Mon corps brûlait comme si j'avais été plongé dans un brasier ardent ou un bain d'acide mais que la mort ne souhaitait pas venir me faucher. Mes entrailles ressortant presque par la plaie béante qui barrait toute la largeur de ma cage thoracique, mes muscles écrasés et déchirés, mes os brisés en des milliers de morceaux et ma peau recouverte de mon fluide vital, j'étais un cadavre vivant. Un individu supposément mort mais agonisant. Là était tout ce à quoi je réussissais à penser à cet instant même.
La souffrance qui me rongeait était si puissante que je craignis un instant de perdre l'esprit. J'avais toujours eu en mémoire les shinobis détruits par la guerre que l'hôpital avait abrité quand nous étions en temps de paix. Les yeux hagards, ils fixaient tout mais ne voyaient rien, perdus dans leurs songes lointains. La douleur et les horreurs qu'ils avaient vu les avaient faits devenir fous. Je craignais que cela ne m'arrive à mon tour.
Ne retenant pas le hurlement qui s'échappa de mes lèvres tachées de sang, je me recroquevillai en position fœtale, priant pour que ma torture cesse enfin. Il y eut des bruits près de mon oreille, des paroles précipités, des mains larges et des bras forts qui me saisirent avant que l'individu qui ne me portait se mette à courir comme si sa vie en dépendait. Peut-être en dépendait-elle, après tout je ne savais pas ce qu'il se passait. Tout ce sur quoi je pouvais me concentrer était la douleur terrible qui m'affligeait.
-Uzukage-sama ! s'exclama une voix rude. Uzukage-sama ! Pouvez-vous m'entendre ?
« Oui », voulus-je répondre, mais la seule chose qui réussit à sortir fut un long gémissement. Et pourquoi m'appelait-il donc « Uzukage-sama » ? J'étais un Kage, oui, mais celui de Konoha. Il devait y avoir une confusion.
-Naruto, m'interpella la voix familière du Kyûbi. Aurais-tu oublié que je nous ai transportés dans le corps de Naotake Uzumaki ?
Tâchant de comprendre à travers ma douleur et le chaos de mon esprit ce que la boule de poils venait de dire, je me souvins soudainement de ce qu'il s'était passé. Essayant vainement de reprendre la maîtrise de mon corps et de mes émotions, chose qui n'était pas vraiment facilitée par l'agonie dans laquelle je me trouvais, je lui demandai en retour :
-Pourquoi dois-je autant souffrir ?
Mon but n'avait pas été de prendre un ton accusateur mais ce fut l'impression que cela donna quand la question retentit. Avant que je ne puisse m'excuser de ce fait, Kurama me rétorqua d'un ton quelque peu sarcastique :
-Pourquoi, morveux ? Peut-être parce que ton nouveau corps a pratiquement été coupé en deux et que je m'échine depuis notre arrivée à accélérer ta guérison Uzumaki pour te garder en vie ? Tu es dans le corps d'un homme qui est mort, il était à prévoir que tu ne serais pas au meilleur de ta forme.
Cela faisait un moment qu'il ne m'avait pas appelé « morveux » et je compris sans trop de problèmes que je l'avais grandement irrité. Il venait après tout de nous sauver la vie et m'avait permis d'acquérir une chance de réécrire l'Histoire et ma gratitude à son égard semblait être aux abonnées absentes.
Ma conscience devenant plus claire au fil des minutes qui s'écoulaient et de la douleur diminuant, je pus bientôt entendre avec distinction le bruit de bombes artisanales lâchées au cœur du village dans lequel j'avais atterri tandis que des cris de détresse se faisaient entendre un peu partout. Mon cœur saignant pour ces villageois qui avaient un lien familial avec moi de par ma mère, eux qui n'avaient jamais demandé à être anéantis d'une manière si barbare et qui ne laissait aucune place à la survie, je pris une profonde inspiration alors que j'arrivais à récupérer la maîtrise du corps dont je venais de prendre possession.
Ouvrant les yeux, je remarquai immédiatement que deux membres de l'Anbu se trouvaient près de moi, l'un à mes côtés et bandant mes plaies du mieux de ses capacités tandis que l'autre faisait le guet, sentinelle immobile près de l'ouverture de la grotte dans laquelle nous nous étions tous réfugiés. Contemplant un instant leurs masques, je vis qu'il s'agissait là d'un ninja dont le nom de code était très probablement Tortue tandis que l'autre devait être Chat. Les noms des anbus ne changeaient pas d'un pays à l'autre, c'était après tout un moyen de rester discret et de ne pas permettre la reconnaissance du village duquel le shinobi provenait. Bien que les cheveux rouges de ses nouveaux gardes ne devaient certainement pas aider à l'anonymat.
-Yondaime-sama ? me demanda mon infirmier improvisé en remarquant que j'avais repris mes esprits. Comment vous sentez-vous ?
Me composant un masque pour cacher mes douleurs à mon subordonné de circonstance puisque j'avais pris la place de son chef, je répondis simplement :
-Ce pourrait être mieux mais le pire semble être passé... Rapportez-moi la situation, ordonnai-je rapidement afin de savoir dans quel guêpier je venais de mettre les pieds.
Tortue ne semblait pas savoir grand chose car il se tourna précipitamment vers le guetteur qui semblait être son sempai. Celui-ci jeta un coup d'œil à son apprenti avant qu'ils n'inversent leur rôle une fois que j'eus incliné la tête dans une approbation muette. Je devais comprendre ce qu'il se passait alors s''il fallait pour cela que le jeune devienne momentanément la sentinelle, je n'allais pas me plaindre.
-Huit escadrons de ninjas d'Iwa arrivent par le Nord, déclara-t-il de son ton rude que j'avais entendu un peu plus tôt, neuf autres essaient de nous prendre à revers dans le sens opposé. Les shinobis de Suna, quant à eux, proviennent de l'Est et de l'Ouest. Ils nous ont encerclés et leur force est numériquement très supérieure à la nôtre.
Ou comment dire que la lutte était vaine et perdue d'avance. Mais j'avais accepté d'être réincarné dans le corps de Naotake et en revêtant sa peau, son costume et en acquérant sa position j'avais signé un contrat : j'étais devenu le Kage de ce village. Alors peu importait qu'ils aient perdu la guerre, je n'allais pas resté les bras croisés en attendant que tous périssent. J'étais devenu leur chef et je devais me comporter comme tel, comme si Uzushio était devenu mon Konoha natal. C'était la patrie de mère après tout et mes ancêtres avaient vécu sur ces terres. Ma famille maternelle se trouvait encore ici à la merci de leurs adversaires sans scrupules.
Essayant de me relever, je gémis en constatant que mon corps se refusait au moindre mouvement pour l'instant. Kurama était peut-être en train d'essayer de me guérir mais cela prendrait encore un quart d'heure pour que je sois à nouveau opérationnel.
-Uzukage-sama, m'avertit Chat, je ne pense pas qu'il soit sage que vous vous déplaciez pour le moment.
Je devais admettre qu'il n'avait pas tout à fait tort mais à l'instant même des centaines de civils étaient massacrés, les shinobis sous mon commandement crevaient à la pelle alors que le Village Caché des Remous n'était même pas entré en guerre ou même déclaré son hostilité à un pays particulier. C'était un « génocide préventif », et je ne parvenais pas à le tolérer. Ce n'était pas humain et c'était bien loin de toute la solidarité dont les Terres Élémentaires avaient fait preuve lors de la Quatrième Grande Guerre.
-Le peuple meurt, sifflai-je entre mes dents serrés de douleur. Je ne resterai pas assis en attendant que tous périssent !
Ce fut peut-être un effet de lumière, mais j'eus l'impression que l'anbu qui me faisait face acquérait un tout nouveau respect pour moi, un de celui qu'on ne pouvait accorder qu'à un autre combattant qui refusait de baisser les bras et qui se battait jusqu'au bout quitte à en perdre la vie. Un respect dédié à une personne qui n'abandonnait jamais et qui malgré toutes les difficultés arrivait à inspirer les Hommes. Je ne le méritais pas après mes échecs cuisants.
-Laissez-nous au moins vous aidez, Yondaime-sama, quémanda le soldat en m'aidant à me mettre debout.
Je savais que la boule de poils était en train de guérir mes blessures mais mon corps était encore trop faible pour que j'aille loin si je n'avais personne sur qui compter. M'appuyant alors sur le shinobi masqué, je me rendis à l'entrée de la grotte pour contempler l'horrible carnage.
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C'est une promesse de Kage : je sauverai le monde. (Naruto Fanfiction)
أدب الهواةSeul dans un monde désormais mort, Naruto a perdu toute envie de vivre. Alors quand le Kyûbi lui offre une alternative qui lui permettrait de sauver les siens, il n'hésite pas. C'est maintenant en tant qu'Uzukage d'Uzushio qu'il va devoir jouer les...