Chapitre Premier

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"...Mais tout va s'arranger. Elle n'a été...des malaises...pilules."

"Elle pourra sortir quand?"

Tayla ouvrit brusquement les yeux pour les refermer aussitôt sous l'effet d'une lumière aveuglante. Elle les cligna plusieurs fois avant de parvenir à les habituer à la clarté.
C'était une voix qui l'avait complètement réveillée.
Cette voix.
Elle l'aurait reconnue entre une multitude de voix: Rocailleuse, grave, légèrement rauque.
Non.
Ce ne pouvait pas être lui.
C'était sûrement un rêve.
Il ne pouvait pas être là.
Et pourtant...

-Appelez-moi quand elle se réveillera, votre Altesse.

-Entendu.

Un frisson la parcourut. Mais oui, c'était bien lui.
Elle ne s'était pas trompée.
C'était cette même voix qui lui susurrait des mots doux cette unique soirée d'été.
Oui, c'était lui.
Son interlocuteur avait dit "Votre Altesse".
Les battements de son cœur confirmèrent ses craintes en redoublant d'intensité.
Quelqu'un bougea tout près d'elle et elle leva les yeux.
Son regard rencontra le sien, s'y accrocha. Son souffle devint brusquement erratique.

-Toi, souffla-t-elle. Mais qu'est-ce que...

-Tayla, coupa-t-il durement. Ne dis pas un mot de plus. C'est plutôt moi qui devrait poser des questions.

Tayla fronça les sourcils. Elle ne réussit qu'à amplifier la douleur de son ventre en essayant de se redresser sur son séant.

-Que veux-tu dire par là ? Réussit-elle à dire dans un souffle.

-Je déteste qu'on me traite comme un imbécile, répondit-il d'une voix glaciale.

Elle frissonna. Dire que cinq ans plus tôt, elle avait passé une nuit incroyable avec cet homme. Cet homme qui l'avait initiée aux plaisirs de l'acte sexuel.
Dire que ce même homme lui avait sussurré des mots capable de faire fondre une armoire à glace.
Était-ce vraiment ce même homme qui venait de parler?
Tayla ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit.
Cinq ans plus tôt, cet homme l'avait regardée avec un désir incandescent dans les yeux; en cet instant, elle ne voyait que du mépris dans ce regard.

-Amir, pourquoi... T...Tant d'hostilité à...mon égard ? Balbutia-t-elle?

-Je vais te rappeler une chose: Je déteste qu'on me mente. Alors, arrête tes simagrées.

-Amir...

-Qu'est-ce que tu croyais? La coupa-t-il. Que je ne le saurais jamais. Je suis un roi, tu l'as oublié ?

-De quoi ... Tu ...parles?

Il la foudroya du regard. Lentement, il posa ses deux mains sur le lit et approcha son visage du sien. La respiration de Tayla s'accéléra et elle baissa les yeux sous l'intensité de son regard.

-Tu as jugé qu'il vaudrait mieux que je ne sache pas que j'avais un héritier, dit-il enfin.

Sous le choc, Tayla releva vivement la tête. C'était impossible. Après toutes ces années, ses efforts avaient échoué. Elle déglutit péniblement.

-Tu aurais réagi comme moi, Amir. Je n'avais pas le choix.

-Ah oui? Dit-il en plissant les yeux. Je me demande quel autre mensonge tu vas inventer.

Une vague de colère la submergea.

-Je ne suis pas une menteuse, cria-t-elle. Tu...

Elle se tut et se tint le ventre, gagnée par une douleur abdominale insupportable.

-J'aimerais que tu me rappelles au moins une vérité que je sais à propos de toi. Tu m'as dit que tu t'appelles Tavia, que tu vis à New York, que tu es infirmière, et j'en passe. Et comme par magie, aucune de ces informations n'est vraie, ajouta-t-il avec un sourire sarcastique. Tu as tout gâché par ta fuite, et le pire, c'est que notre nuit a porté ses fruits et que...

-Amir, si je te l'avais dit tu me prendrais mon enfant.

-Parce que selon toi, maintenant que je l'ai découvert, je vais faire comme si de rien n'était et partir en le laissant avec toi? Trancha-t-il durement.

Elle hoqueta devant tant d'agressivité et de froideur.
Son enfant.
Amir menaçait de lui enlever son enfant.

-Tu ne peux pas faire ça.

Il se redressa lentement et se dirigea vers la fenêtre.

-J'aimerais bien voir celui qui m'en empêchera, répliqua-t-il calmement.

La cruauté était présente. Il ne pouvait pas lui enlever son enfant. Une larme roula sur sa joue.

-Amir pourquoi fais-tu ça ? Dit-elle, sentant la fatigue la gagner.

Il se retourna si vivement qu'elle sursauta. Le regard dur, il se dirigea vers le lit.

-C'est mon fils, Tayla.

-Tu ne l'as pas fait tout seul.

-Toi non plus, rétorqua-t-il. Mais ça ne t'a pas empêchée de me cacher la vérité. Je pars avec Khalid, que tu le veuilles ou non.

Vivement elle serra les lèvres, empêchant ses larmes de couler. Il ne fallait pas qu'elle pleure devant lui.

- Espèce de mufle, tu n'es qu'un monstre, dit-elle. Un homme sans cœur et je souhaite que tu crèves en enfer.

Il encaissa ses mots sans réagir puis se dirigea vers la porte.

-C'est mieux que j'appelle le docteur.

-Pourquoi Amir? Cria-t-elle.

-Pourquoi quoi?

-Tu ne t'intéresses pas à Khalid parce que c'est ton fils mais uniquement parce qu'il peut devenir roi après toi,dit-elle d'une voix enrouée. Yasmina est ton enfant aussi. Pourquoi tu la mets de côté ? Parce qu'elle est une fille?

Elle voulait juste lui faire la morale, essayer de lui faire revenir sur sa décision. Mais contre toute attente, il s'arrêta net.

Lentement, Amir se retourna.
Avait-il bien entendu?
Il regarda la jeune femme vulnérable qui se trouvait sur le lit.

-Qui est Yasmina? Demanda-t-il.

Elle eut un petit rire ironique mais la seconde d'après, elle se tenait le ventre. Amir sentit son cœur se serrer.
Dire qu'il avait cherché cette femme pendant des mois. Dire qu'il ne rêvait que de cette unique nuit où il l'avait tenue dans ses bras cinq ans plus tôt.
Un crétin, voilà ce qu'il était pensa-t-il.
Cette femme était malade, par sa faute. Et au lieu de la ménager il la traitait sans pitié.
Se passant une main dans les cheveux, il se dirigea vers le lit.

-Yasmina est ton enfant, répéta Tayla. Khalid est son jumeau.

Son cerveau prit une minute pour analyser et comprendre l'information. Il avait deux enfants.
Deux enfants de quatre ans. Et il ne l'apprenait que maintenant. Il pensa à ce moment où il avait vu son fils. Son portrait craché. Une émotion indescriptible s'était emparé de lui. Comme s'il flottait.
Il fixa la jeune femme qui l'implorait du regard. Le moyen de l'avoir, il l'avait trouvé. Il savait comment l'avoir à nouveau dans son lit. Ensuite, ce désir constant qu'il avait d'elle ne serait plus qu'un souvenir.

-Je ne changerai pas d'avis, dit-il.

-Amir, je ferai tout ce que tu veux, reprit la jeune femme. Mais ne me sépare pas de mon enfant.

-Je pense que tu devrais dire <<de "tes" enfants>>, dit-il en s'asseyant sur le lit. Tu pourras vivre avec eux, à condition que tu m'épouses et viennes vivre avec moi...

Il se tut en voyant le visage de la jeune femme se décomposer.

-Quoi? Souffla-t-elle tandis que les larmes inondaient ses joues.

Scandale au RoyaumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant