Les Grands Travaux - Partie 1

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L'Afrique.

L'Afrique tout entière était en travaux. On y entrait et on en sortait de tous les côtés comme dans un gruyère. Ceux qui dirigeaient devaient sans doute savoir de quoi il en ressortait, mais pour nous autres gens du peuple, nous avions juste l'impression qu'un grand banquet se préparait en notre demeure sans que nous n'y soyons invités. C'était l'effervescence, la fièvre... Le monde avait la fièvre de l'Afrique.

Dans les capitales, poussaient de toutes parts, des bâtiments, des monuments, des ponts, des échangeurs... Les capitales africaines étaient devenues d'énormes chantiers. Les immeubles se bousculaient les uns les autres, tellement on construisait vite... et un peu n'importe comment... n'importe où. S'il y avait bien une chose que l'on maîtrisait à la perfection ici, c'était l'approximation. Comme si toutes les unités de mesure étaient pipées. Tout se faisait à « l'à peu près ».

À ce rythme-là, l'Afrique allait réussir là où les Ukrainiens et les Japonais avaient échoués, nous concocter une catastrophe nucléaire bien propre qui allait tous nous péter à la gueule sans préavis. Par chance, de centrale nucléaire en Afrique il n'y en avait qu'en Afrique du Sud et l'Afrique du Sud, c'est pas vraiment l'Afrique... ils sont plus sérieux là-bas.

Pourtant cela n'empêchait pas les Occidentaux de crier à qui veut bien l'entendre que l'Afrique était un continent d'avenir, l'avenir du monde même, disaient-ils. J'étais sceptique. Ça sentait l'arnaque.

À force de l'entendre, certains Africains commençaient toutefois à y croire, mais les plus malins se barraient dès qu'ils pouvaient... là-bas, en méditerranée. Ils avaient bien compris que tout ça, c'était pour qu'on reste bien chez nous à crever la bouche ouverte. Ce n'était que de la poudre de perlimpinpin comme disait le nouveau patron de la France. Le message derrière tout ça c'était : restez chez vous, vous y êtes bien et d'ici peu, ce sera même mieux qu'en Europe ; vous ne voulez tout de même pas être ailleurs quand cela se produira ? Restez chez vous et attendez, ça arrive, la croissance est déjà là !

Pas convaincu ! Pourtant tout laissait croire que le changement était là, que le changement, c'est maintenant. Il suffisait de voir la horde d'étrangers qui envahissaient l'Afrique, même dans les pays ou le sport national était le rapt d'Occidentaux, c'est vous dire. À croire qu'ils venaient pour ça.

Il y'avait de tout. Des Chinois surtout, mais on vous trouvait facilement de l'Italien, du Brésilien, de l'Émirati, du Turc et d'autres encore, venant de pays qu'on ne savait même pas qu'ils existaient. Il y'avait du Français bien sûr, mais eux c'est pas pareil, ils sont chez eux ici. Un peu comme les Libanais. Quelques fois, je me demande même s'ils n'étaient pas là avant nous ceux-là.

Les Chinois, c'était cependant ce qui était le plus voyant. Ils avaient beau être discrets, on ne voyait qu'eux. Un Chinois en Afrique, c'était un peu comme une malformation congénitale en plein visage, on se demande ce que ça fait là. C'est pas spécialement parce qu'on les aime pas. C'est juste que déjà, voir un Chinois ailleurs qu'en Chine c'était étonnant. Même à la télé, on ne les voyait que dans des films... chinois. Alors, en croiser un, deux, dix en Afrique, comprenez que ça a de quoi vous arrêter une dysenterie chronique.

Je me demande d'ailleurs par où ils ont bien pu entrer. Parce que l'Afrique était cadenassée, verrouillée à double tour même... de l'extérieur, et c'est les Européens qui avaient les clés. C'est eux qui décidaient qui entrait, qui sortait de ce foutoir et à quel moment. Personne d'autre ! Et vu qu'ils n'étaient pas trop contents de les voir ici les Chinois, il devait y avoir une brèche de la taille des colonnes d'hercule quelque part. Et tout ce beau monde s'y engouffrait.

Et si les Chinois étaient là, c'est qu'ils avaient de bonnes raisons. C'est pas con un Chinois. Ça vous flaire les bonnes affaires et l'argent partout dans le monde depuis que ça a compris que le communisme c'est bien mignon, mais ça te nourrit pas un milliard de bouches. Du coup des Chinois il y'en avait ici comme ailleurs... à profusion.

Ils voyaient recyclage là où l'on voyait des ordures, projet immobilier là où l'on voyait des taudis et pétrole là où on voyait des marécages. Sacrés Chinois ! Je me demandais comment les Européens avaient pu laisser faire cela. Ils s'emmerdaient à tenir politiquement l'Afrique alors que les Chinois la tenaient désormais économiquement.

C'est pas une bonne affaire j'vous dis ! Les Chinois ne se souciaient pas de quel dictateur dirigeait telle ou telle partie de ce foutoir tant qu'ils y faisaient leurs affaires. Et honnêtement, je les comprends bien. Les Français eux devaient s'occuper de toutes les querelles entre diverses factions dont je ne suis pas qu'ils comprenaient les motivations, même si l'argent ne devait jamais être bien loin. Tout est toujours question d'argent de toute manière.

En somme, les Occidentaux tenaient les cornes du taureau tandis que les Chinois essayaient de le traire. Je leur souhaitais à tous bien du courage. Pour ma part, j'avais décidé que m'en sortir était une peine assez ingrate dans une vie pour se donner la peine de s'imaginer un idéal. Alors les Chinois pouvaient bien continuer à faire leurs affaires et les Occidentaux à s'occuper des nôtres, ce n'était pas moi qui allais me plaindre.

Je ne voyais d'ailleurs pas spécialement cette présence d'un mauvais œil, contrairement à mon voisin. Tonton Coco qu'on l'appelât. Pour lui, ce n'était pas bien compliqué, la seule raison pour laquelle les Chinois s'intéressaient à l'Afrique, c'était pour conquérir le monde. Vaste programme me disais-je.

Il m'apostrophait alors que j'allais à un entretien d'embauche et de fil en aiguille on en était arrivé aux plans secrets des Chinois. Conquérir l'Afrique ? demandais-je, pas sûr d'avoir compris le projet. Non pas l'Afrique, ils ne sont pas fous, cela n'a aucun intérêt, le monde, le grand monde. Le grand foutoir en somme, me suis-je dit !

Mais pourquoi s'emmerdent-ils ici alors, au lieu de conquérir le monde  si c'est bien cela leur projet ? Assieds-toi petit, je vais t'expliquer.


Fin de la Partie 1 du Chapitre 1

Rendez-vous Vendredi prochain pour la suite.

Merci d'avance pour vos retours que j'espère nombreux.

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Merci encore pour tous vos commentaires à venir et ce sur toutes les plateformes.

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La gueule de leur mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant