentie mainte fois par le passé : comment un tel carnage avait-il été possible ?

-Nous avons échoué Gaara, annonçai-je tristement à mon égal alors que ma voix rauque traduisait les douleurs que je ressentais dans ma gorge enflammée. Nous avons gagné la bataille, mais pas la guerre. Pardonne-moi de ne pas avoir su vaincre à temps.

Gaara avait été la dernière personne debout à mes côtés. Toujours là pour m'épauler, c'était lui qui m'avait proposé de migrer dans son village quand Konoha était finalement tombée sous les assauts du Jûbi. Bon et juste, il avait accueilli les miens comme s'ils avaient été les siens et nous avions dès lors gouverné en tandem, cherchant toujours un moyen efficace de subvenir aux besoins de toute la population et de la protéger en même temps. Il fallait cependant croire que deux Kage, même réunis dans une lutte commune et amis depuis l'enfance, n'avaient jamais eu la moindre chance de toute façon.

C'est une promesse de Kage : je sauverai le monde. (Naruto Fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant