15. Premier contact

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Je me dépêche le plus vite possible, je cours à en perdre haleine. Je martèle le sol de mes pattes, me propulsant du mieux que je peux vers l'avant. Je veux être auprès d'elle, j'en ai besoin.

Après quelques minutes de course effrénée, j'arrive dans la forêt qui longe son jardin, je reste dans l'ombre que m'offrent les frondaisons, je l'entends grâce à mon ouïe lupine, elle marche dans sa maison, d'un pas légers, on dirait presque qu'elle sautille, j'entends le chuintement de la baie vitrée quant elle l'ouvre. Elle a son sac à la main et un gros plaid sur les épaules.

Même inconsciemment, elle aussi souhaite être près de moi. Je m'assoie sur mon postérieur pour la regarder. Assis je reste immobile, seule ma queue touffue s'agite dans l'air. Beth enlève ses chaussures et étales ses affaires sur la table. Elle allume son téléphone et met de la musique rythmée.
Sa petite tête affiche un air déterminé et concentré. Mais ça jure avec sa façon de bouger la tête en rythme et souvent j'entends sa douce voix chanter. Ce son est magnifique, elle a l'air heureux.
Pendant presque 3h je la regarde, subjuguée par son corps qui se trémousse sur la musique, par sa bouche qui bouge quand elle chante, ses yeux verrons qui se ferment comme si elle rêvait. Ses lèvres qui s'étirent dans des sourires.
Combien j'aimerais être avec Beth, la prendre dans mes bars, la serrée sur mon torse, passer mes mains de sa taille à ses hanches. Sentir ses lèvres sur les miennes.

Ses mimiques sont si attachante que je ris, mais elle l'entend. Sa tête pivote vers l'endroit où je me trouve, elle cherche quelque chose sans me voir.

Pieds nus, elle traverse la pelouse de son jardin, jusqu'à à être a seulement quelques mètres de moi.
Je ne contrôle plus Zapel à cette distance, l'attraction est trop forte, il s'approche d'elle en faisant craquer une autre branche.

Beth nous regarde dans les yeux, les siens sont grands ouverts, de peur j'imagine. Au début elle n'a pas l'air de comprendre, puis elle commence à pleurer. Pourquoi ? Zapel est triste de la voir mal, il veut la réconforter il s'avance encore plus, jusqu'à être à découvert. Elle n'est maintenant qu'à deux mètres de nous, Beth parait si petite et frêle a ce moment là.

J'entends en même temps son cœur, s'accélérer, sa respiration est plus rapide aussi.
On s'avance vers elle, elle ferme les yeux, force très fort sur ses paupières et murmure entre deux sanglots :
-maman... papa.... je vous aime.... Sam...
Quand elle prononce mon nom, je reprends le contrôle sur mon corps de loup.
Elle semble attendre quelque chose, toujours les yeux clos, ses points serrés, elle tremble légèrement et des larmes coulent en silence sur ses joues.
Je fais la seule chose qui me passe par la tête à ce moment là, je baisse ma tête à son niveau et frotte mon museau sur sa joue.
C'est doux, c'est plus intense que je ne l'imaginais, c'est frais aussi. Je sens sa peau soyeuse sur mon museau.

D'un coup elle ouvre grand les yeux, j'y lis de la surprise, avec de la peur un peu. Elle me regarde de bas en haut, sûrement impressionnée par ma taille.

On ne se touche plus maintenant et ça me manque déjà. Beth se relève précipitamment toujours apeurée. Les yeux toujours plantés dans ceux de mon loups.
Beth semble chercher mon âme, j'ai l'impression qu'elle y trouve mon vrai moi, qu'elle sait qui je suis, que je suis Sam dans ce corps de loup.

Alors que Beth semble être sur le point de partir en courant loin de moi, j'essaye de la rassurer. Pour la première fois dans ce corps je ne veux pas faire peur bien au contraire. Je tente de faire un sourire ? Je penche la gueule sur le côté et étire mes babines le plus possible. Je cache mes crocs comme je peux.

Je me relève moi aussi sur mes pattes, et attends qu'elle fasse le premier pas. Je lui envoie le plus de confiance que je peux au travers du lien étrange qui nous unis et ça ne tarde pas à fonctionner. Elle se déplace lentement autour de moi, comme pour ne pas m'effrayer mais Zapel et moi on est juste heureux qu'elle nous rencontre enfin.

Au bout d'un petit moment elle revient face à nous, Beth à l'air impressionnée mais plus effrayée.
J'essaye de savoir ce qu'elle pense mais je n'arrive pas à savoir. Voulant la toucher encore une fois, et la voyant moins effrayée, je fais un pas vers elle, malheureusement elle recule et s'éloigne de moi. C'est trop soudain, je m'arrête. J'attends un petit peu puis je re-tente un pas vers elle. Miracle cette fois ci elle ne bouge pas. A ma grande surprise elle lève même une main, vers moi, toute tremblante certes mais c'est un début. Je ferme les yeux, dans l'attente de son toucher, qui ne tarde pas. Beth pose délicatement sa paume sur ma tête, elle la remonte doucement entre mes oreilles et commence à gratter. C'est tellement agréable, j'en ronronnerais presque. Ça doit faire 10min qu'elle me fait des poupouilles et je voudrais que ça ne cesse jamais.
Malheureusement elle retire sa main, je réouvre les yeux pour voir se qu'elle fait, mais elle s'assoit juste par terre alors je fais de même. Je m'allonge près d'elle et tends ma tête vers elle, posant même ma tête sur ses cuisses.
Je ressens sa fraîcheur dans mon cou, des frissons de plaisir me traversent. J'attends qu'elle reprenne sa douce torture.
-oula t'es pas léger toi.

J'enlève ma tête pour ne plus peser sur elle, j'oublie que je suis plus gros quand humain, je dois lui faire mal.
-Non, non reste

Je ne me fais pas prier et me repose sur elle, en veillant à ne pas peser de tout mon poids.
Elle reprends ses va et viens sur ma fourrure, je ressens à travers le lien qu'elle se détends et moi je m'endors presque tellement je suis bien. Beth respire doucement, ses caresses se font plus lentes. S'endormirait-Elle ?

J'aimerais que ce moment ne finisse pas, elle semble vraiment clame maintenant, et moi je me sens entier pour la première fois de ma vie.
-je me demande comment j'ai fais pour croire que c'était toi ces attaques! Tu es tellement calme, gentils.
Quoi elle est au courant que c'est un loup qui tue ? Mais oui, suis-je bête! Les infos humaines ne parlent que de ça. J'allais continuais de me prélasser quand je crois entendre quelque chose. Je cherche d'où vient le bruit, j'utilise mes oreilles, les ouvrent en grand. Une clef qui tourne dans une serrure, deux voix, une femme, un homme, des pas. Ce sont ses parents, les chasseurs. Il ne faut pas qu'ils me voient. Je me lève précipitamment, déçu de devoir partir et vais dans la forêt, là où ils ne peuvent me voir. J'entends Beth qui se plaint :
-mais qu'est-ce qui a ?

"Je ne peux pas te le dire, je t'aime" murmurais-je par la pensée.
Un jour si elle m'accepte elle m'entendra mais pas tout de suite.

A contre cœur je repars vers ma maison. J'apprécie l'environnement, les petits bruits de la forêt, ceux des petites bête qui se cachent à mon approche, le sol rêche et humide sous mes pattes, le vent dans mes poils. Sur le chemin du retour je croise le fumet si déplaisant d'Alastor. J'arrête de me préoccupé de se qui m'entoure et me concentre sur cette horrible odeur. Je la suis et me rends proche de la frontière.

Il est là devant moi, la tête ensanglantée d'un humain dans la gueule. Le corps sans vie gît plus loin, dans un bain de sang. La vue de se spectacle extraordinaire me retourne les entrailles. La loup d'Alastor lâche son butin.

-Demain ce sera elle! Puis il s'en va en galopant loin de son crime.

La forêt garde ses secrets Où les histoires vivent. Découvrez maintenant